Stellantis : la délicate opération séduction auprès des investisseurs

Stellantis devrait éclaircir sa stratégie lors de sa première journée investisseurs aux Etats-Unis. L'occasion également de rassurer au moment de l'affaire des airbags défectueux.
Carlos Tavares, directeur général de Stellantis
Carlos Tavares, directeur général de Stellantis (Crédits : Massimo Pinca)

[Mis à jour le 13 juin à 16h34]

Comment garder le cap ? C'est une question à laquelle devra très certainement répondre Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, lors de sa première journée dédiée aux investisseurs ce jeudi. Le groupe essuie de nombreux plâtres depuis le début de l'année. Vendredi dernier, Catherine Bieth, cheffe du service de surveillance des marchés des véhicules et des moteurs indiquait dans Le Parisien que près de 8 millions de véhicules Stellantis allaient être rappelés. La raison ? Un défaut de conception dans les airbags de plusieurs modèles du groupe, qui peut entraîner des blessures mortelles en cas d'accident. Déjà quatre victimes sont à déplorer en France.

De l'autre côté de l'Atlantique, Chrysler, également marque de Stellantis, rappelle plus de 211.000 SUV et camionnettes en raison d'un dysfonctionnement du logiciel. Autant de crises sur lesquelles devra communiquer Stellantis, murer dans un silence ces derniers temps.

Lire aussiAirbags défectueux : Stellantis va rappeler plusieurs millions de voitures supplémentaires

Peu d'effets sur les investisseurs

« Stellantis avait déjà annoncé la couleur d'un point de vue comptable », affirme Arnaud Aymé, spécialiste des Transports chez Sia Partners. Et pour cause, le groupe avait provisionné près d'1 milliard d'euros pour régler ce préjudice dans son bilan de 2023. Aussi, plusieurs autres constructeurs européens sont concernés par ce rappel des véhicules et le focus sur le constructeur franco-italo-américain devrait se tasser, anticipe l'expert.

À moins que ce rappel ne prenne une ampleur inédite. En France, une action collective de plusieurs automobilistes non indemnisés est en cours, menée par Christophe Leguevaques via sa plateforme Myleo. Une affaire qui pourrait ternir l'image des marques... ou pas. Et c'est là que la communication de Stellantis a joué sa plus grosse carte. Le groupe a ainsi uniquement diffusé des propos au nom de la maison mère, passant sous silence les marques concernées par le rappel, pourtant bien plus connues du grand public.

Une stratégie importante, d'autant que les concessions automobiles pourraient être saturées des retours de voitures défectueuses, ce qui limite leurs actions commerciales et peut diminuer les ventes. Il est donc nécessaire pour Stellantis de limiter les remous, s'il ne veut pas que l'impact de ces airbags défectueux n'affecte son résultat opérationnel, principale source de préoccupation des investisseurs.

Quid de Leapmotor ?

Ces derniers auront aussi à cœur de rediscuter de l'ambition du groupe sur ses ventes, en particulier sur l'électrique. Les remous politiques suite aux élections européennes vont interroger, bien que Carlos Tavares ait insisté sur l'importance d'une ligne claire et fixe et ne compte pas revenir en arrière. Le dirigeant a confirmé son objectif des 100% de lancements européens en électrique d'ici 2030.

Il sera également question des barrières douanières que veut imposer l'Europe à l'importation de voitures électriques chinoises, une décision qui n'enchantait pas le dirigeant, craignant une bulle inflationniste sur le Vieux Continent. La Commission européenne prévoit en effet des hausses allant jusqu'à 48% sur les voitures électriques fabriquées dans l'Empire du milieu.

Lire aussiVoitures électriques : l'Europe menace d'augmenter fortement les droits de douane (+38%) sur les modèles chinois importés

Surtout, les barrières douanières aux importations concerneront les véhicules de Leapmotor, le fabricant chinois allié de Stellantis. Ce dernier devait ainsi commercialiser les voitures électriques chinoises à la rentrée prochaine, à des prix en dessous de ses concurrentes. Un revers qui pourrait impacter durement le constructeur dans ses résultats de fin d'année.

Cette journée, dédiée aux investisseurs, se déroulera aux Etats-Unis, principal marché de Stellantis où le groupe a perdu 15% de son chiffre d'affaires avec des ventes ralenties sur des modèles qui attendent une nouvelle version, comme le pick-up Ram 1500 ou la berline Dodge Charger. Globalement, Stellantis n'a pas brillé par ses résultats au premier trimestre, accusant une baisse de 12% de son chiffre d'affaires sur un an. C'est le deuxième trimestre consécutif de baisse pour le groupe aux quinze marques, après des années de résultats record depuis sa fondation en 2021 de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler. Des résultats décevants de la part du constructeur, qui doit par tous les moyens rassurer son auditoire ce jeudi.

A la clôture mercredi, le cours de Stellantis se montrait prudent, en légère hausse de 0,75%, à 20,22 euros l'action.

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Commentaires 4
à écrit le 13/06/2024 à 10:48
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Les possesseurs de cette marque en Coree commencent a jaser sur le SAV et les nombreux pb concernant l'obsolescence. Rappelons au passage l'excellente qualite des autos corennes. Allez expliquer a ces braves gens que stellantis c'est fragile, moche ...

à écrit le 13/06/2024 à 7:13
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Tavarès a mangé son pain blanc et rentre dans une période de turbulences. Son comportement méprisant tant à l'égard de la clientèle durant la COVID, ses différents avec les concessionnaires, sa stratégie déconcertante envers les véhicules électriques...

le 13/06/2024 à 9:33
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Vu le nombre d'années qu'il faut pour développer puis industrialiser un moteur, êtes-vous sûr qu'on puisse imputer les problèmes du moteur Puretech à Carlos Tavares ? Le moteur a été commercialisé à partir de 2012, et Tavares est arrivé en 2014. Et...

le 13/06/2024 à 9:36
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Non, il est très bon. C'est juste la situation économique générale qui est de plus en plus difficile. Trop de règlementation à tous les niveaux, une compétitivité en baisse, une concurrence internationale de plus en plus forte, etc ...

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