Allemagne : l'inflation repart à la baisse dans une économie toujours à la peine

L'inflation en Allemagne continue de ralentir en juin, après le sursaut de mai. Pour rappel, la Banque centrale européenne a entamé son cycle de baisse des taux le mois dernier.
L'inflation en Allemagne est repartie à la baisse en juin après le sursaut de mai.
L'inflation en Allemagne est repartie à la baisse en juin après le sursaut de mai. (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

L'inflation outre-Rhin poursuit sa décrue. L'indice des prix à la consommation en Allemagne a atteint 2,2% sur un an, soit 0,2 point de moins que le mois dernier, selon une estimation provisoire publiée ce lundi par l'institut de statistiques Destatis. Les analystes sondés par Factset tablaient eux sur une valeur de 2,4%, comme en mai.

Dans le détail, servant de référence à la BCE, l'indice global des prix harmonisé atteint 2,5%, également en baisse après 2,8% en mai. Très surveillé également par l'institution monétaire, le taux d'inflation hors alimentation et énergie s'élève à 2,9% en juin, contre 3% en avril et mai, continuant ainsi d'évoluer à un niveau bien supérieur à l'inflation globale depuis janvier 2024. Autrement dit, l'agrégat mettra encore du temps à atteindre la cible de moyen terme de 2% visée par la BCE.

« Il y aura encore des hauts et des bas, mais dans l'ensemble, la tendance va dans la bonne direction », commente Fritzi Köhler-Geib, économiste de la banque d'investissement KFW.  Par ailleurs, l'Euro 2024 de football organisé par l'Allemagne depuis la mi-juin, et son cortège de touristes, « n'a pas eu d'effet inflationniste », ajoute-t-elle.

Les services à forte intensité de main-d'œuvre, dont les prix ont augmenté en juin de 3,9%, comme en mai, empêchent l'inflation de descendre plus vite vers sa cible. Pour les prix des marchandises (+0,8%), de l'alimentation (+1,1%) et de l'énergie (-2,1%), la tendance est, en revanche, à l'accalmie sur un an, grâce notamment à la réduction des goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement.

Une économie morose

Le recul de l'inflation allemande apparaît comme une bonne nouvelle pour l'économie du pays. En effet, cette dernière reste atone depuis plusieurs mois. Son industrie souffre d'une crise multiforme, entre coûts élevés de l'énergie, faible demande domestique, et difficultés du commerce international. Le renchérissement du crédit et l'incertitude politique, sur fond de divisions internes au gouvernement entre sociaux-démocrates, Verts et libéraux du FDP sur la politique budgétaire, freinent les investissements. Le taux de chômage a également légèrement augmenté en Allemagne en juin, pour la première fois depuis décembre

Une lente reprise est, certes, annoncée depuis le début du deuxième trimestre, grâce à une hausse de la consommation, des exportations et l'assouplissement de la politique monétaire de la BCE.  Mais une série d'indicateurs font désormais douter de son imminence. Attendu en hausse, le moral des entrepreneurs et le moral des consommateurs ont en effet légèrement baissé en juin en Allemagne. Le rebond pour cette année s'annonce de toute façon très faible. Berlin table sur seulement 0,3% de croissance. C'est bien moins que les prévisions de Bruxelles pour la zone euro, de 0,8% cette année, puis 1,4% l'an prochain.

Vers une prochaine baisse des taux ?

Plus largement en zone euro, malgré un regain d'inflation le mois dernier à 2,6%, la BCE a décidé en juin de baisser pour la première fois en près de cinq ans ses taux directeurs. Cette décision a été assortie d'un discours très prudent pour la suite, car l'inflation devrait « rester supérieure à l'objectif » de 2% et ce, « pendant une grande partie de l'année prochaine », selon la banque centrale.

Néanmoins, la perspective d'une nouvelle baisse fait de moins en moins de doute. La semaine dernière, le gouverneur de la Banque de Slovaquie a rassuré les marchés. Pourtant favorable à une politique monétaire rigoureuse, il a annoncé jeudi dernier : « Je pense que nous pouvons nous attendre à une nouvelle baisse des taux cette année ».

Si la déclaration du gouverneur laisse penser qu'une baisse supplémentaire des taux de la BCE lors de sa réunion de politique monétaire du 18 juillet est improbable, elle confirme que la Banque centrale européenne est bel et bien entrée dans un cycle d'assouplissement.

Les marchés parient sur trois baisses

De leur côté, les marchés monétaires tablent actuellement sur une baisse totale des taux de la BCE de 68 points de base cette année, tandis que la probabilité d'une troisième baisse après celle de juin et celle attendue en septembre est d'environ 70%.

La BCE pourrait « ne réduire ses taux qu'une fois par trimestre pour ramener le taux de dépôt à 3,25 % fin 2024 », estimait Holger Schmieding, chez Berenberg, début juin.

« Nous aurons sûrement une deuxième baisse, au mieux en septembre, et si l'inflation continue de baisser, nous en aurons éventuellement une autre en décembre », anticipait de son côté l'analyste d'IG France, Alexandre Baradez, interrogé par La Tribune plutôt ce mois-ci.

(Avec AFP)

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