PLD Space : de startup à opérateur de lancements, une mue qui prendra fin 2025

Dans la course pour survivre dans le domaine des mini-lanceurs, la startup espagnole PLD Space construit méthodiquement et surement son aventure. Elle va investir 10 millions d'euros à Kourou pour bâtir ses installations de lancement sur le site du Diamant au Centre spatial guyanais.
Michel Cabirol
Le manifeste de PLD Space prévoit un objectif de 30 lancements par an d'ici à 2030, dont la plus grande partie sera effectuée à partir du Centre spatial guyanais (CSG).
Le manifeste de PLD Space prévoit un objectif de 30 lancements par an d'ici à 2030, dont la plus grande partie sera effectuée à partir du Centre spatial guyanais (CSG). (Crédits : PLD Space)

Méthodiquement, PLD Space fait son nid à Kourou et construit son aventure dans le domaine des lanceurs. Après avoir réussi en octobre 2023 un premier vol suborbital en décollant de la province de Huelva, PLD Space (200 salariés), fondée en 2011 par Raúl Torres et Raúl Verdú, va investir 10 millions d'euros dans des installations de lancements au Centre spatial guyanais (CSG) dédiées à son lanceur Miura 5. La startup espagnole dispose de 15.765 mètres carrés sur le site du Diamant du CSG, baptisé Ensemble de lancement Multilanceurs (ELM). Pouvant placer des charges utiles allant jusqu'à 540 kg sur une orbite héliosynchrone (SSO) de 500 km, ce lanceur orbital à deux étages d'une hauteur de 35,7 mètres est conçu, construit et exploité par PLD Space.

Le site du Diamant va accueillir des micro et mini-lanceurs sélectionnés par le CNES. Trois opérateurs ont déjà signé un engagement contractuel pour lancer à partir du CSG sous réserve d'atteindre tous les jalons (Isar Aerospace en juin 2022, RFA en mars 2023, PLD Space en juin 2023, MaiaSpace en mars 2024), contrairement à Avio, Latitude et HyImpulse, également sélectionnés par le CNES.

Le CSG, priorité de PLD Space

L'opérateur espagnol prévoit son premier vol fin 2025 et devrait devenir ainsi le premier opérateur de lancement, en dehors d'Arianespace, depuis le CSG. PLD Space s'est engagé auprès du CNES pour faire du CSG le site principal pour les lancements de son lanceur Miura 5 car, selon l'opérateur, « c'est la base de lancement la plus compétitive d'Europe ». Le manifeste de PLD Space prévoit un objectif de 30 lancements par an d'ici à 2030, dont la plus grande partie sera effectuée à partir du CSG. « Nous voulons que le plus grand nombre possible de ces vols aient lieu à partir du port spatial européen, avec une équipe locale bien dimensionnée », a expliqué le directeur du développement commercial et cofondateur de PLD Space, Raul Verdú, cité dans le communiqué publié lundi.

Pour débarquer au CSG, PLD Space, qui a engrangé 185 millions d'euros de financements (dont 120 millions en avril 2024), a approché le CNES pour la première fois en 2018. L'opérateur espagnol est fier de commencer ses « opérations à Kourou en tant que première société de lanceurs commerciaux en Europe, a souligné Raúl Verdú. Pour PLD Space, c'est aussi l'occasion de boucler la boucle en développant, fabriquant, testant et lançant des fusées en orbite depuis le territoire  européen ». Suite à l'accord signé avec le CNES en juin 2023, PLD Space est prêt à démarrer les travaux de génie civil de son complexe de lancement sur le site du Diamant après l'été 2024. La startup prévoit la réception du complexe de lancement à la mi-2025 afin de commencer la campagne de lancement de Miura 5 à la fin de l'année 2025.

Pionnier en Europe de la réutilisation

La startup espagnole prévoit de construire le site de lancement principal de Miura 5, l'infrastructure nécessaire pendant la campagne de lancement et les préparatifs pour la récupération de son lanceur. PLD Space sera l'un des pionniers de la réutilisation en Europe. Le premier étage du Miura 5 sera repêché dans l'océan et réutilisé pour des missions ultérieures. Outre la zone de lancement, la startup prévoit une zone de préparation, comprenant un hangar d'intégration, une salle blanche, un centre de contrôle, des bureaux commerciaux et des bureaux d'études.

Au total, la startup prévoit de créer plus de 60 emplois à Kourou, dont 50 en indirect. Ce chiffre augmentera progressivement au fur et à mesure que le nombre de lancements augmentera, indique PLD Space. A côté des investissements de l'opérateur espagnol,  le CNES, en tant que maître d'œuvre d'ELM-Diamant, développe pour sa part des moyens communs à l'ensemble des futurs utilisateurs tels que les routes d'accès, les arrivées d'énergie sur le site, les infrastructures pour accueillir les stockages d'ergols, un bureau de coordination générale, les moyens de sécurité...

Michel Cabirol

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