Hydrogène : Atawey veut acquérir les stations de recharge de McPhy pour « multiplier par quatre » ses capacités

ENTRETIEN - Le savoyard Atawey, producteur de stations de recharge d’hydrogène vert, fait preuve d'ambition. La startup industrielle est entrée en négociation exclusive avec McPhy, son concurrent grenoblois, pour l’acquisition de son activité de stations de recharge. La finalisation de l’opération devrait avoir lieu courant juillet. La Tribune a posé trois questions au président d'Atawey, Jean-Michel Amaré.
Jean-Michel Amaré - Président et Co-fondateur Atawey (c)Thomas Mazzolini
Jean-Michel Amaré - Président et Co-fondateur Atawey (c)Thomas Mazzolini (Crédits : Thomas Mazzolini)

La Tribune : Pourquoi envisagez-vous l'acquisition de la branche de station de recharge hydrogène de la gigafactory McPhy qui fabrique des électrolyseurs à Belfort ?

Jean-Michel Amaré : Nous souhaitons faire l'acquisition, courant juillet, de leur branche de station de recharge hydrogène car nous faisons le même métier. Cela nous permettrait d'obtenir des moyens supplémentaires pour sécuriser notre accélération et notre croissance. Cette branche de McPhy représente 43 personnes déjà formées sur les stations hydrogènes. Ce qui est un vrai plus car aujourd'hui, il n'existe pas encore de formation académique sur l'hydrogène. L'idée est de récupérer des équipes qui sont compétentes, formées, motivées sur ces sujets et qui travaillent exactement sur les mêmes typologies de produits que nous.

En plus de l'équipe compétente, acquérir l'usine nous permettrait de multiplier par quatre notre capacité industrielle et de sécuriser notre forte croissance en France, mais aussi à l'international.

Où se situe Atawey sur le marché de l'hydrogène en France ?

Jean-Michel Amaré : Atawey est une entreprise créée en 2012. Dès le départ, nous étions positionnés sur le métier de l'hydrogène. Depuis 2015, nous avons commencé à déployer les premières stations, dans un premier temps pour les véhicules légers et maintenant pour des véhicules lourds de tout types. Nous couvrons 40% de part de marché en France, ce qui fait de nous le leader en France sur le déploiement des stations de recharge à hydrogène vert. Nos concurrents sont McPhy, Hydrogen Refueling Solutions (HRS) et les gaziers tels qu'Air Liquide. Notre entreprise compte actuellement 100 salariés et nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 22 millions d'euros en 2023, sachant que ce dernier est multiplié par deux, voire trois chaque année.

Nous avons déjà installé une trentaine de stations. Globalement, si nous signons l'acquisition de McPhy, nous pourrions être, à la fin de l'année, à 70 stations qui seront déployées sur l'ensemble du territoire national, en incluant celles que nous allons installer courant 2024.

L'année dernière, nous avons décidé de partir à l'international, en ouvrant un premier bureau à Madrid, puis, cette année, un bureau aux Pays-Bas. Depuis l'Espagne, nous travaillons sur le marché de l'Europe du Sud avec le premier équipement déployé en Italie.

Les stations ne sont-elles pas installées trop en avance par rapport au déploiement des véhicules à hydrogène ?

Jean-Michel Amaré : Les stations sont montées progressivement en capacité. Au début, on était sur quelques dizaines de kilos par jour, là nous sommes plutôt entre une ou deux tonnes par jour. L'acquisition de McPhy viendrait justement compléter certains produits dans notre gamme qui part de 100 kilos jusqu'à 2 tonnes par jour.

Quant au déploiement des véhicules à hydrogène, il se fait en parallèle des infrastructures. Pour les véhicules légers, il y a quelques produits qui sont aujourd'hui matures et déployés, tels que les taxis. Il faut bien garder en tête que l'hydrogène est destiné à un usage intensif, en particulier pour les professionnels qui utilisent beaucoup leur véhicule.

Concernant les véhicules un peu plus lourds, il y a ceux utilisés dans les transports de personnes (bus, cars), les transports de marchandises, les engins de chantier, voire les bennes à ordures ménagères.

L'hydrogène est pertinent sur certains usages et pas sur d'autres. Il faut raisonner en fonction des usages et non en termes de kilomètres parcourus car ce ne sont pas les kilomètres qui sont importants, c'est l'énergie qu'il faut déployer pour effectuer ces kilomètres.

Les vrais déploiements de l'hydrogène ont démarré en 2020, c'était il y a juste 4 ans ! Il faut aussi accompagner et rester claire sur la montée en maturité des technologies.

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