Pour le PDG de Thales, « l’IA est une source de vulnérabilité »

PARIS AIR FORUM 2024 - Invité du Paris Air Forum, événement organisé par La Tribune et qui se déroule ce jeudi à la Maison de la Mutualité, le PDG de Thales a évoqué les progrès de l’intelligence artificielle (IA). Emploi militaire et civil, alliance de l’homme et de la machine, vulnérabilité de la technologie, rôle des Etats… Le dirigeant a balayé les multiples aspects de ce sujet clé pour les années à venir.
(Crédits : La Tribune)

Patrice Caine avait rendez-vous, ce jeudi 13 juin, au Paris Air Forum à la Maison de la Mutualité. Le PDG de Thales, leader mondial des hautes technologies qui compte 77.000 collaborateurs dans le monde, a répondu aux questions de « La Tribune ». L'entreprise travaille d'arrache-pied sur l'intelligence artificielle (IA), une science de la « donnée qui a été rendue possible grâce à l'évolution de l'électronique », comme l'a rappelé le diplômé de Polytechnique. Et qui trouve son application, notamment dans le domaine militaire, un secteur pour lequel opère Thales. Un exemple ? Les avions de combat militaires. « Le pod de désignation (de l'avion, ndlr) sera doté de capacités d'IA qui permettront d'accélérer la reconnaissance d'images des cibles d'intérêts », a illustré Patrice Caine.

Lire aussiPatrice Caine (Thales) : « Avec le quantique, le monde change d'échelle »

Pour les pilotes de chasse, il y a un tel « déluge de données » que l'IA doit leur permettre de conduire leur « mission de manière plus efficace (...) », souligne-t-il. La technologie IA est aussi intégrée dans les « radars » ou dans les « systèmes d'aide à la décision ». C'est un vrai plus, notamment pour les opérateurs au sol, et qui leur offre « un choix encore plus riche, encore plus fouillé, encore plus travaillé grâce à l'intelligence artificielle ».

Une collaboration entre l'IA et l'humain

De manière plus large, l'objectif est, selon Patrice Caine, d'aboutir à « une meilleure collaboration, entre guillemets, entre l'homme et la machine ». Et cela s'applique également au monde civil. A l'instar, de l'univers du contrôle aérien. L'intelligence artificielle apporte des capacités que les systèmes actuels n'ont pas. « Le fait, par exemple (...) d'optimiser les descentes continues des avions, ce qu'on appelle CDO (Continuous Descent Operation) dans le jargon, pour économiser du fuel et émettre moins de CO2 », détaille l'ingénieur. « Je dis souvent que c'est bon pour la planète et pour l'économie. »

Néanmoins, il insiste sur l'aspect collaboratif du lien entre l'IA et l'humain. « Ce dernier reste toujours dans la boucle. L'autonomie de l'IA va jusqu'à un certain point », rappelle-t-il. « Notamment lorsque son utilisation pose des questions d'éthique comme dans le domaine de la défense. Et c'est bien l'homme qui prend la décision in fine », insiste-t-il.

Vulnérabilité de l'IA

D'autant que cette technologie, qui est déjà en train de faire évoluer le fonctionnement de la planète, n'est pas sans revers. « L'IA, étant elle-même une technologie numérique, est une source de vulnérabilité, prévient Patrice Caine, dont il faut se prémunir ». C'est pourquoi au sein de Thales, les ingénieurs s'entraînent à hacker des systèmes à base d'intelligence artificielle, comme ChatGPT. « Ce n'est pas juste pour s'amuser, c'est pour démontrer qu'il y a bien des vulnérabilités, qu'une fois passé à travers toutes les barrières de protection, le coup d'après, vous êtes mieux préparé à réfléchir comment se prémunir », explique le dirigeant. « Sans compter que l'IA est une technologie accessible », estime-t-il, qui est utilisable tant par les Etats que par des hackeurs.

Néanmoins, Patrice Caine ne pense pas que « la domination technologique ne passera que par l'IA »« J'aurais plutôt tendance à mettre effectivement d'autres révolutions technologiques, comme le quantique qui me semble apporter des progrès potentiellement qui peuvent être encore plus déstabilisants que l'utilisation de l'intelligence artificielle », affirme-t-il sur la scène du Paris Air Forum.

Même si l'IA, selon le dirigeant, pose un certain nombre de questions « éthiques ». D'où le rôle accru des états démocratiques dans les années à venir pour conserver un « équilibre », une sorte de principe de responsabilité. Néanmoins, celui-ci demeure « fragile, notamment parce que nous voyons bien que certains états ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu que les autres pays ou que le monde libre, le monde occidental », estime-t-il.

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Commentaires 4
à écrit le 14/06/2024 à 11:49
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L'Intelligence Artificielle est...artificielle.

le 15/06/2024 à 20:20
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Tel Sherlock, j'en déduis que vous êtes humain. Une IA ne dira jamais 'je suis artificielle', enfin, pas encore. Si on peut détraquer l'IA et qu'on se repose dessus sans 'méfiance', y a du danger. Un système de traduction dyslexique, ça créera des p...

à écrit le 14/06/2024 à 7:17
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Tant que l'IA sera la superstar des médias et une machine à subvention publique il est évident que nos dirigeants économiques vont le privilégier. Nous ne pouvons pas faire confiance au système marchand pour une recherche fondamentale. L'exemple de l...

à écrit le 13/06/2024 à 18:27
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"une science de la « donnée qui a été rendue possible grâce à l'évolution de l'électronique " Evolution ayant eut lieu quasi exclusivement aux US... En France on aime à faire croire que ce sont des ingés francais qui vont avancer les US chez eu...

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