Porté par la défense, Thales dévoile un bénéfice net en forte hausse au premier semestre

Aidé par son activité de défense et de sécurité sur fond de croissance des budgets militaires, Thales a enregistré au premier semestre une hausse de 26% de ses commandes qui atteignent un nouveau niveau « historique ».
L'entreprise Thales affiche de très bons résultats en ce premier semestre 2024.
L'entreprise Thales affiche de très bons résultats en ce premier semestre 2024. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

Tous les feux sont au vert pour Thales. Entre janvier et juin, le groupe français de défense et de technologies a dégagé un bénéfice net en hausse de 57% à 1 milliard d'euros par rapport à la même période de 2023. Avec un chiffre d'affaires en progression de 8,9% à 9,5 milliards, ces résultats sont qualifiés de « vraiment solides » par son PDG Patrice Caine.

La société a confirmé ce mardi tous ses objectifs financiers annuels, en les précisant : elle escompte désormais une croissance de son chiffre d'affaires de 5 à 6% (contre 4 à 6% précédemment) à périmètre et changes constants, et une marge opérationnelle comprise entre 11,7 et 11,8% (contre 11,7% à 12% auparavant). Cela marquerait une amélioration par rapport au premier semestre, où la rentabilité opérationnelle de Thales a atteint 11,5% (+0,1 point sur un an).

Près de 11 milliards d'euros de commandes

L'entreprise a enregistré 10,8 milliards d'euros de commandes au cours des six premiers mois de l'année. Le montant de celles-ci est donc supérieur à son chiffre d'affaires (« book-to-bill » supérieur à 1), une performance qu'elle prévoit de reproduire sur l'ensemble de l'exercice.

Plus de la moitié de ces nouvelles commandes (56%) a concerné l'activité défense et sécurité, soit 6,1 milliards d'euros. C'est une hausse de 36% sur un an, grâce notamment au contrat des avions Rafale - dont Thales fournit l'électronique - avec l'Indonésie, à un système de surveillance aérienne au Moyen-Orient ou encore au développement de sonars pour les futurs sous-marins français.

Les deux autres grandes activités de Thales, l'aérospatiale d'un côté et l'identité et sécurité numériques de l'autre, ont vu leurs commandes progresser de 14% sur un an. Au total, le carnet de commandes de Thales atteint désormais 47 milliards d'euros, en hausse de 1,7 milliard par rapport à son niveau de fin 2023, déjà qualifié d'« historique » par la société.

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Objectif principal : accroître le rythme de production

 « Tout cela donne confiance pour la fin de l'année », a commenté Patrice Caine lors d'une visioconférence avec la presse, en soulignant que l'un des défis de son entreprise, comme l'ensemble du secteur aérospatial et de défense, résidait dans « l'accélération des cadences de production » pour traduire ces commandes en chiffre d'affaires. « Là aussi les choses avancent de manière très satisfaisante », a-t-il assuré.

Nuance à ce tableau, le chiffre d'affaires du spatial est resté « stable » au premier semestre, témoignant des difficultés de cette activité, dont la restructuration a été annoncée en mars par Thales face à la baisse de la demande pour les satellites de télécommunications commerciales. Comme dévoilé par La Tribune, Thales réfléchit même à bouleverser son organisation en profondeur en partenariat avec Airbus (voir encadré).

En revanche, l'aéronautique civile, dopée par la reprise du marché aérien après la pandémie de Covid-19, a connu sur un an une croissance « à deux chiffres » de ses ventes lors des six premiers mois de l'année. Combinant ces deux activités, le chiffre d'affaires de l'aérospatial chez Thales ressort en hausse de 4,6% sur la période, à 2,6 milliards d'euros.

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L'activité « sécurité numérique » en hausse

Encore plus que la défense et sécurité (+8,7% à 4,94 milliards d'euros), stimulée par la croissance des budgets militaires en particulier depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022, c'est la branche identité et sécurité numériques qui connaît la plus forte progression de son chiffre d'affaires (+15,6% sur un an).

Même si elle ne représente que 20% de l'activité totale, cette spécialité (cybersécurité, cartes SIM, biométrie...) est aussi la plus rentable avec 14,1% de marge opérationnelle. Elle devance les autres activités, avec 12,9% pour la défense et sécurité et 6,5% pour l'aérospatial.

Parmi les autres défis à venir, a noté Patrice Caine, figurent l'intégration de deux grosses acquisitions récentes, la société de cybersécurité Imperva et celle de communications sécurisées Cobham Aerospace Communications.

Ces opérations ont contribué à alourdir la dette nette de Thales, qui a sextuplé en un an à 4,6 milliards d'euros. « Progressivement, on va désendetter le groupe compte tenu de la très bonne génération de cash-flow », a assuré Patrice Caine.

Thales et Airbus veulent rapprocher leurs activités spatiales

Airbus et Thales étudient à nouveau et très sérieusement un rapprochement de leurs activités spatiales réunies au sein d'Airbus Defence & Space (Airbus DS) et Thales Alenia Space (TAS). Les deux groupes ont lancé des discussions à bas bruit qui sont exploratoires, expliquent plusieurs sources à La Tribune en cette mi-juillet.

A ce stade, tous les acteurs restent extrêmement prudents sur la réussite de ces discussions au regard des échecs des différents projets de rapprochement des activités spatiales de ces deux groupes, qui ont jalonné ces quinze dernières années. Surtout, elles dépendront des conditions qu'exigera la Commission européenne pour donner le feu vert à cette transaction. C'est d'ailleurs le point clé de toute l'opération. Contactés par La Tribune, Airbus et Thales n'ont pas souhaité commenter.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 23/07/2024 à 16:55
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On ne va pas tourner autour du pot, il y a la guerre en Europe, Thales est particulièrement sollicité. Que la France soit en pointe dans l'armement c'est très bien mais je préfère largement quand l'armement est dissuasif et n'est pas utilisé...

à écrit le 23/07/2024 à 16:25
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Business a à la française carnet des commandes pleine, pépite et fleuron française, mais en bourse chut libre de dix pourcents en même temps. On a voit ça avec Arcelor, Alstom, Alcatel.

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