![Les dirigeants ont multiplié les marques de soutien pour une reconduction d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne.](https://static.latribune.fr/full_width/2341985/ursula-von-der-leyen-nucleaire.jpg)
Les tractations se poursuivent sur les postes clés de l'Union européenne. Les dirigeants des 27 pays de l'UE, réunis en sommet informel lundi soir à Bruxelles, ne sont en effet pas parvenus à un accord sur les nominations, a déclaré le président du Conseil européen.
« C'était une bonne discussion. Cela va dans la bonne direction, je pense, mais il n'y a pas d'accord à ce stade », a reconnu Charles Michel. Le responsable belge a toutefois souligné qu'une décision n'était de toute façon pas attendue avant un autre sommet des dirigeants de l'UE, les 27 et 28 juin à Bruxelles.
« Il est de notre responsabilité collective de prendre une décision d'ici à la fin juin », a ajouté Charles Michel. « Il faut que ça mijote, je pense qu'on n'est pas si loin que ça », a pour sa part jugé le président français Emmanuel Macron, à l'issue de cette réunion.
Ursula von der Leyen reste favorite pour le « top job »
Les dirigeants ont multiplié les marques de soutien pour une reconduction d'Ursula von der Leyen, 65 ans, à la tête de la Commission européenne. Première force politique au Parlement européen, où il s'est nettement renforcé à l'issue du scrutin des 6-9 juin, le Parti populaire européen (PPE, droite), qui soutient Ursula von der Leyen, a toutefois cherché à pousser son avantage lors des pourparlers, selon des sources diplomatiques.
Les demandes du PPE ont empêché l'annonce d'un accord global portant aussi sur les autres postes, celui de président du Conseil européen et de chef de la diplomatie européenne. La répartition doit tenir compte des équilibres politiques dans l'UE à l'issue des élections européennes, mais aussi géographiques.
« Il n'y a pas d'impasse », a nuancé le Premier ministre portugais, Luis Montenegro, à l'instar d'autres dirigeants européens, plutôt confiants sur les chances d'un accord global d'ici fin juin. Le PPE revendique après sa victoire aux européennes la tête de la Commission de Bruxelles, qu'il occupe depuis une vingtaine d'années.
Parvenir à une majorité au Parlement
Pour être désignée, Ursula von der Leyen a besoin de recueillir une « majorité qualifiée » d'au moins 15 pays, représentant 65% de la population européenne. Si elle est effectivement choisie par les dirigeants, elle devra ensuite être adoubée par une majorité absolue de 361 eurodéputés nouvellement élus.
Selon des résultats encore provisoires, elle peut - en théorie - compter sur plus de 400 députés européens, soit largement au-dessus du seuil des 361 voix pour avoir la majorité. Ces députés composent la « grande coalition » pro-européenne, qui s'étend de la droite (PPE) aux sociaux-démocrates (S&D) en passant par les centristes (Renew Europe). C'est en son sein que se forgent traditionnellement les compromis au Parlement européen.
Pourtant, en dépit de cette majorité, « parvenir à une majorité au Parlement reste le défi le plus important pour von der Leyen », juge l'Eurasia Group, dans une note publiée le 10 juin dernier. Le vote se fait en effet à bulletins secrets et les défections sont importantes, y compris au sein de son propre camp.
Les Républicains ne voteront pas pour von der Leyen
Les Républicains français (LR), pourtant membres du PPE, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne voteraient pas pour la présidente de la Commission sortante. En 2019, sa confirmation n'avait été obtenue que de justesse, à neuf voix près.
« Il y a un risque réel, d'environ 30%, qu'elle ne soit pas confirmée en raison de possibles défections », estime l'Eurasia Group.
Mais à l'inverse, des députés de l'autre bord, y compris membres du groupe des Conservateurs européens (ECR, extrême droite), ou non inscrits, peuvent voter pour elle, remarque Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Schuman à Bruxelles. Cela s'était produit en 2019, rappelle-t-elle.
Ursula von der Leyen pourrait aussi chercher à élargir sa majorité en s'assurant le soutien de députés actuellement non-inscrits, comme ceux de l'opposition hongroise, par exemple, ou des Verts européens. « Je parle avec ceux avec qui je travaille bien et depuis longtemps. Mais cela laisse aussi des portes ouvertes », a-t-elle déclaré lundi 10 juin à Berlin.
Les sociaux-démocrates réclament la présidence du Conseil européen
Parmi les autres « top jobs », les sociaux-démocrates, qui constituent le deuxième groupe au Parlement européen, réclament de leur côté la présidence du Conseil européen et l'ancien Premier ministre portugais Antonio Costa est pressenti.
Selon des sources diplomatiques, le PPE a cependant proposé lundi que la présidence du Conseil, un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois, soit partagée lors de la législature entre les sociaux-démocrates qui obtiendraient d'abord le poste, avant qu'il passe à un conservateur dans deux ans et demi. « Avec une position renforcée, le PPE essaie de faire monter les enchères », explique un diplomate.
Également en jeu, le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères était jusqu'à présent occupé par le socialiste espagnol Josep Borrell, qui se retire à 77 ans. La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, est bien placée pour lui succéder. A la tête du Parlement européen depuis janvier 2022, la Maltaise Roberta Metsola (PPE), 45 ans, devrait sauf surprise rempiler, pour un mandat de deux ans et demi.
(Avec AFP)