La BCE s'apprête à baisser ses taux, de 4% à 3,75%

La Banque centrale européenne devrait, sauf énorme surprise, commencer à baisser jeudi ses taux d'intérêt, de 4% à 3,75%, offrant un bol d'air aux ménages et aux entreprises. Elle grillera ainsi la politesse à la Fed.
La baisse des taux attendue ce jeudi devrait desserrer quelque peu les conditions de crédit des ménages.
La baisse des taux attendue ce jeudi devrait desserrer quelque peu les conditions de crédit des ménages. (Crédits : Heiko Becker)

On y est. La Banque centrale européenne (BCE) doit annoncer ce jeudi la baisse de ses taux d'intérêt. L'ampleur de cette première baisse des taux après le cycle de relèvement devrait être de 25 points de base, selon les experts. Cela ramènerait le taux sur les dépôts de 4%, son plus haut atteint en septembre dernier, à 3,75%.

Il existe de « solides arguments en faveur d'une réduction des taux en juin », a ainsi déclaré récemment à l'AFP le gouverneur de la Banque de Finlande Olli Rehn, qui siège au sein du conseil des gouverneurs de la BCE. Plusieurs de ses collègues se sont exprimés dans le même sens. Si la baisse se confirme, la BCE va brûler la politesse pour la première fois de son histoire à la Fed américaine dans ce domaine.

En zone euro, l'inflation repartie à la hausse en mai

L'inflation est repartie à la hausse en mai dans la zone euro, à 2,6% sur un an après 2,4% en mars et avril, selon des chiffres publiés vendredi. Mais, cette remontée « est liée à des facteurs temporaires », a commenté Riccardo Marcelli Fabiani, analyste d'Oxford Economics.

Du coup, elle « n'empêchera pas la baisse des taux d'intérêt en juin, clairement annoncée. Mais la BCE sera prudente et il est peu probable qu'elle abaisse (à nouveau) ses taux d'intérêt lors de la réunion de juillet », a-t-il estimé. Le gros de la désinflation a été effectué en zone euro, depuis le sommet à plus de 10% de hausse des prix atteint en octobre 2022. La BCE entend néanmoins la voir encore descendre vers l'objectif de 2% qu'elle a fixé.

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Un soulagement pour les emprunteurs : en France, le taux moyen des crédits immobiliers est passé de 1,07% à 4,12% entre janvier 2022 et janvier 2024. Logiquement, la baisse des taux attendue jeudi devrait donc desserrer quelque peu les conditions de crédit des ménages.

Un coup de pouce bienvenu pour leur faciliter l'accès à la propriété immobilière et désengorger le marché locatif, devenu surchargé dans de nombreuses villes. Elle profitera aussi aux entreprises qui souhaitent emprunter des liquidités. Une baisse des taux permet également un allègement des conditions de crédit pour l'emprunt public.

« La question la plus intéressante » jeudi autour de la table du conseil des gouverneurs sera donc de savoir « dans quelle mesure la BCE sera disposée à donner des orientations » sur ses taux au-delà de juin, affirme à l'AFP Dirk Schumacher, économiste chez Natixis.

Une deuxième baisse pas acquise

A ce sujet, des nuances au sein de la BCE entre les « colombes », partisans d'un cap monétaire souple, et les « faucons » adepte de l'orthodoxie monétaire, se sont déjà manifestées ces derniers jours. Après juin, une deuxième baisse consécutive des taux en juillet est tout sauf acquise car « nous ne sommes pas sur pilote automatique », a prévenu le « faucon » Joachim Nagel, président de la Banque centrale allemande.  François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a plaidé quant à lui pour « un maximum d'optionnalité », la BCE devant garder sa « liberté sur le timing et le rythme ».

Pour alimenter la discussion, la BCE disposera d'un nouveau jeu de projections économiques. En mars, l'institution disait s'attendre à ce que l'inflation atteigne son objectif de 2% en 2025. Depuis, tant le PIB que l'inflation en zone euro ont quelque peu surpris à la hausse. Mais les nouvelles projections actualisées « ne devraient montrer que des changements marginaux, ce qui permettrait en principe des réductions régulières des taux », croit l'expert de Natixis.

Un indicateur commenté ces derniers temps, la croissance des salaires négociés, a rebondi à 4,7 % en glissement annuel au premier trimestre, après 4,5% au dernier trimestre de 2023, en raison notamment de paiements de primes ponctuelles. « Les 'faucons' souligneront la forte croissance continue des salaires qui devrait appeler à la prudence » sur les taux, ajoute l'économiste.

Vers des réductions des taux qu'une fois par trimestre ?

Dans ce contexte, la BCE pourrait « ne réduire ses taux qu'une fois par trimestre pour ramener le taux de dépôt à 3,25 % fin 2024 », prévoit Holger Schmieding, chez Berenberg. Ce qui reste une mauvaise nouvelle pour les épargnants qui ont été les grands gagnants des hausses de taux des dernières années. Le Livret A, produit d'épargne le plus populaire en France, est ainsi passé de 0,50% en 2022 à désormais 3%. Dans l'autre sens, la baisse des taux prévue jeudi pourrait donc les pénaliser.

Par ailleurs, si ces derniers mois les bourses européennes ont repris de la vigueur, atteignant même de nouveaux records en séance, c'est notamment la conséquence des anticipations des marchés, qui prennent eux aussi en compte les futures baisses de taux, avant même qu'elles ne soient effectives et annoncées. Quitte à risquer une correction si elles s'avéraient moins importantes ou rapides que prévu ?

La Fed ou la Banque d'Angleterre pourraient de leur côté n'assouplir leur cap monétaire que vers la fin de l'année, face à une inflation restant résiliente. En effet, si l'inflation est restée stable en avril aux Etats-Unis, il en faudra plus à la Fed pour commencer à baisser ses taux. La hausse des prix à la consommation est ressortie à 0,3% sur un mois et 2,7% sur un an, comme attendu, selon l'indice PCE, et publié vendredi par le département du Commerce. C'est cette mesure que privilégie la banque centrale américaine (Fed), et qu'elle espère ramener à 2% en 2026.

 (Avec AFP)

Commentaires 16
à écrit le 03/06/2024 à 20:04
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"La BCE s'apprête à baisser ses taux, de 4% à 3,75%" Et une dose monétaire de plus pour le Crack 40. Vive le capitalisme bourgeois de gauche et son QE (cf. achats de dette privée obligataire) à tout prix...

à écrit le 03/06/2024 à 19:58
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Rappelons qu'aujourd'hui, les taux dans les économies occidentales restent extrêmement bas et très loin des records historiques. Le problème est que nombreux ont emprunté en penssant que le taux allait être presque à zéro pour toujours, le tout accom...

à écrit le 03/06/2024 à 17:10
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Le Dossier 51 https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dossier_51_(film) "Michel Deville a vu le film refusé sur scénario par de nombreux producteurs français, qui lui ont conseillé d'abandonner le projet" :-)

à écrit le 03/06/2024 à 14:37
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Après des hausses successives une si faible baisse ne changera pas grand 'chose pour les crédits.

à écrit le 03/06/2024 à 10:04
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"offrant un bol d'air aux ménages et aux entreprises" Non pour que nos milliardaires puissent s'arroser de toujours plus de milliards. Et ces gens là guident l'humanité.

le 04/06/2024 à 11:28
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Si t'es milliardaire t'as pas besoin d'emprunter !

le 04/06/2024 à 11:44
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Sauf si ça te rapporte encore plus de milliards, Vous en êtes au stade de faire du fric sur des dettes sans que cela ne vous gène sémantiquement absolument pas ? Prends du recul sur ce tas de ruines économiques stp, merci. En tout cas il est évident ...

à écrit le 03/06/2024 à 9:31
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[L''inflation est repartie à la hausse en mai dans la zone euro, à 2,6% sur un an après 2,4%] Eh tu te caches où de Galhau? Tu ne crois toujours pas à la "théorie du dernier kilomètre"? 🤡 Faut-il se réjouir à présent de voir la BCE s'écarter de la re...

à écrit le 03/06/2024 à 8:48
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C'est beaucoup 0,15% de baisse de taux ?

à écrit le 03/06/2024 à 8:10
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Le bol d’air est surtout offert aux états impécunieux.. Perso, je n’ai pas 3000 milliards de dettes!

le 03/06/2024 à 10:05
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3 000 000 000 000 d'euros à payer à la fin de la semaine c'est impossible pour la France et les français : c'est du 45 000 euros par français . Par contre, 3 000 000 000 000 d'euros à payer en crédit sur 20 ans c'est 150 millions par ans répartie pa...

à écrit le 03/06/2024 à 7:38
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"offrant un bol d'air aux ménages et aux entreprises" Non pour que nos milliardaires puissent s'arroser de toujours plus de milliards. Et ces gens là guident l'humanité.

le 03/06/2024 à 9:28
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Ce sont les ménages et les entreprises qui empruntent , pas les milliardaires.

le 03/06/2024 à 10:04
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Les banques centrales prêtent aux milliardaires pour qu'ils prêtent aux États et tu le sais très bien et tue me fatigues.

le 03/06/2024 à 11:00
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Les banques centrales prêtent aux milliardaires, on aura tout entendu de la part de l’amateur de ricard.

le 03/06/2024 à 17:09
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Le Dossier 51 https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dossier_51_(film) "Michel Deville a vu le film refusé sur scénario par de nombreux producteurs français, qui lui ont conseillé d'abandonner le projet" :-)

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