![Il s'agira de la première visite d'un dirigeant européen à Moscou depuis celle du chancelier autrichien Karl Nehammer en avril 2022.](https://static.latribune.fr/full_width/2286808/photo-d-archives-du-premier-ministre-hongrois-viktor-orban-a-bruxelles.jpg)
[Article publié le 5 juillet à 12h57, mis à jour à 20h05] Le Premier ministre Viktor Orban a atterri à Moscou aux alentours de 11h15 ce vendredi. Bien que la Hongrie assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne, cette visite est « exclusivement » bilatérale, a affirmé le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, ajoutant que Viktor Orban n'avait reçu « aucun mandat » de l'Union européenne pour effectuer ce voyage.
Au cours d'une conférence de presse ce vendredi, le chancelier allemand Olaf Scholz a lui aussi souligné que Viktor Orban ne représentait pas l'UE lors de cette visite rapporte l'AFP. Il également a tenu à rassurer son homologue ukrainien en rappelant que :
« Le message clair de l'Union est que l'Ukraine peut compter sur notre solidarité. »
Le gouvernement hongrois a confirmé à l'AFP que cette visite avait pour but de rencontrer le président russe, Vladimir Poutine. Provocateur, Vladimir Poutine a dit considérer qu'Orban parlera au nom de l'Europe sur l'Ukraine.
« Je comprends que cette fois-ci, vous êtes venu non seulement en tant que partenaire de longue date, mais aussi en tant que président du Conseil européen », a déclaré le maître du Kremlin. « Je m'attends à ce que vous me fassiez part de votre position (sur l'Ukraine) et de celle des partenaires européens », a-t-il ajouté.
« La décision d'effectuer ce voyage a été prise par la partie hongroise sans aucun accord ou coordination avec l'Ukraine » a de son côté fait savoir le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué sur son site internet. « Nous rappelons que pour notre pays, le principe "pas d'accord sur l'Ukraine sans l'Ukraine" reste inviolable » a martelé le ministère dans son communiqué.
Ce déplacement marque la première visite d'un dirigeant européen à Moscou depuis celle du chancelier autrichien Karl Nehammer en avril 2022. Cependant, depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, Viktor Orban avait déjà rencontré Vladimir Poutine à Pékin en octobre 2023, afin de discuter de coopération énergétique.
Vives réactions
La visite d'Orban a Moscou n'est plus une surprise depuis 24 heures, tant la rumeur se faisait insistante. L'information avait suscité l'inquiétude à Bruxelles alors que Budapest vient de prendre la présidence tournante de l'UE. Contacté jeudi soir, un responsable européen avait déclaré à l'AFP que « de nombreuses tentatives » pour confirmer ce voyage avaient été « infructueuses ».
Hier, alors même que la visite n'était pas encore confirmée, les réactions se montraient déjà vives. « La présidence tournante de l'UE n'a pas de mandat pour engager le dialogue avec la Russie au nom de l'UE », a réagi sur X Charles Michel, président du Conseil européen.
« La position du Conseil européen est claire : la Russie est l'agresseur, l'Ukraine est la victime. Aucune discussion ne peut avoir lieu sans l'Ukraine ».
Le Premier ministre polonais s'est aussi alarmé, tout comme son homologue finlandais Petteri Orpo, qui a jugé « la nouvelle inquiétante ». La visite « marquerait un mépris envers les devoirs de la présidence de l'UE et saperait les intérêts de l'UE », a-t-il averti sur le même réseau social.
La tentation de « l'apaisement n'arrêtera pas Poutine. Seules l'unité et la détermination ouvriront la voie à une paix complète, juste et durable en Ukraine », a pour sa part réagi ce vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur X.
« Bien sûr, Viktor Orban ne représente pas l'Otan à ces rencontres, il représente son propre pays », a enfin déclaré devant la presse le secrétaire général de l'organisation Jens Stoltenberg ce vendredi, soulignant toutefois, sans plus de détail, que l'Otan avait été « informée » de ce déplacement.
De son côté, la Maison Blanche s'est dite « préoccupée par le choix qu'a fait le Premier ministre (hongrois Viktor) Orban de faire ce voyage à Moscou », a indiqué, ce vendredi, sa porte-parole Karine Jean-Pierre. Ce déplacement du dirigeant hongrois en Russie « ne fera pas avancer la cause de la paix et il est contre-productif pour le soutien à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance de l'Ukraine », a-t-elle ajouté.
Un dirigeant proche du Kremlin
La visite du dirigeant hongrois à Moscou, s'inscrit dans la continuité de celle à Kiev lundi 1er juillet. « Si nous restons assis à Bruxelles, nous ne pourrons pas nous rapprocher de la paix. Des actions doivent être entreprises », a argué Viktor Orban lors d'une interview radiophonique, mardi. Au pouvoir depuis 2010 en Hongrie, le dirigeant magyare est resté proche du Kremlin, appelant même l'Ukraine à un « cessez-le-feu » , à rebours des positions européennes et de Volodymyr Zelensky qui lui a proposé de plutôt s'aligner sur les démarches de paix ukrainiennes.
Il désapprouve également les sanctions votées contre la Russie et se démarque par son opposition à toute aide militaire à Kiev, bloquant régulièrement les efforts européens dans ce domaine. Le responsable, ouvertement eurosceptique, s'était aussi opposé à toute discussion concernant l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, jugeant que ce pays n'était pas prêt. Il avait finalement accepté de quitter la table du sommet des Vingt-Sept en décembre dernier, le temps que les 26 autres dirigeants décident d'ouvrir les négociations.
(Avec AFP)