[Article publié le vendredi 21 juin 2024 à 13h16 et mis à jour à 15h03] L'Ukraine et la Moldavie feront-elles bientôt partie de l'Union européenne ? Les 27 pays de l'UE ont confirmé l'ouverture mardi prochain de négociations d'adhésion avec ces deux pays, a annoncé ce vendredi la présidence belge du Conseil de l'UE sur le réseau X.
Les ministres des Finances de l'UE, réunis vendredi à Luxembourg, ont adopté le cadre de négociations avec ces deux pays candidats, confirmant un accord de principe de leurs ambassadeurs à Bruxelles trouvé la semaine dernière. Cet accord ouvre la voie à l'ouverture formelle des négociations mardi à Luxembourg, a-t-on précisé de même source. Les Vingt-Sept ouvriront d'abord les négociations avec l'Ukraine, puis avec la Moldavie, selon une source diplomatique.
La Commission européenne a estimé le 7 juin que l'Ukraine et la Moldavie avaient rempli toutes les conditions préalables à une ouverture de négociations formelles. L'exécutif européen avait notamment réclamé de Kiev des mesures pour lutter contre la corruption et l'emprise des oligarques. La Commission avait également demandé une meilleure prise en compte des minorités, une mesure réclamée avec insistance par Budapest, en raison de la présence en Ukraine d'une communauté hongroise.
Volodymyr Zelensky, a salué vendredi l'ouverture prévue la semaine prochaine des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
« Nous attendons avec impatience la semaine prochaine, le 25 juin, lorsque l'Ukraine et l'UE tiendront leur première conférence intergouvernementale, ce qui marquera le début effectif du processus de négociation », a-t-il expliqué sur X, saluant la réalisation d'un « rêve européen ».
La Hongrie a longtemps fermé la porte à l'Ukraine
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne avaient ouvert la voie à de telles négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie, deux anciennes républiques soviétiques, à la mi-décembre 2023. Mais la Hongrie freinait jusque-là l'ouverture formelle des négociations avec l'Ukraine, jugeant que les conditions n'étaient pas réunies. Et l'heure comptait, car la présidence belge prend fin le 30 juin et ce n'est autre que la Hongrie qui prendra le relais jusqu'à la fin de l'année.
Budapest a également mis de nombreux bâtons dans les roues à ses camarades européens en bloquant des aides destinées à l'Ukraine. L'aide militaire à l'Ukraine, que les Européens ont décidé d'augmenter de 5 milliards d'euros en mars, était encore totalement bloquée par un veto hongrois fin mai. Environ « 41% de toutes les décisions prises par l'UE sur l'Ukraine sont actuellement bloquées par la Hongrie », s'est insurgé à ce moment le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis.
Pour justifier son veto, la Hongrie a avancé plusieurs raisons, dont la dernière en date évoque des discriminations dans le traitement des entreprises hongroises par l'Ukraine, a expliqué le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna.
Une longue étape
De son côté, la France a continué d'apporter son soutien concernant l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Début juin, Emmanuel Macron avait même promis que « la France continuera » d'appuyer « l'Ukraine dans toutes les enceintes », notamment « au niveau européen, pour tenter d'obtenir le lancement effectif des négociations d'adhésion d'ici la fin du mois ».
Mais l'ouverture de négociations reste une étape dans un processus d'adhésion long et ardu. Une éventuelle entrée dans l'UE de l'Ukraine, un pays de plus de 40 millions d'habitants, et une puissance agricole, pose de nombreuses difficultés, à commencer par celle des aides financières.
L'Ukraine subit de lourdes pertes
L'UE a accordé en juin 2022 à l'Ukraine le statut de candidat à l'adhésion, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de la guerre déclenchée par Moscou, ainsi qu'à la Moldavie voisine.
L'ouverture des négociations a aussi une visée symbolique forte, alors que la Russie continue d'avancer sur le terrain. Depuis l'automne, Moscou a pris l'initiative sur le front, à la faveur d'une armée ukrainienne en sous-effectif et en manque de munitions. Le 10 mai dernier, les Russes ont lancé d'importants assauts terrestres dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, remportant leurs gains territoriaux les plus importants en 18 mois avant d'être freiné par les défenses ukrainiennes. Selon Kiev, l'armée russe subit de lourdes pertes mais avec 700.000 personnels militaires déployés dans la zone de guerre, Moscou dispose d'un avantage numérique.
Signe d'un renforcement toujours plus important avec l'Europe, la présidence ukrainienne a annoncé mercredi la signature « dans un avenir proche » d'un accord de sécurité avec l'Union européenne, le dernier en date d'une série d'agréments ratifiés entre Kiev et ses partenaires occidentaux.
(Avec AFP)