Retraites : un sujet explosif au coeur des législatives anticipées

La retraite est un des sujets phares de cette campagne. Entre la promesse d'un retour à un départ à 60 ans, l'abrogation de la réforme Macron, ou encore la nécessité de passer par plus de capitalisation, les propositions vont bon train. Revue de détails.
Fanny Guinochet
La part des seniors ni en emploi, ni à la retraite est de 28 %, selon l'Insee.
La part des seniors ni en emploi, ni à la retraite est de 28 %, selon l'Insee. (Crédits : Rocketclips)

Sujet qui intéresse tous les Français, à quelques jours du premier tour des législatives anticipées, la retraite est l'objet de toutes les attentions. Chaque camp y va de sa promesse. Avec plus ou moins de crédibilité.

Au Rassemblement national, priorité aux carrières longues

Alors qu'il présentait les grands axes de son programme, Jordan Bardella, du Rassemblement national a précisé ses intentions en matière de retraite. Ainsi, le président du mouvement de Marine Le Pen a redit ce qu'il avait déjà énoncé la semaine dernière alors qu'il était auditionné par les organisations patronales.

Sa priorité est aux carrières longues dès l'automne : « les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans », a-t-il assuré, à l'occasion d'une conférence de presse ce lundi matin 24 juin. Soit près de 130 000 personnes, selon la Cnav.

Et si la coalition menée par le RN parvient au pouvoir le 7 juillet prochain, la réforme des retraites adoptée en 2023 par Emmanuel Macron sera abrogée d'ici à cet automne, promet encore le leader d'extrême droite.

...et la réforme Macron dans le viseur, si les finances le permettent

Au motif, selon lui, que cette réforme présente « des coûts cachés, deux tiers des actifs de plus de 60 ans étant sans emploi. Le report de l'âge légal comme prévu par le président de la République entraîne de fait une augmentation de la dépense sociale, elle sera donc en principe abrogée ». Un diagnostic qui n'est pas exact puisque la part des personnes de plus de 60 ans a beaucoup augmenté ces dernières années, et que la part de ces seniors ni en emploi, ni à la retraite est de 28 % selon l'Insee.

Reste que dans la présentation du programme du RN, l'âge de départ à la retraite, reviendrait donc à 62 ans, avec 42 années de cotisation au maximum. La promesse sera toutefois conditionnée à l'état des finances de la France, dont le RN prendra la mesure après avoir fait un audit des comptes cet été.

Une façon pour le RN de se laisser une porte de sortie en disant qu'il verrait dans un second temps... Sous entendu, si l'état des caisses ne permet pas de ramener la retraite à 60 ans pour tous, ou même à 62 ans, on se ravisera, et on restera dans le système actuel. De quoi susciter des désillusions chez les électeurs.

Chez Horizon, la nécessité d'aller un cran plus loin....

Ce week-end , Edouard Philippe, pour « Horizons » a, lui, promis qu' il faudra aller un cran plus loin que la réforme actuelle. Un discours plus réaliste mais à revers des autres formations politiques qui font plutôt miroiter des départs à la retraite bien avant 64 ans.

Même s'il conçoit que ce n'est pas très populaire, l'ancien premier ministre assure ainsi qu'il faudra un « nouveau système » au-delà de celui qui fonctionne aujourd'hui. Sinon « nous serons inéluctablement portés à repousser l'âge de départ ». Et le maire du Havre d'expliquer que face au vieillissement de la population française, l'équation démographique des retraites ne tiendra pas !

... car les comptes des retraites sont dans le rouge

Et pour cause, le système par répartition actuel, basé sur les actifs qui paient les pensions des retraités d'aujourd'hui est déjà sous tension, alors que la France compte plus de 17 millions de 60 ans et plus, soit presque un tiers de la population et que ce nombre augmente très vite.

Surtout, même avec la réforme des retraites d'Emmanuel Macron en 2023, les comptes s'enfoncent dans le rouge. Selon la cour des Comptes, le déficit passerait d'1 milliard et demi l'an dernier à plus de 10 milliards d'ici 2027. D'où l'idée, avancée par Edouard Philippe, de favoriser un système où les gens mettent eux-mêmes, individuellement, de l'argent de côté pour leur retraite, sur des plans épargne, des assurances vie... etc. La capitalisation existe déjà en partie - dans les systèmes de retraites d'entreprise -, mais Edouard Philippe laisse entendre qu'une des voies possibles pour maintenir le niveau des pensions serait de l'encourager.

Pas de changement chez les macronistes

Dans le camp de la majorité, les macronistes, eux, s'en tiennent à la retraite d'Emmanuel Macron, qui leur a tant coûté politiquement. En 2023, le conflit autour de la réforme a duré plusieurs mois. La promesse phare en la matière portée par Gabriel Attal est une indexation automatique des pensions. Pour rappel, cette année, la majorité a augmenté les pensions de 5,3%, soit un coût de 15 milliards d'euros pour les finances publiques.

Au Nouveau Front populaire, objectif :  60 ans !

« Dès son arrivée au pouvoir, le Nouveau Front populaire abrogera les décrets mettant en application la réforme des retraites », est-il écrit dans le document chiffrant les mesures du Nouveau Front populaire, présenté à la presse ce vendredi 21 juin.

Le message est prometteur, alors même qu'il est formellement impossible de revenir par décret sur une loi adoptée - fut-elle en 49.3 - à l'Assemblée nationale. Il n'empêche, si elle gagne les élections législatives, l'alliance des gauches veut abroger l'âge de départ de 64 ans, pour le ramener dès cet été, à 62 ans.

Vendredi, lors de la présentation du chiffrage du programme du Front de gauche, le coût d'une telle décision n'a pas été précisé.

Fanny Guinochet
Commentaires 29
à écrit le 27/06/2024 à 8:14
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Quelle inculture économique que de proposer une retraite à 60 ans, c’est toujours possible mais dans ce cas là faites vous un matelas d’euros pour en avoir une

à écrit le 26/06/2024 à 8:54
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C'est bien la question : les régimes de retraite sont mal financés, et l'Etat bouche le trou tous les ans, en s'endettant toujours plus. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Sauf que ce qui refusent les réformes sont aussi les premiers à critiquer l...

à écrit le 25/06/2024 à 15:01
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Imaginons que le RN gagne et qu'il propose la retraite à 62 ans et 60 ans pour les carrières longues ,est-ce que les syndicats qui appellent tous à voter aux législatives contre le RN seront favorablement à ces mesures qui pourtant devraient les sati...

le 26/06/2024 à 8:53
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@lachose : bien vu ! il faudrait que les syndicats abandonnent leurs oeillères idéologiques : c'est trop révolutionnaire pour eux, qui sont fondamentalement conservateurs.

à écrit le 25/06/2024 à 10:54
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Pas tous d'accord sur la solution !

à écrit le 25/06/2024 à 9:16
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le seul vrai sujet, c'est que les retraites c'est un schema de ponzi, et on commence a se rendre compte ' a la surptise generale', que c'est d'autant moins finance que le nombre de retraites va exploser, mais pas le nombre d'actifs........la suite es...

à écrit le 24/06/2024 à 20:47
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La réforme des retraites relève du temps long. Le lancement de la nouvelle mouture de la réforme des retraites n'était donc pas souhaitable puisque la réforme Touraine continuait son bonhomme de chemin sans provoquer aucune crise dans le pays, et ...

à écrit le 24/06/2024 à 18:53
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Et pour ceux qui ont alterné régime des fonctionnaires et secteur privé, c'est la catastrophe. Nous sommes obligés d'épargner comme des malades pour nous faire notre propre retraite. Ah ! si j'avais su ......!!!!!

le 24/06/2024 à 20:27
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Comme moi.. ex cheminot passe au privé depuis 15 ans …d autant que nous cumulons la décote des deux côtés chaque régime privé ou public refuse de reconnaître les annuités de l autre .. en clair je cumule 7 % dans le privé et 9% chez Sncf de décote...

le 24/06/2024 à 20:27
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Comme moi.. ex cheminot passe au privé depuis 15 ans …d autant que nous cumulons la décote des deux côtés chaque régime privé ou public refuse de reconnaître les annuités de l autre .. en clair je cumule 7 % dans le privé et 9% chez Sncf de décote...

le 25/06/2024 à 9:12
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Tu peux signer la pétition "stop à la spoliation des retraites des polypensionnés". C'est une honte pour notre démocratie. Bon courage.

le 26/06/2024 à 6:28
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...... C'est une honte pour notre démocratie ..... Bonnets rouges, gilets jaunes, agriculteures, viniculteurs, sncf, AF, contrôleurs aériens, etc., qui font chanter le gouvernement elu et entravent la vie d'autres citoyens. Democratie a la francaise.

à écrit le 24/06/2024 à 18:47
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Vu l’état des finances du pays Ne pas changer les bornes d’âge des retraites qui ont été votées c’est une évidence Mettre en place la retraite par capitalisation pour tous qui pourra financer dans le futur une date plus précoce de départ à la retra...

le 24/06/2024 à 19:40
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Aux USA où existe la capitalisation, on cotise volontairement en plus du système de retraite comme chez nous.

à écrit le 24/06/2024 à 18:30
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Comment se fait-il que l'on fasse confiance aux politiques pour gérer et décider de la retraite des gens qui travaillent ? Dans le privé quand on est salarié il y a un système "AGIRC-ARRCO" qui fonctionne et qui est géré par les partenaires sociaux ...

le 25/06/2024 à 8:48
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Cher ami le privé en France vit aussi de la commande publique .. on va arrêter le robinet des financements publics …une boîte comme la Sncf c est 15 milliards d achats par an … avec 30000 fournisseurs .. si demain elle arrête ces achats combien cr...

à écrit le 24/06/2024 à 18:13
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On peut passer aux 60 ans si on termine 5 millions de retraités et après 1 million par an tous les ans. On pourrait faire un référendum.

le 24/06/2024 à 21:20
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Ce serait ce qu'il faudrait faire, mais pour se faire élire avec un tel programme vu le poids des retraités dans l'électorat, pas gagné!

à écrit le 24/06/2024 à 18:03
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Aucun des candidats ne peut tenir ses promesses. Ils mentent. Les entreprises et les riches fuient le pays. Allez en Grèce, peut-être il y a la-bas du travail pour les Français. Ouvrez les yeux, la France est en faillite.

le 24/06/2024 à 18:18
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Idée reçue et fausse les riches sont trop bien traités pour vouloir quitté notre pays , regardez le classement des grandes fortunes françaises leurs patrimoines augmentent chaque année trois plus vite que l'inflation ce qui veut dire que la pression ...

à écrit le 24/06/2024 à 17:34
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L'âge de 65 ans avait été décidé avec l'espoir de ne pas verser la retraite; celui de 60 ans pour régler celui du chômage et de la mise en danger de l'assurance chômage. Revenir à 60 ans oublie le danger représenté par le boom des naissances et les "...

le 24/06/2024 à 22:31
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Le problème n'est pas tant le coût du travail que la propension du privé à descendre en gamme à la première difficulté venue, c'est comme ça qu'à force, le privé vit passablement aux crochets de l'Etat....

à écrit le 24/06/2024 à 17:12
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En fait LA question des Retraites c' est uniquement celle des fonctionnaires et assimilés . Ma caisse de retraite était bien gérée et l' Etat voulait mettre la main sur elle !

à écrit le 24/06/2024 à 17:06
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Comment oublier que nos élus se sont tous augmentés leurs salaires et avantages après avoir baisser toutes nos retraites ? Un numéro de claquettes de suffira pas.

à écrit le 24/06/2024 à 16:40
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Comme il faudrait aussi le faire sur les allocations chômage, il serait temps de penser à plafonner les retraites, les complémentaires n'ont qu'à prendre le relai. De toute façon le plus souvent les grosses retraites ont aussi plein de patrimoine.

le 25/06/2024 à 8:49
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D'autant plus que les retraités ont tendance à placer l'argent en épargne improductive et donc ça ne ruisselle pas...

à écrit le 24/06/2024 à 16:20
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C'est en fait la raison de la dissolution car les députés macronistes avaient mis sur la table la question du gel des pensions dans le cadre du budget 2025, ce qui aurait suscité la fureur de l'électorat et sans doute conduit à second tour RN/LFI en ...

le 25/06/2024 à 10:38
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Fake news !

le 25/06/2024 à 13:02
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@marc469 En 2025, les retraités français devront faire face à une nouvelle réalité : le gel de leurs pensions. Après une augmentation en 2024, la décision du gouvernement de ne pas revaloriser les retraites l'année suivante s'annonce comme un défi...

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