Soulagement pour les salariés de l'usine MetEx d'Amiens, le groupe Avril a déposé une offre de reprise

Le géant de l'agroalimentaire précise que « 304 emplois sont concernés » par cette offre de reprise. Située à Amiens, cette usine est la seule à produire en Europe de la lysine, un acide aminé essentiel de l'aliment des animaux d'élevage. Le secteur est confronté notamment à une sévère concurrence chinoise.
Le Tribunal de Commerce de Paris doit encore statuer sur cette offre du groupe Avril.
Le Tribunal de Commerce de Paris doit encore statuer sur cette offre du groupe Avril. (Crédits : Avril group)

Soulagement pour les salariés de l'usine amiénoise du biochimiste Metabolic Explorer (MetEx). Le groupe agroalimentaire Avril a annoncé ce lundi le dépôt d'une « offre pour la reprise » du site, juste avant l'expiration du délai fixé par le tribunal de commerce de Paris. Le repreneur précise que « 304 emplois sont concernés » par cette offre.

« Cette offre associe, aux côtés d'Avril, le fonds d'investissement Sociétés de Projets industriels (SPI), géré par Bpifrance pour le compte de l'Etat » et a été construite « grâce au soutien de la région Hauts-de-France et d'Amiens Métropole », précise Avril dans un communiqué.

L'offre du géant français des huiles, déposée auprès des administrateurs judiciaires, vise « l'activité de l'usine d'Amiens », « des activités R&D indispensables à son exploitation (dont certaines situées à Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme) « ainsi que les activités commerciales localisées à Paris ».

« C'est une étape déterminante dans le sauvetage de l'entreprise », se félicite de son côté le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure. « Le travail continue pour lever l'ensemble des conditions suspensives d'ici l'audience devant le tribunal de commerce », conditions qu'Avril n'a pas détaillées.

Un nouveau projet industriel pour un site stratégique

Le groupe Avril, qui a réalisé en 2023 un chiffre d'affaires de 7,9 milliards d'euros, est présent dans 19 pays avec près de 7.500 collaborateurs. La société est connue pour ses marques d'huile Lesieur et Puget, mais est aussi présente dans les agrocarburants et l'alimentation des animaux d'élevage.

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Elle indique porter un projet industriel qui « répond pleinement à l'enjeu de décarbonation et de souveraineté française et européenne des filières de production animales ».

L'usine d'Amiens est le seul site à produire en Europe de la lysine, un acide aminé essentiel de l'aliment des animaux d'élevage. « L'incorporation de lysine dans l'alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol...) », souligne le groupe.

Le tribunal de commerce de Paris doit encore statuer

« Cette offre reste soumise à la réalisation d'un certain nombre de conditions sur lesquelles Avril va poursuivre son travail dans les prochaines semaines avec les autres parties prenantes », prévient, par ailleurs, le groupe sans donner plus de détail sur ses « conditions ». Avant de rappeler que ce sera au Tribunal de Commerce de Paris de statuer sur cette offre.

« Avril témoigne une nouvelle fois de son engagement en faveur des filières animales et végétales. Nous sommes confiants dans la qualité de notre offre et dans notre capacité collective, avec les autres acteurs engagés, à lever les conditions suspensives », a déclaré son directeur général, Jean-Philippe Puig, cité dans le communiqué.

« Les salariés commencent déjà à fêter ça, mais il faut rester sobre : il n'y a rien de gagné, mais on peut se réjouir de cette première étape », a réagi dans la foulée de cette annonce Samir Benyahya, représentant CFDT de Metex au micro de France Bleu Picardie. Il souligne aussi : « On va pouvoir conserver nos emplois à Amiens, mais on pense à nos collègues de Carling et de Clermont pour qui ce ne sera pas forcément le cas. »

Une usine confrontée au dumping chinois

Pour rappel, MetEx avait demandé le 16 mai son placement en redressement judiciaire. L'usine est confrontée depuis plusieurs mois à un environnement économique difficile, ses coûts de production ayant bondi en raison de l'envol des prix des matières premières, notamment le sucre qui représente 50% du coût de production de la lysine.

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Cette hausse du prix du sucre est liée à de mauvaises récoltes dans le monde, à cause notamment des sécheresses. Par voie de conséquence, le coût s'est répercuté sur les dernières négociations commerciales entre industriels et distributeurs.

Enfin, Metabolic Explorer a plusieurs fois dénoncé un « dumping » des producteurs chinois de lysine. Ces derniers vendent cet acide aminé beaucoup moins cher, ce qui crée une forte concurrence.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 04/06/2024 à 11:31
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Est-ce que si on fermait une usine de bombes chimiques faisant travailler mille personnes ce ne serait pas d'abord et avant tout vertueux ? Cette obsession de la préservation de l'emploi n'est qu'un prétexte, car s'ils se souciaient réellement de nos...

à écrit le 03/06/2024 à 16:56
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Des vaches qui paissent dans les prés y trouvent-elles de la lysine ou faut-il leur en fournir à côté en plus ? "Trop" d'élevage = manque d'autonomie pour alimenter les animaux (il faut tout acheter, l'herbe pousse toute seule, les bouses amendent le...

le 03/06/2024 à 19:49
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L'UE est la seule grande zone économique à ne pas mettre en place de barrières douanières , les usa, la chine, le japon ont des politiques protectionnistes alors qu'en Europe c'est open bar à tous les étages ...

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