Métallurgie : soulagement, la justice valide la reprise du site de Fos par Marcegaglia

L'offre de reprise du géant italien de la métallurgie prévoit de garder l'ensemble des salariés du site français. Le repreneur compte y investir 800 millions d'euros dans les prochaines années.
Mis en vente par Swiss Steel, Ascometal avait été placé en redressement judiciaire en mars dernier, pour la troisième fois en dix ans.
Mis en vente par Swiss Steel, Ascometal avait été placé en redressement judiciaire en mars dernier, pour la troisième fois en dix ans. (Crédits : Vincent Kessler)

Soulagement pour les quelque 330 salariés de l'usine Ascometal de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône). « Le plan de cession a été arrêté au profit de l'offre présentée par Marcegaglia », a indiqué à l'AFP le greffe de la chambre commerciale du tribunal de Strasbourg.

L'offre de reprise du groupe italien prévoit de garder l'ensemble des salariés du site. L'avenir des autres sites d'usinage sera, en revanche, étudié par la justice fin juin. Mis en vente par Swiss Steel, le groupe sidérurgique français de 1.200 salariés avait été placé en redressement judiciaire en mars, pour la troisième fois en dix ans

Les salariés soulagés

« Les salariés sont aujourd'hui soulagés (...) c'est un vrai projet industriel qui est en place », a rapidement réagi auprès de l'AFP Yagiz Ugur, délégué syndical central CFE-CGC, évoquant « la joie, le bonheur et le soulagement, l'apaisement » des employés de l'usine de Fos, Marcegaglia.

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Si tôt la décision connue, les représentants syndicaux présents à Strasbourg ont appelé les employés du site pour la leur annoncer. « On va partager les clés avec (Marcegaglia) pour (...) avoir un avenir le plus pérenne possible », a-t-il poursuivi. François Barges, délégué CGT, espère que ce projet arrivera « à terme et que ce soit une bonne chose pour les salariés » et « pour l'avenir » du site de Fos.

Le repreneur compte investir 800 millions d'euros

La société Marcegaglia a « la ferme intention d'investir 800 millions d'euros sur plusieurs années pour transformer l'usine » de Fos, « idéalement placée », avait indiqué à l'AFP une source proche du groupe italien. « Même dans la sidérurgie, avoir un tel investissement en France, il y a bien longtemps qu'on ne l'a pas vu », a commenté à ce propos le délégué syndical Yagiz Ugur.

Pour mémoire, des offres de reprise partielle avaient concerné l'ensemble des cinq sites du groupe, de manière morcelée. Ainsi, outre Marcegaglia, le fonds d'investissement britannique Greybull, le français Europlasma et de l'indien Hind Rectifiers s'étaient positionnés pour la reprise du site.

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Fin avril, les salariés du site de Fos-sur-Mer avaient même proposé leur propre projet de reprise. Ce projet, porté par la CGT nécessitait un financement à hauteur de 150 millions d'euros, qui devrait être apporté par l'État et la Banque publique d'investissement (BPI). Ce projet prévoyait une gouvernance partagée transitoire (jusqu'à une offre de reprise ferme d'un industriel), incluant des représentants des salariés ainsi que le préfet de région, le maire de Fos-sur-Mer et un député de la circonscription.

L'avenir de trois autres sites d'Ascometal encore en suspens

Ascometal dispose aussi de trois sites d'usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), à Saint-Etienne (dans le quartier du Marais) et Leffrinckoucke (Nord). Un centre de recherche sur les aciers spéciaux (Creas), comptant 25 emplois, est également implanté à Hagondange. Pour ces sites, la chambre commerciale a renvoyé à une nouvelle audience fixée au 28 juin. Les offres de reprise devront être déposées au plus tard le 12 juin. « Espérons que l'avenir sera aussi radieux pour eux » a souhaité François Barges, de la CGT.

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Parmi les repreneurs potentiels, l'offre d'Acciaierie Venete, leader italien de l'acier, portait sur les trois sites de Hagondange, Le Marais-Saint-Etienne et Custines (« Marcus »), qui travaillent ensemble sur des aciers spéciaux de petits diamètres, destinés à l'industrie automobile, ainsi que sur le Creas.

L'inquiétude était montée samedi dernier pour ces sites comptant quelque 700 salariés lorsque le groupe italien a annoncé que « les conditions prévues par son offre n'étaient pas satisfaites ». Venete réclame à l'actionnaire actuel le financement du désamiantage et du dépoussiérage du site d'Hagondange, estimé à 11 millions d'euros par les syndicats.

Bataille sociale en cours

Depuis lundi, les salariés d'Hagondange bloquent leur usine et doivent décider, ce vendredi, des suites à donner au mouvement, Venete ayant prolongé jeudi son offre de reprise jusqu'à l'audience fin juin.

« On est plutôt soulagés que Venete ait accepté de prolonger son offre », la « meilleure », a réagi Alain Hilbold, délégué CFDT central. Selon lui, Europlasma a aussi déposé une lettre d'intention pour Hagondange (434 salariés), Custines et Marais (104 salariés sur les deux sites) ainsi que pour Leffrinckoucke (170).

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« Le maintien de l'offre » de Venete est « une excellente nouvelle », ont également réagi jeudi soir dans un communiqué les élus de la communauté de commune d'Hagondange, prêts à apporter 15 millions d'euros en capital pour soutenir l'offre de l'italien.

Dans deux courriers adressés à l'exécutif, des élus et des membres de la CGT avaient réclamé que l'État apporte une « participation au capital » pour assurer cette charge et éviter « la liquidation de ce fleuron sidérurgique ». « Nous mettrons toutes nos forces dans la bataille (...) et aiderons de toutes les manières possibles les offres qui seront sur la table », a assuré jeudi le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, qui rencontrera les représentants des syndicats d'Ascometal vendredi à Bercy.

L'acier européen submergé par celui de la Chine

Selon une analyse récente de l'Association européenne de l'acier (Eurofer), le marché mondial de l'acier est aujourd'hui particulièrement déséquilibré. En effet, l'année 2023 a vu 55 % de la production mondiale (1,7 milliard de tonnes) d'acier venir de Chine. Avec ses 150 millions de tonnes d'acier produites par an, l'Europe se retrouve loin derrière.

« Les usines chinoises inondent le marché européen depuis au moins quatre ans avec leurs surcapacités de production d'acier à des prix cassés, exerçant une immense pression sur les producteurs européens », a ainsi déploré Axel Eggert, directeur général d'Eurofer, dans un communiqué paru le 16 mai.

Conscientes de la situation, les autorités européennes, ont pris un certain nombre de mesures pour ralentir la vague chinoise d'acier bon marché. Des droits de douane supplémentaires ont notamment été instaurés, ainsi que des quotas d'importations. Mais ces derniers ne seront pas prolongés au-delà de l'année 2026, afin de rester en conformité avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces mesures de l'UE n'ont pas produit un grand effet. Selon Eurofer, entre 2012 et 2023, les exportations d'acier européen se sont effondrées de 50 %. L'Europe importe désormais plus de métal qu'elle en exporte.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 02/06/2024 à 7:09
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dans six mois un an ou plus l'entreprise ferme est ce que les juges serons juger responsables et pourtant nombre de sans emploi sont du a ces juges jamais responsable et surtout incapables d'assumer leurs decisions

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