Barrières commerciales : Christine Lagarde fait part de sa « préoccupation » face à leur nombre croissant

La présidente de la BCE a mis en garde mardi sur le nombre croissant de restrictions gouvernementales au commerce international. Selon elle, il y a eu « plus de 3.000 mesures de protection commerciale (décidées) au cours des deux dernières années (dans le monde) ». Cette inflation des barrières commerciales est d'après Christine Lagarde une « préoccupation » pour l'Europe, « grande économie ouverte ».
La présidente de la BCE, Christine Lagarde.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde. (Crédits : Wolfgang Rattay)

Christine Lagarde alerte ce mardi sur le nombre croissant des barrières commerciales dans le monde. Selon la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), les restrictions gouvernementales au commerce international vont affecter l'Europe bien plus que d'autres économies moins ouvertes.

Il y a eu « plus de 3.000 mesures de protection commerciale (décidées) au cours des deux dernières années (dans le monde), ce qui représente environ cinq fois la moyenne normale », a-t-elle déclaré lors d'un forum annuel de la BCE organisé à Sintra, au Portugal.

Les obstacles au commerce, souvent motivés par des rivalités géopolitiques selon l'ONU, peuvent prendre de nombreuses formes : tarifs douaniers, contraintes administratives, licences d'importation et autres mesures de défense commerciale parfois non conformes aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), inapte à les résoudre selon Christine Lagarde.

Crainte sur la productivité

Cette inflation des barrières commerciales est une « préoccupation parce que le commerce alimente la croissance et parce que l'Europe dans son ensemble (...) est une grande économie ouverte », a ajouté l'ancienne directrice du FMI. Aussi, les restrictions commerciales « vont affecter l'Europe bien plus que d'autres pays qui fonctionnent sans ce degré d'ouverture et de vulnérabilité ».

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Autre élément souligné, le commerce favorise habituellement l'innovation, indispensable à la productivité. Aussi la réduction des échanges, en nuisant à la croissance et à la capacité à innover, va empêcher in fine « d'améliorer la productivité », ce qui constitue une « vulnérabilité pour l'Europe », a-t-elle argué.

L'Europe doit se « battre avec vigueur » pour la productivité, a insisté Christine Lagarde, soulignant que ce n'est pas sans lien avec la lutte contre l'inflation. Face à une productivité faible en zone euro, la hausse des salaires pourrait renchérir le coût unitaire du travail et donc faire repartir l'inflation, du moins freiner son repli, déclarait en début d'année Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE.

Donald Trump promet des hausses des droits de douane

Aux États-Unis, de nombreux économistes s'attendent à voir l'inflation repartir si le républicain Donald Trump, qui promet des hausses des droits de douane, revient en novembre à la Maison Blanche.

L'approche de l'ancien président américain peut se résumer en une formule : baisser les taxes et financer cette réduction d'impôts par une hausse généralisée des droits de douane sur l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis.

Pour Donald Trump, qui s'érige « grand défenseur des droits de douane », ces derniers peuvent être utiles pour lutter contre les « pays qui tentent de profiter de nous », citant la Chine. Cela peut aussi servir de levier de négociation avec les autres Etats.

Concrètement, les droits de douane pour l'ensemble des produits entrants aux Etats-Unis passeraient à 10%, certains, en particulier des produits chinois, allant jusqu'à 60%. Selon les données du ministère du Commerce, les Etats-Unis ont importé plus de 3.800 milliards de dollars de biens et services en 2023.

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Droits de douane sur les véhicules électriques chinois

Cette préoccupation de Christine Lagarde intervient moins d'un mois après que l'UE a annoncé jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, jusqu'ici taxés à hauteur de 10% dans l'UE.

L'Allemagne, très engagée en Chine, a bataillé avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions, craignant des représailles. La France et l'Espagne ont au contraire poussé pour des mesures ciblées et proportionnées.

Bruxelles prévoit d'ajouter des droits compensateurs de 17,4% au fabricant chinois BYD, 20% à Geely et 38,1% à SAIC, au terme de près de neuf mois d'enquête. Pour les autres constructeurs, un droit moyen de 21% devrait s'appliquer. Son montant diffèrera selon les niveaux de subventions publiques perçus.

Aux États-Unis, le président Joe Biden a de son côté annoncé le 14 mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment, transformant le marché américain en forteresse où le champion national Tesla règne sans partage.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 03/07/2024 à 11:04
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Que le FMI se rassure, nous français, il y a bien longtemps que nous avons compris que les concepts comme : innovation et productivité étaient obsolètes. Investir dans le R/D mais cela c'etait bon pendant les révolutions industrielles au 19 siècles,...

à écrit le 02/07/2024 à 21:19
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Le libre-échange , c'est la doctrine qui veut que l'occident se concentre sur la haute valeur ajoutée et est aidée en cela par le fait que les produits manufacturés en Chine ne sont pas taxés et donc sont moins chers que si on les achetaient à des us...

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