Distributeurs de billets : l’érosion du parc s’est accélérée en 2023

Si le parc de distributeurs de billets est en déclin, les points d’accès au cash alternatifs permettent de limiter l’impact de cette décrue sur la vie quotidienne des ménages. Selon la Banque de France, l’essentiel de la diminution des automates bancaires se situe surtout dans les villes de plus de 2.000 habitants.
BNP Paribas a mutualisé ses distributeurs automatiques avec ceux de Société Générale et du Crédit Mutuel Alliance Fédérale pour réduire les coûts.
BNP Paribas a mutualisé ses distributeurs automatiques avec ceux de Société Générale et du Crédit Mutuel Alliance Fédérale pour réduire les coûts. (Crédits : Reuters)

Chaque année, la question de la disparition des distributeurs de billets (DAB/GAB) se pose. Et chaque année, les chiffres de la Banque de France montrent que le cash fait de la résistance. Pourtant, le parc d'automates subit une lente érosion, comme le signe avant-coureur de la baisse du nombre d'agences bancaires.

En 2023, ce sont quasiment 2.000 distributeurs bancaires qui ont disparu du paysage, soit 4,6% du parc total qui atteint à la fin de l'année dernière 44.124 machines, selon le rapport sur « l'accès du public aux espèces » du Comité national des moyens de paiements (CNMP), qui relève de la Banque de France. Ce recul est l'un des plus importants constatés ces dernières années. La baisse des automates bancaires est donc de 20 % depuis 2018 et de 25% depuis 2012.

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25% d'automates en moins depuis 2012

Mais ce mouvement est amorti par de nombreux points « privatifs » ou alternatifs, comme des retraits de cash chez des commerçants, même si ces retraits sont le plus souvent plafonnés à des montants relativement faibles, sur des plages horaires plus limitées ou bien réservés aux clients d'un réseau bancaire en particulier. Ces points privatifs progressent et le nombre d'automates « privés », installés par des opérateurs externes aux banques, comme Euronet, Loomis ou Brink's, est même en augmentation de 19 % à 679 machines. Au total, le nombre d'accès privatifs est passé de 23.000 à 27.400 entre 2018 et 2023 alors que le nombre de DAB a fléchi de 8.500 sur la période.

La réalité est qu'une commune française sur deux ne dispose ni d'un distributeur, ni d'un point d'accès. Les déserts financiers existent bien en France, et recouvrent peu ou prou les déserts médicaux ou la fameuse « diagonale du vide » qui traverse le pays du Sud-Ouest au Nord-Est. Le sujet est politiquement sensible car ce sont les ménages les plus défavorisés qui utilisent le plus les espèces pour leurs dépenses de la vie quotidienne, surtout en période d'inflation et de baisse du pouvoir d'achat.

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Les villes davantage impactées que les campagnes

Même la Banque centrale européenne a souligné à maintes reprises le rôle inclusif joué par le cash. Et ce pour une raison simple : le cash est le seul moyen de paiement gratuit pour le consommateur et pour le commerçant. Pourtant, dans certains pays, comme la Finlande ou les Pays-Bas, le cash a quasiment disparu, alors que les paiements en espèces représentent toujours environ 60% des transactions en magasin en 2022 (50% en France).

Le message de la Banque de France - dont l'accès au cash fait partie de ses missions régaliennes et occupe une part importante de l'activité de son réseau - se veut rassurant. Tout d'abord, souligne l'institut monétaire, la baisse des distributeurs bancaires ne concerne « quasiment pas » les petites communes, mais en majorité les communes de plus de 2.000 habitants (à 98% !), voire les grandes agglomérations. C'est logique car c'est dans ces villes que les regroupements ou les fermetures d'agences bancaires, notamment au sein des banques commerciales, sont les plus nombreux.

Ensuite, indique le rapport, « la part de la population située à moins de quinze minutes en voiture d'un point d'accès aux espèces équipé d'au moins un distributeur automatique de billets est de 98,8% ». Ce que ne manquent pas de relever les banques. « Même si l'utilisation des espèces diminue en France, les banques veillent, aux côtés de l'ensemble de l'écosystème, à ce que tous les Français y aient accès. L'accessibilité aux espèces reste ainsi, comme cela était le cas les années précédentes, à un très haut niveau », indique Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF).

Mutualisation

Reste que les années de gloire des automates bancaires touchent sans doute à leur fin. La baisse de l'utilisation du cash au quotidien au profit des cartes et autres paiements dématérialisés est bien évidemment la principale raison de la baisse de fréquentation et donc du nombre d'automates. L'autre grande raison est la fermeture des agences bancaires un peu partout dans le monde. En zone euro, 40 % des agences bancaires ont disparu depuis 2009, selon la BCE.

Du coup, les projets de mutualisation, voire même d'externalisation comme en Belgique, se multiplient. En France, le programme Cash Services prévoit la mise en commun des automates de Société Générale, BNP Paribas et Crédit Mutuel Alliance Fédérale et les premières machines habillées de noir avec le nouveau logo sont en test depuis plusieurs mois dans l'Est. D'ici 2026, ce nouveau réseau devrait compter 5.000 automates en agences bancaires et 2.000 automates hors agences... soit une réduction de 30 % par rapport au parc actuel des trois banques de 10.000 machines.

Sur ces projets, les banques marchent sur œufs. Les régulateurs rappellent régulièrement les banques (et aussi les commerçants) à leur devoir fiduciaire et les hommes politiques sont également très attentifs au maintien de l'accès au cash, au nom de la cohésion sociale.

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Commentaire 1
à écrit le 25/07/2024 à 7:02
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Ils veulent se garder les liquidités pour eux et eux seuls afin d'aller les planquer dans leurs paradis fiscaux qui finance l'économie du crime. TOUT VA BIEN.

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