Scandale des pizzas Buitoni : Nestlé France mis en examen

Cette affaire avait été déclenchée après la découverte, en mars 2022, d'une contamination bactérienne de pizzas de la gamme « Fraîch'Up », commercialisée par Buitoni, filiale de Nestlé. Des dizaines d'enfants étaient tombés malades après en avoir consommé. La justice suspecte que les produits soient à l'origine du décès de deux autres enfants.
Le 18 mars 2022, Nestlé avait annoncé le retrait des pizzas de la gamme « Fraîch'Up », commercialisées depuis juin 2021, après avoir été informé de la présence de la bactérie dans la pâte d'un produit.
Le 18 mars 2022, Nestlé avait annoncé le retrait des pizzas de la gamme « Fraîch'Up », commercialisées depuis juin 2021, après avoir été informé de la présence de la bactérie dans la pâte d'un produit. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

Nouvelle étape judiciaire dans le scandale des pizzas contaminées de la marque Buitoni. Sa maison-mère, Nestlé France et une de ses filiales, ont été mises en examen cette semaine par la justice française. Contaminées par la bactérie E.coli, les pizzas sont suspectées d'avoir rendu des dizaines d'enfants malades, et provoqué en 2022 la mort de deux enfants.

Dans le détail, la filiale exploitant l'usine de Caudry (Nord), où les pizzas avaient été fabriquées, et Nestlé France ont été mis en examen « respectivement les 2 et 4 juillet derniers », selon un communiqué de l'industriel. D'après une porte-parole de Nestlé France, les chefs de mise en examen sont les suivants : « Homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie ». Sollicité par l'AFP, le parquet de Paris, n'était pas joignable dans la matinée.

« Une étape cruciale », pour l'avocat des victimes

« Il s'agit d'une étape cruciale dans la compréhension de l'origine de ce drame. Les nombreuses familles que je représente attendaient cela avec impatience », a rapidement réagi auprès de l'AFP l'avocat Pierre Debuisson, qui représente une soixantaine de victimes.

« Nous ne pouvons qu'espérer que la mise en examen de Nestlé incitera vivement les grands groupes agroalimentaires à renforcer considérablement les contrôles internes afin de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs », a-t-il ajouté.

Autre réaction, de la part de François Lafforgue, avocat de l'association de défense des consommateurs Foodwatch France : « La justice pénale avance enfin dans cette affaire aux conséquences dramatiques, nous espérons que cela contribuera à dégager toutes les responsabilités, quelles qu'elles soient. »

Un scandale révélé en mars 2022

Pour mémoire, une information judiciaire avait été ouverte en mai 2022, notamment pour homicide involontaire, blessures involontaires, mise sur le marché d'un produit dangereux pour la santé, et mise en danger d'autrui. En février 2022, les autorités sanitaires avaient été alertées par la recrudescence de cas d'insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par la bactérie de type Escherichia coli.

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Le 18 mars 2022, Nestlé avait annoncé le retrait des pizzas de la gamme « Fraîch'Up », commercialisées depuis juin 2021, après avoir été informé de la présence de la bactérie dans la pâte d'un produit.

Le 30 mars suivant, les autorités sanitaires annonçaient avoir établi un lien entre la consommation de ces pizzas et plusieurs cas graves de contamination, avant que le préfet du département du Nord n'interdise, deux jours après, la production de pizzas au sein du site de Caudry.

A noter également : en parallèle de la procédure judiciaire, un accord pour indemniser une soixantaine de victimes, dont le montant n'a pas été dévoilé, a été signé au printemps 2023, par la firme Nestlé. « Cette démarche amiable a pour objectif d'apporter un soutien immédiat aux familles », a d'ailleurs commenté ce vendredi à l'AFP la porte-parole de Nestlé France.

L'usine mise en cause revendue

Autre conséquence de cette affaire, elle, plus économique : en février dernier, Nestlé avait décidé de revendre son usine de Caudry, en service depuis 1982, à Italpizza. L'entreprise italienne qui compte redémarrer la production à l'automne 2024, prévoit plus de douze millions d'euros d'investissements d'ici 2028 pour moderniser le site. Avec l'objectif d'embaucher « environ 140 collaborateurs », avant fin 2028, avait-elle indiqué.

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Nestlé, qui avait justifié la fermeture de l'usine par la chute des ventes, avait assuré avoir proposé à chaque salarié « au moins une offre de reclassement au sein du groupe » et identifié « plus de 200 offres de postes à pourvoir en externe (...) dans un rayon de 50 km autour de l'usine ».

Au moment de l'annonce de ce rachat, Frédéric Bricout, le maire divers droite de la commune de Caudry, avait exprimé qu'il était « dans la logique des choses » de donner la priorité aux anciens salariés de Nestlé, plutôt que d'aller chercher ailleurs de nouveaux salariés. Environ 90 ex-salariés de l'usine restaient sur le carreau fin novembre.

En Suisse, Nestlé aussi mis en cause pour la qualité de son eau

Une autre affaire a éclaté en février dernier pour le géant de l'agroalimentaire. Nestlé a en effet reconnu avoir eu recours à des procédés interdits pour purifier son eau en bouteille en Suisse, après des révélations similaires en France. Le géant suisse de l'alimentation a confirmé avoir utilisé « des filtres au charbon actif » dans son usine locale du canton de Vaud, à une trentaine de kilomètres de Lausanne,

Cette nouvelle révélation soulève des questions quant à l'avenir de ses marques d'eau. En 2022, les ventes d'eau en bouteille de Nestlé se chiffraient à 3,5 milliards de francs suisses (3,7 milliards d'euros), ne représentant plus que 3,7% du chiffre d'affaires du groupe suisse, qui a fortement réduit la voilure sur ce pan d'activité.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 06/07/2024 à 1:16
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Aux USA, le procès aurait déjà eu lieu. Chez nous, avec l'appel, voir la cassation, il y en a pour 10 ans. Désolé, mais tout ceci est un symbole de l'inefficacité française....On va se perdre dans les procédures, dans des manœuvres pour tenter de blo...

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