Immobilier : PwC est poursuivi en justice par les liquidateurs d'Evergrande à Hong Kong

Les liquidateurs de la société chinoise ont intenté une action en justice contre PwC à Hong Kong. Le cabinet de conseil est pointé du doigt pour son rôle dans l'audit du géant de l'immobilier criblé de dettes, selon Bloomberg News.
Les liquidateurs de la société chinoise Evergrande ont intenté une action en justice contre PwC à Hong Kong.
Les liquidateurs de la société chinoise Evergrande ont intenté une action en justice contre PwC à Hong Kong. (Crédits : ALY SONG)

Le feuilleton autour des déboires d'Evergrande se poursuit. Les liquidateurs de la société chinoise ont intenté une action en justice contre PwC à Hong Kong pour son rôle dans l'audit du géant de l'immobilier criblé de dettes, selon des informations de Bloomberg News ce mercredi.

Cette action s'inscrit dans le cadre des efforts déployés pour récupérer les investissements des créanciers après qu'un tribunal de Hong Kong a ordonné en janvier la liquidation d'Evergrande, l'ex-numéro un de l'immobilier en Chine.

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« Négligence » et « fausses déclarations »

PwC a été l'auditeur d'Evergrande pendant plus de dix ans avant de démissionner en 2023 après des désaccords sur l'audit des comptes de l'entreprise pour 2021.

Dans le détail, PwC et PricewaterhouseCoopers Zhong Tian LLP - la branche du cabinet d'audit en Chine continentale - ont été cités dans une plainte déposée en mars, a rapporté Bloomberg sur la base de documents judiciaires. Les poursuites visent la « négligence » et les « fausses déclarations » de PwC dans ses rapports sur les états financiers d'Evergrande pour 2017 et le premier semestre de 2018, selon Bloomberg. PwC et Evergrande se sont refusés à commenter l'information.

Evergrande a déclaré en début de semaine que ses liquidateurs cherchaient à récupérer environ 6 milliards de dollars de dividendes et de rémunérations auprès de sept personnes ou entités, dont son fondateur Xu Jiayin, son « épouse ou ex-épouse », Ding Yumei, l'ancien directeur général Xia Haijun et l'ancien directeur financier Pan Darong.  Les actions en justice contre Xu et d'autres personnes ont été menées en mars et rendues publiques récemment à la suite d'une décision de justice.

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Partiellement blanchi en juillet

L'ouverture d'une enquête était survenue après la divulgation d'une lettre anonyme, condamnée par PwC qui fustigeait déjà des « déclarations inexactes et de fausses allégations ». Néanmoins, les autorités de régulation de Hong Kong ont affirmé, le mois dernier, qu'elles avaient partiellement blanchi PwC des soupçons de manquements dans son audit.

Mercredi 10 juillet, le Conseil de la comptabilité a ainsi déclaré que trois allégations concernant les systèmes de gestion de la qualité de PwC n'étaient pas étayées par un « examen rigoureux de l'enquête interne menée par PricewaterhouseCoopers ». Elles faisaient part d'une inefficacité du contrôle de la qualité de l'audit et de la conformité, d'irrégularités dans le maintien de la relation client avec Evergrande et de nominations inappropriées de personnes clé.

Plus de 300 milliards de dettes

Basé à Foshan, dans le sud de la Chine, Evergrande a été le plus grand promoteur immobilier de Chine. Mais il a connu un défaut de paiement en 2021 et a accumulé les dettes jusqu'à afficher un passif de plus de 300 milliards de dollars. L'entreprise est ainsi devenue emblématique de la crise immobilière qui sévit depuis des années dans la deuxième économie mondiale. Compte tenu de son endettement, il n'est pas clair dans l'immédiat comment Evergrande paiera ses amendes. La négociation des actions d'Evergrande à Hong Kong est suspendue depuis janvier.

Le mois dernier, le groupe a même été accusé par les autorités chinoises d'avoir gonflé son chiffre d'affaires de 78 milliards de dollars et a écopé d'une amende de 4,2 milliards de yuans, soit 532 millions d'euros.

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Crise de l'immobilier en Chine

Les déboires d'Evergrande ont entraîné en Chine une crise de confiance qui a rattrapé des groupes jusque-là réputés solides financièrement, à l'image de Country Garden, un des concurrents d'Evergrande. L'immobilier a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d'emplois. Mais ce secteur clé est désormais sous pression, avec des prix en chute qui dissuadent les Chinois d'investir dans la pierre et d'un durcissement par Pékin des conditions d'accès au crédit pour les promoteurs immobiliers, afin de réduire leur endettement.

Les mesures de soutien de Pékin au secteur n'ont eu pour le moment que peu d'effets. En mai, la Chine a néanmoins réduit l'apport minimum pour les primo-accédants et proposé le rachat de logements inoccupés par les collectivités locales. Avec des résultats mitigés. À travers le pays, des quartiers entiers de logements non terminés sont désormais à l'abandon, suscitant la colère des acheteurs qui bien souvent doivent payer à l'avance leur appartement ou maison.

(Avec AFP)

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