![Les pharmaciens sont en grève dans l'ensemble de l'Hexagone ce jeudi 30 mai.](https://static.latribune.fr/full_width/2381665/les-pharmaciens-sont-en-greve-ce-jeudi-30-mai-2024.jpg)
Cela fait 10 ans qu'ils ne s'étaient pas mobilisés aussi massivement. L'écrasante majorité des pharmaciens ont choisi de faire grève ce jeudi en laissant la porte fermée de leur officine. Par ce mouvement d'ampleur, les professionnels de santé souhaitent alerter sur les pénuries de médicaments, les fermetures d'officines, ou encore un possible assouplissement de la vente de médicaments en ligne. Et réclamer une hausse des rémunérations.
Les syndicats prévoient que quelques 90% des pharmacies baisseront le rideau, voire 100% dans plusieurs villes en province, comme Ajaccio, Nice, Avignon, Mâcon ou Roanne. Et la grève doit rassembler tous les représentants de la profession : syndicats, groupements de pharmaciens et étudiants.
Des manifestations dans tout l'Hexagone
Des manifestations sont prévues « un peu partout en province, notamment dans les villes universitaires » avec des « points de ralliement devant la préfecture, l'Agence régionale de santé (ARS) ou la CPAM », indique Jérôme Koenig, directeur général de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo).
Des bus seront affrétés de Rouen pour rejoindre une manifestation à Paris, point d'orgue de la mobilisation avec un cortège qui partira à 15h30 de la faculté de pharmacie pour rejoindre le ministère de l'Economie. Jérôme Koenig souligne « une volonté de marquer le coup, comme en 2014 », date de la précédente grande mobilisation des apothicaires.
Dans de nombreux lieux, seules resteront ouvertes les officines réquisitionnées par la préfecture pour assurer la permanence pharmaceutique obligatoire. Beaucoup de pharmacies ont prévenu leur clientèle par mail, écrans ou affiches collées dans les vitrines.
Inquiétudes économiques
Selon la profession, la France a perdu près de 2.000 officines en dix ans (pour 20.000 officines sur le territoire actuellement).
« L'inquiétude principale, c'est la disparition des pharmacies », fragilisées économiquement à la campagne et parfois en ville, indique à l'AFP Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Dans ce contexte morose, les syndicats réclament une revalorisation de leur rémunération dès 2025, faisant valoir l'inflation qui pèse sur les charges. Les dernières propositions de l'Assurance maladie dans le cadre des négociations conventionnelles entamées fin 2023 sont toujours jugées « insuffisantes ». Les représentants sont cependant convoqués mercredi 5 juin pour une « réunion conclusive » avec l'Assurance maladie, selon Philippe Besset.
Contre l'assouplissement de la vente en ligne
Outre l'aspect financier, les pharmaciens veulent mettre l'accent sur les pénuries de médicaments et la réforme du troisième cycle des études de pharmacie qui tarde à aboutir. Comme en 2014, les représentants de cette profession s'inquiètent aussi d'une possible volonté de simplifier la vente en ligne de médicaments sans ordonnance.
« Tous les éléments sont là pour tuer le réseau » constitué de quelque 20.000 officines - qui emploient 130.000 personnes au total, résume Pierre-Olivier Variot, président de l'Uspo.
« Il faut raison garder », a répondu, via l'AFP, le député Renaissance Marc Ferracci. Il y a bien « une réflexion pour savoir s'il est pertinent ou non d'assouplir » les règles de vente en ligne des médicaments sans ordonnance, confirme-t-il, mais sans « remettre en question le principe du monopole » par les officines.
Plusieurs syndicats de pharmaciens refusent catégoriquement « les stocks déportés » à un endroit autre que l'officine, et craignent de voir Amazon débarquer un jour sur ce terrain.
« Il ne s'agit pas d'ouvrir quoi que ce soit à la grande distribution ni de mettre des médicaments sur Amazon. Cela n'a aucun sens », assure Marc Ferracci, qui veut mettre fin aux « spéculations » qui ont animé la presse spécialisée ces dernières semaines.
(Avec AFP)
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