Pour contrer le déclin démographique, la Bourgogne-Franche-Comté met les bouchées doubles

C’est la première région française à engager une opération de séduction d'ampleur pour faire venir des habitants sur son territoire. Objectif affiché, 2.000 nouvelles familles installées d’ici 2026.
Plateau des Mille Etangs (Haute-Saône) @Ludovic_CAILLOT_Intuive__BFC_Tourisme
Plateau des Mille Etangs (Haute-Saône) @Ludovic_CAILLOT_Intuive__BFC_Tourisme (Crédits : Ludovic_CAILLOT_Intuive__BFC_Tourisme)

Selon une étude de l'Insee parue en décembre 2022, d'ici 2070, la population augmenterait moins vite ou continuerait de diminuer dans toutes les régions de France métropolitaine. Sur toute la période de la projection entre 2018 et 2070, la population diminuerait sensiblement en Normandie, Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est avec un recul qui approcherait 0,30% par an en moyenne.

« Nous devons aller chercher les nouvelles familles à l'extérieur de la région, puisqu'à priori, ce n'est pas la progression des naissances qui entravera ce phénomène », anticipe Patrick Ayache, vice-président en charge des ressources humaines, du tourisme, de l'attractivité de la région, de la promotion des terroirs.

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Face à ce déclin démographique, la Bourgogne-Franche-Comté a décidé de se mobiliser en rassemblant 29 territoires de tous les bords politiques. L'ambition ? Engager des actions en faveur de son attractivité. Habituellement, ce sont plutôt les communes ou les départements qui organisent des événements sur cette thématique. C'est donc une première en France à cette échelle régionale et destinée aux familles.

15 millions de personnes touchées sur les réseaux

EPCI, communautés de communes, petits territoires, communautés urbaines ou métropoles se sont donc mis autour de la table pour élaborer une stratégie offensive. « Nous avons bâti une machine de guerre pour aller chercher de nouveaux habitants, en nous partageant les rôles », explique Patrick Ayache. La région a voté l'an dernier des crédits importants - 1,5 million d'euros - pour prendre à sa charge le marketing, la recherche de nouveaux habitants, la communication, le traitement de ces prospects.

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Il appartient ensuite à chaque territoire d'engager la somme qu'il souhaite en fonction de sa taille et de prendre en charge l'accueil, soit l'embauche d'un agent d'accueil chargé d'accompagner les candidats dans toutes leurs démarches.

« Pour l'instant, nous sommes en train de constituer toutes les bases de la communication sur tous les territoires, afin que chaque territoire s'identifie. Un site web est en cours de construction et des campagnes de communication vont être lancées dès le mois de septembre », confie Patrick Ayache.

L'objectif est ambitieux : toucher 15 millions de personnes sur deux ans via les réseaux sociaux. Toutefois, l'élu insiste : il ne s'agit pas que d'une campagne de communication avec de jolis paysages placardés sur les murs, mais d'un dispositif concret qui vise à faire venir de nouveaux habitants. « Nous ne les lâcherons pas tant qu'ils ne seront pas installés ! »

Construire un écosystème d'accueil

Pour développer son programme, la région fait appel à Laou, une agence spécialisée dans l'attractivité résidentielle, située à Limoges. « Notre travail est de faire venir des nouveaux habitants, de faire déménager des urbains dans des territoires ruraux, des petites et moyennes villes », explique Aurore Thibaud, présidente et co-fondatrice de Laou.

« Pour cela, notre première action est de construire un écosystème d'accueil pour les nouveaux habitants, de faire en sorte que les gens soient bien accompagnés dans leur mobilité géographique », poursuit-elle.

Autrement dit : trouver un travail pour le couple, aider à la recherche d'un logement, à trouver la bonne école et les associations pour les enfants, aider à la découverte du territoire, etc. « Par exemple, pour mieux découvrir le territoire, organiser des séjours immersifs », précise Aurore Thibaud. C'est la mission du chargé d'accueil qui dépend de chaque territoire. L'entreprise Laou accompagne sur le recrutement de « ses maillons essentiels de la chaîne ».

L'agence doit aussi œuvrer en amont pour aller chercher des candidats. Un travail qui se fait via les réseaux sociaux. « Nous allons créer une page, car il ne s'agit pas seulement de récupérer des adresses mails, notre travail est de qualifier ce flux et de transformer ces 15 millions de personnes touchées en 2.000 nouveaux foyers installés d'ici deux ans », souligne Aurore Thibaud.

Selon l'étude d'impact menée par l'agence Laou, « l'installation de 50 nouveaux foyers génère à elle seule 1,6 million d'euros par an de pouvoir d'achat dépensé sur le territoire et la création de 8 emplois supplémentaires. » De quoi relancer une dynamique économique.

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Commentaires 3
à écrit le 19/06/2024 à 12:30
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Il faut peut-être envisager une Europe et une France moins peuplée et voir tout ce que cela implique pour pouvoir régler les problèmes qui ne manqueront pas d’apparaître…….

à écrit le 19/06/2024 à 10:53
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C'est l'espoir qui donne envie de faire des enfants et non l'espoir artificiel subventionné par untel pour l'intérêt d'untel, or notre système est véritable cauchemar, la dystopie néolibérale. Snas prendre du recul ces politiques natalistes à marche ...

le 19/06/2024 à 11:41
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Le désir d'enfant, en France, est de 2,39 par femme. Or la natalité est tombée à 1,69 enfant par femme ( et ça continue de chuter en 2024). Quand on n'a pas les moyens financiers d'ajouter 1 pièce à son logement, on renonce à faire cet enfant supplém...

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