Hydrogène vert : Dijon métropole inaugure sa première station de production et de distribution

A la veille d’accueillir l’édition 2024 des « Journées hydrogène dans les Territoires », Dijon métropole inaugurait ce lundi, sa première station de production et de distribution d’hydrogène vert. Après deux ans de retard, cette inauguration marque une étape importante dans la stratégie de décarbonation de Dijon métropole. Son objectif est d’atteindre une diminution de 40% de ses GES d’ici 2030.
Inauguration de la première station de production et de distribution d'hydrogène de Dijon métropole, en présence de Karine Merere, directrice générale de l'Ademe investissement, Dominique Darne, président d'IntHy, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC et François Rebsamen, président de Dijon métropole.
Inauguration de la première station de production et de distribution d'hydrogène de Dijon métropole, en présence de Karine Merere, directrice générale de l'Ademe investissement, Dominique Darne, président d'IntHy, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC et François Rebsamen, président de Dijon métropole. (Crédits : Amandine Ibled)

C'est au moment du renouvellement de sa flotte de bus et de bennes à ordures, dès 2018, que Dijon métropole s'est posée la question de l'hydrogène pour ses mobilités. Fortement impliquée dans une stratégie de décarbonation - Dijon métropole fait notamment partie de la mission européenne « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes d'ici 2030 - par et pour les citoyens » - elle a choisi de s'engager dans la filière hydrogène. « Nous visons un projet complet, de la production jusqu'à la consommation locale », souligne François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon métropole.

100 millions d'euros engagés

C'est ainsi qu'un programme de 100 millions d'euros voit le jour, dont 30% pour la construction des deux stations d'hydrogène et 70% pour le renouvellement des bennes et des bus à hydrogène. Les subventions totales sur le projet représentent plus de 24 millions d'euros, dont 12,6 millions d'euros pour la construction des deux stations, répartis comme suit : 11, 6 millions d'euros pour l'Ademe, 2,6 millions d'euros pour la région Bourgogne-Franche-Comté, 9 millions d'euros de l'Union Européenne.

La banque des territoires soutient également le projet sous la forme de prêts à hauteur de 7 millions d'euros pour les deux stations, et 5 millions d'euros de la banque européenne d'investissement pour l'acquisition des bus.

Trois bornes pour les poids lourds et une pour les voitures

« La capacité quotidienne de production d'hydrogène est de 430 kg, soit l'avitaillement d'une vingtaine de véhicules lourds par jour », précise Guillaume Haudebert, directeur des opérations d'Inthy, société qui a assuré la conception et la construction de la station. Cette dernière dispose de trois bornes de distribution avec une pression de sortie de 350 bars pour les poids lourds et d'une borne de distribution à 700 bars pour les véhicules légers. « Il faut moins de 20 minutes de temps de recharge en hydrogène vert pour les véhicules lourds pour une autonomie de 300 km et entre 3 et 5 minutes de temps de recharge en hydrogène vert pour les véhicules légers pour une autonomie de 500 à 650 km d'autonomie », poursuit-il. Au total, la station devrait permettre d'éviter 1.200 tonnes de rejets de CO2 par an.

L'installation a été réalisée et est exploitée à travers la co-entreprise Dijon métropole Smart EnergHy, détenue par Engie Solutions (40 %), Inthy (25 %), Dijon métropole (24 %) et Ademe Investissement (10%). Dijon métropole Smart EnergHy (DMSE) porte les investissements de l'infrastructure hydrogène, c'est-à-dire la station de production et de distribution, et se rémunère en fournissant de l'hydrogène vert aux véhicules.

Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC et François Rebsamen, président de Dijon métropole

Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC et François Rebsamen, président de Dijon métropole font le plein d'une benne à ordure ménagère roulant à l'hydrogène.

Une livraison de bus incertaine

Si la station est officiellement opérationnelle et permet déjà d'alimenter quatre bennes à ordures mises en service cette année, il semblerait que cela soit plus compliqué pour l'arrivée des bus. Alors que les 16 bus commandés devaient débarquer le mois dernier, le constructeur belge Van Hool, sélectionné par Dijon métropole, a entre-temps fait faillite. Plusieurs repreneurs potentiels sont en discussion. Parmi eux, le constructeur néerlandais d'autobus VDL et GRW, filiale du fabricant allemand de remorques Schmitz Cargobull. Toutefois, pas sûre que la commande de bus soit honorée par le futur repreneur...

Un changement de stratégie

Comme à Pau, qui a fait marche arrière sur sa flotte de bus à combustible pour s'orienter vers des bus électriques, l'opposition dénonce les coûts importants de la technologie hydrogène pour la collectivité. Alors qu'il était auparavant question de convertir à l'hydrogène l'intégralité des bus et bennes à ordures ménagères du territoire d'ici à 2030, soit respectivement 185 et 44 véhicules, la stratégie semble avoir été largement révisée. L'objectif de la métropole est passé de 50 à 60 bus et 22 bennes à ordures à horizon 2035.

François Rebsamen, maire de Dijon et Président de la Métropole, a évoqué « un nouveau mix associant bus électriques à batterie et bus à hydrogène ». Ce dernier a toutefois rappelé que pour charger un bus électrique, il faut aujourd'hui 4 heures contre 20 minutes pour un bus hydrogène et que son autonomie est de 300 km pour les véhicules lourds contre 180 km pour un bus électrique.

Vers une production locale en circuit-court ?

La station Dijon Nord de production et de distribution d'hydrogène est construite sur une parcelle d'environ 9000 m2, appartenant à Dijon métropole, et située en face de l'unité de valorisation énergétique (UVE) de Dijon qui traite les déchets ménagers de 92% de la population de la Côte-d'Or. « A termes, le projet prévoit la production locale d'hydrogène vert en circuit-court, alimentée en électricité verte issue de la combustion des déchets, grâce à cette UVE équipée d'une turbine qui fournit de la chaleur, de l'hydrogène et de l'électricité », espère François Rebsamen. Lors de la présentation du projet, il y a plusieurs mois, un tuyau devait relier les deux installations. Pour l'heure, aucune liaison matérielle n'a toutefois été construite. La priorité étant donnée à la station hydrogène. Dans cet intervalle, celle-ci est tout de même alimentée par de l'électricité verte avec « garanties d'origine » qui permettent la traçabilité de l'électricité verte utilisée par l'installation.

Prochaine étape d'ici 2026 : une deuxième station au sud de Dijon métropole, située à côté du site de maintenance de bus et de tramways.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.