Sujet qui intéresse tous les Français, à quelques jours du premier tour des législatives anticipées, la retraite est l'objet de toutes les attentions. Chaque camp y va de sa promesse. Avec plus ou moins de crédibilité.
Au Rassemblement national, priorité aux carrières longues
Alors qu'il présentait les grands axes de son programme, Jordan Bardella, du Rassemblement national a précisé ses intentions en matière de retraite. Ainsi, le président du mouvement de Marine Le Pen a redit ce qu'il avait déjà énoncé la semaine dernière alors qu'il était auditionné par les organisations patronales.
Sa priorité est aux carrières longues dès l'automne : « les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans », a-t-il assuré, à l'occasion d'une conférence de presse ce lundi matin 24 juin. Soit près de 130 000 personnes, selon la Cnav.
Et si la coalition menée par le RN parvient au pouvoir le 7 juillet prochain, la réforme des retraites adoptée en 2023 par Emmanuel Macron sera abrogée d'ici à cet automne, promet encore le leader d'extrême droite.
...et la réforme Macron dans le viseur, si les finances le permettent
Au motif, selon lui, que cette réforme présente « des coûts cachés, deux tiers des actifs de plus de 60 ans étant sans emploi. Le report de l'âge légal comme prévu par le président de la République entraîne de fait une augmentation de la dépense sociale, elle sera donc en principe abrogée ». Un diagnostic qui n'est pas exact puisque la part des personnes de plus de 60 ans a beaucoup augmenté ces dernières années, et que la part de ces seniors ni en emploi, ni à la retraite est de 28 % selon l'Insee.
Reste que dans la présentation du programme du RN, l'âge de départ à la retraite, reviendrait donc à 62 ans, avec 42 années de cotisation au maximum. La promesse sera toutefois conditionnée à l'état des finances de la France, dont le RN prendra la mesure après avoir fait un audit des comptes cet été.
Une façon pour le RN de se laisser une porte de sortie en disant qu'il verrait dans un second temps... Sous entendu, si l'état des caisses ne permet pas de ramener la retraite à 60 ans pour tous, ou même à 62 ans, on se ravisera, et on restera dans le système actuel. De quoi susciter des désillusions chez les électeurs.
Chez Horizon, la nécessité d'aller un cran plus loin....
Ce week-end , Edouard Philippe, pour « Horizons » a, lui, promis qu' il faudra aller un cran plus loin que la réforme actuelle. Un discours plus réaliste mais à revers des autres formations politiques qui font plutôt miroiter des départs à la retraite bien avant 64 ans.
Même s'il conçoit que ce n'est pas très populaire, l'ancien premier ministre assure ainsi qu'il faudra un « nouveau système » au-delà de celui qui fonctionne aujourd'hui. Sinon « nous serons inéluctablement portés à repousser l'âge de départ ». Et le maire du Havre d'expliquer que face au vieillissement de la population française, l'équation démographique des retraites ne tiendra pas !
... car les comptes des retraites sont dans le rouge
Et pour cause, le système par répartition actuel, basé sur les actifs qui paient les pensions des retraités d'aujourd'hui est déjà sous tension, alors que la France compte plus de 17 millions de 60 ans et plus, soit presque un tiers de la population et que ce nombre augmente très vite.
Surtout, même avec la réforme des retraites d'Emmanuel Macron en 2023, les comptes s'enfoncent dans le rouge. Selon la cour des Comptes, le déficit passerait d'1 milliard et demi l'an dernier à plus de 10 milliards d'ici 2027. D'où l'idée, avancée par Edouard Philippe, de favoriser un système où les gens mettent eux-mêmes, individuellement, de l'argent de côté pour leur retraite, sur des plans épargne, des assurances vie... etc. La capitalisation existe déjà en partie - dans les systèmes de retraites d'entreprise -, mais Edouard Philippe laisse entendre qu'une des voies possibles pour maintenir le niveau des pensions serait de l'encourager.
Pas de changement chez les macronistes
Dans le camp de la majorité, les macronistes, eux, s'en tiennent à la retraite d'Emmanuel Macron, qui leur a tant coûté politiquement. En 2023, le conflit autour de la réforme a duré plusieurs mois. La promesse phare en la matière portée par Gabriel Attal est une indexation automatique des pensions. Pour rappel, cette année, la majorité a augmenté les pensions de 5,3%, soit un coût de 15 milliards d'euros pour les finances publiques.
Au Nouveau Front populaire, objectif : 60 ans !
« Dès son arrivée au pouvoir, le Nouveau Front populaire abrogera les décrets mettant en application la réforme des retraites », est-il écrit dans le document chiffrant les mesures du Nouveau Front populaire, présenté à la presse ce vendredi 21 juin.
Le message est prometteur, alors même qu'il est formellement impossible de revenir par décret sur une loi adoptée - fut-elle en 49.3 - à l'Assemblée nationale. Il n'empêche, si elle gagne les élections législatives, l'alliance des gauches veut abroger l'âge de départ de 64 ans, pour le ramener dès cet été, à 62 ans.
Vendredi, lors de la présentation du chiffrage du programme du Front de gauche, le coût d'une telle décision n'a pas été précisé.