Alimentation bio : le hors-domicile, débouché autrefois prometteur, déçoit

Alors que la part de bio se maintient à 1% dans la restauration commerciale, dans celle collective elle recule d'un point par rapport à 2022, à 6%. Globalement, la part des dépenses alimentaires bio des Français se réduit légèrement. Et la surface agricole bio française baisse de 2% en 2023.
Giulietta Gamberini
Le marché bio de son ensemble stagne à 12.081 millions d'euros. Les volumes vendus baissent de 7%.
Le marché bio de son ensemble stagne à 12.081 millions d'euros. Les volumes vendus baissent de 7%. (Crédits : Eric Gaillard)

Pendant ces dernières années de crise du marché de l'alimentation bio, un débouché continuait de porter les espoirs du secteur : le hors domicile. En 2022, alors que la valeur des ventes du bio consommé à domicile baissait de 4,6% par rapport à l'année précédente, celle des ventes en restauration collective et commerciale augmentait respectivement de 18% et de 16%.

Lire: Restauration collective : une piste de débouché pour l'agriculture biologique ?

En 2023, ces attentes sont déçues. « Le hors-domicile n'a pas pris le relais », constatent la directrice et le président de l'Agence Bio, Laure Verdeau et Jean Verdier : « Dans les plateaux des cantines, la part de bio recule à 6% (contre 7% en 2022, ndlr), et au restaurant, elle se maintient à 1% », déplorent-ils. Les achats bio de la restauration collective et commerciale ne progressent plus que de, respectivement, 9% et 12%.

Une baisse de la part du bio dans les assiettes

Pourtant, selon la loi Egalim 1 de 2018, 50% des repas servis en restauration collective devraient compter 50% de produits de qualité et durables, dont au moins 20% de produits biologiques, déjà depuis le 1er janvier 2022. Et lors du dernier Salon International de l'Agriculture, le gouvernement s'est engagé à prendre le dossier en main. Mais « augmenter la part du bio à budget constant implique de travailler sur l'ensemble des coûts » : un travail que la majorité des cantines n'ont pas encore engagé, analyse Laure Verdier. De même pour la restauration commerciale : les résultats des actions de communication et de formation entreprises par l'Agence bio « ne pourront se manifester que sur le long terme », selon sa présidente.

Résultat : dans un contexte où la valeur du bio à domicile, qui représente 91% de la consommation du bio, se stabilise, le marché bio dans son ensemble stagne à 12.081 millions d'euros (5 millions de plus qu'en 2022), malgré une inflation de l'alimentation bio de 7,7% (inférieure de 4 points à celle de l'ensemble des produits alimentaires). Les volumes vendus baissent donc de 7%. Encore plus mauvaise nouvelle : dans un contexte de baisse généralisée des dépenses alimentaires des Français, la part de celles allouées au bio se réduit, passant de 6% à 5,6%.

Lire: Alimentation : le bio en chute libre dans la perception des consommateurs

 10,4% de la surface agricole totale du pays

« Cette contraction de la consommation freine les agriculteurs, qui veulent pourtant passer en bio », s'alarme Laure Verdeau. En 2023, le nombre d'entrées en bio diminue en effet pour la deuxième année consécutive. Globalement, les surfaces en conversion (depuis 1, 2 ou 3 ans) « sont en baisse de 30%, hypothéquant le réservoir de croissance du bio », regrette donc l'agence.

Lire: Bio: « Les producteurs font de l'apnée » (Laure Verdeau, Agence bio)

Quant aux sorties, si leur nombre reste quasi-stable, il est porté par des producteurs avec de grandes surfaces (cultures fourragères et de grandes cultures). Si le solde entrées sorties reste donc positif (2%), la surface agricole bio française baisse de 2% en 2023, en se tassant à 10,4% de la surface agricole totale du pays. Loin de l'objectif de 18% en 2027 fixé par le Programme stratégique national de la France.

Un débouché reste toutefois prometteur : la vente directe. Non seulement son chiffre d'affaires progresse, de 8,7%, pour atteindre 14% du marché. Le nombre de points de vente croît aussi, de 5%. Les fermes bio qui la pratiquent sont désormais 26.800, alors que les grands magasins vendant du bio (qui représentent 50% du marché, avec un chiffre d'affaires en recul de 3,8%) ne sont que 18.000, note Laure Verdeau. 60% des nouveaux agriculteurs bio s'adonnent d'emblée à la vente directe.

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2024 à 19:43
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On a perdu du temps à ne pas se mettre à la permaculture, on laisse de pauvres bougres bosser comme des chiens pour gagner que dalle qui résistent juste parce qu'ils y croient et c'est tout. Bon l'avantage c'est que maintenant si on veut s'y mettre r...

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