Attaqué sur sa gestion « opaque », Eurofins récuse des « accusations sans fondement »

Les laboratoires d’analyses Eurofins doivent faire face, depuis lundi, à des accusations de malversations contenues dans un rapport rédigé par un fonds spéculatif américain, Muddy Waters. L’entreprise, fondée en France en 1987, a d’ores et déjà annoncé qu’elle « fournira en temps voulu des réfutations détaillées et des faits concernant la longue liste d'allégations insidieuses contenues dans le rapport ».
Le géant des laboratoires d'analyses, Eurofins, est soupçonné de malversations par un fonds spéculatif américain, Muddy Waters.
Le géant des laboratoires d'analyses, Eurofins, est soupçonné de malversations par un fonds spéculatif américain, Muddy Waters. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Une première réponse ferme. L'entreprise d'analyse de produits pharmaceutiques, alimentaires, et de matériaux, Eurofins Scientific, a démenti, ce mardi, les allégations de malversations lancées la veille par le fonds spéculatif, Muddy Waters, qui ont fait plonger son cours en Bourse.

« L'ensemble des allégations et insinuations qui sont contenues » dans le rapport « est soit inexact, soit non pertinent, soit partial et/ou trompeur », affirme Eurofins dans un communiqué.

Le géant des laboratoires d'analyses regrette que le fonds américain, qui a dénoncé la veille dans un rapport de 36 pages « l'opacité » de ses comptes, n'ait « jamais directement engagé un dialogue » avant sa publication. Muddy Waters y écrit que « la confusion » et « les contradictions inhérentes à ses finances et à ses activités » rendent l'entreprise « propice à des malversations ».

« Au fur et à mesure qu'Eurofins s'agrandit, elle procède à des acquisitions plus petites (...). La grande majorité des acquisitions n'atteignent pas le seuil de divulgation, ce qui maintient l'opacité de la plupart des dépenses », ajoute le fonds vendeur à découvert.

Une chute en Bourse

Ces interrogations ont fait chuter le titre jusqu'à près de 25%, lundi en séance, faisant tomber l'action à son plus bas niveau depuis 2020, avant de clôturer en baisse de plus de 16%. Mardi, vers 12h15 (heure de Paris), l'action reprenait 4,30% à 46,12 euros. Pour rappel, le cours avait atteint un pic à plus de 120 euros au moment de l'intégration du groupe dans le CAC 40 en 2021, aidé par la crise sanitaire.

En réponse, Eurofins dit avoir « toute confiance dans l'intégrité de ses comptes, de sa performance opérationnelle, de ses contrôles internes et de sa gestion des risques ». Le groupe précise que « les montants de trésorerie sont systématiquement audités tant au niveau local que consolidé », et qu'il compte « travailler avec ses auditeurs » pour préparer « d'autres analyses ». Une conférence avec des analystes et investisseurs est, par ailleurs, prévue ce mardi après-midi.

Les analystes d'Oddo notent que l'entreprise, dans sa réponse, n'a pas « abordé spécifiquement les deux arguments les plus sérieux », à savoir « les transactions immobilières et la trésorerie avec la reclassification effectuée par Deloitte », le cabinet d'audit. Toutefois « un certain nombre de points soulevés dans le rapport manquent de pertinence », estiment-ils dans une note, pointant davantage « un risque réputationnel » qu'« opérationnel » pour Eurofins.

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Eurofins déjà sous le feu des critiques

Le fonds Muddy Waters « se base sur des éléments qui peuvent faire débat », mais il ne s'agit que « de faisceaux d'arguments et pas de preuves », abonde un autre expert du secteur de la santé et ancien analyste financier, s'exprimant sous couvert d'anonymat. « Certains sujets mis en avant par Muddy Waters ont déjà fait l'objet de critiques de la part de certains analystes », indique cet expert à l'AFP. En 2019, Eurofins avait aussi été critiqué par un autre vendeur à découvert, ShadowFall.

Depuis 20 ans, le spécialiste des tests d'analyses biologiques, alimentaires, environnementaux et pharmaceutiques a multiplié les rachats de sociétés de plus petite taille. « La suspicion vient du fait qu'ils ont tendance à maintenir séparées un grand nombre de ces entités, ce qui crée une forme de complexité dans laquelle il est difficile d'y voir clair », explique l'ancien analyste financier interrogé par l'AFP.

Une contre-attaque en justice ?

Difficile aussi de prévoir la suite, maintenant que les hostilités sont lancées. Cotée au sein de l'indice CAC 40 depuis 2021, la société annonce qu'elle « fournira en temps voulu des réfutations détaillées et des faits concernant la longue liste d'allégations insidieuses contenues dans le rapport ». Le patron d'Eurofins, Gilles Martin, a jugé dans le communiqué « profondément diffamatoire » de voir « ces accusations sans fondement portées » contre son groupe.

« ll ne serait pas surprenant qu'Eurofins, en plus de rejeter toutes les allégations, décide de les attaquer en justice », pour défendre ses intérêts, mais aussi son image, estime l'ancien analyste financier.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 26/06/2024 à 8:35
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Coupables mais pas responsables, le néolibéralisme n'est qu'un nihilisme.

à écrit le 25/06/2024 à 18:42
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C est pas la 2 ère fois si une boîte us tente une destabilisation …il est grand remps que les européens s affranchissent des ricains, des Chinois, des russes etc ….

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