Législatives  : gauche et majorité présidentielle condamnées à s'entendre pour faire barrage au RN

Par latribune.fr  |   |  655  mots
Tout plutôt que le « projet funeste » du RN, c'est également la ligne défendue par l'actuel locataire de Matignon, Gabriel Attal. (Crédits : © LTD / Eliot Blondet/ABACA POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)
Après le premier tour des législatives, gauche et macronie appellent à des désistements au second tour pour empêcher le RN d'obtenir la majorité absolue et d'accéder à Matignon. Reste que de nombreuses personnalités de la majorité présidentielle refusent d'apporter un soutien à des candidats LFI.

Le salut de François Ruffin, candidat à sa réélection de député dans la Somme, pourrait venir du désistement de la candidate « Ensemble pour la République », Albane Branlant, en sa faveur. Le score de celui qui a refusé l'investiture de la France insoumise est de 33,92% des voix au premier tour, près de sept points derrière la candidate RN. Il aura donc bien besoin des 15% obtenus dans cette circonscription par la majorité présidentielle.

Un exemple qui symbolise les dilemmes qui se posent, tant pour la macronie que le Nouveau Front populaire dans plus de 300 circonscriptions, en situation de triangulaire. Les candidats encore en lice ont jusqu'à mardi 18h00 pour décider de se maintenir, ou pas.

Un désistement du candidat LFI au profit d'Elisabeth Borne

Certains n'ont pas attendu cette deadline. En gage de bonne volonté, le candidat LFI de la 6e circonscription du Calvados a annoncé son retrait au profit de l'ex-Première ministre, Elisabeth Borne. « Nous allons la sauver », a même affirmé le patron du PS Olivier Faure.

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Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'Etat chargé de la Ville et Marie Guévenoux, ministre des Outre-Mer, ont déjà choisi de se désister en faveur de la gauche. Dans la 9e circonscription, l'écologiste Julie Ozenne est arrivée en tête avec 37,6% des voix, devant le RN Paul-Henri Merrien (29,96%) et Marie Guévenoux (27,11%)

« Il faut tout faire pour faire gagner les candidats issus de l'arc républicain en mesure de l'emporter dimanche prochain », a plaidé la ministre des Outre-mer dans un communiqué.

Du côté du Nouveau Front populaire, les partis ont déjà donné une consigne claire : tout candidat arrivé en troisième position devra se retirer. Mais pour LFI, cela vaudra là où le RN est « arrivé en tête » a précisé Jean-Luc Mélenchon.

Le camp présidentiel sera présent « dans plusieurs centaines de circonscriptions »

Tout, plutôt que le « projet funeste » du RN, c'est également la ligne défendue par l'actuel locataire de Matignon, Gabriel Attal, qui a lui aussi reconnu que « cela passera par le désistement de ses candidats » en « troisième position ».

Mais seulement pour avantager « un autre candidat qui défend les valeurs de la République », a-t-il ajouté, soulignant que le camp présidentiel sera encore présent « dans plusieurs centaines de circonscriptions » dimanche prochain, et constituera « le meilleur choix pour éviter que le RN ne dispose d'une majorité absolue ».

Car en l'état, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d'au moins 240 sièges pour les troupes de Jordan Bardella, voire une courte majorité absolue jusqu'à 295 sièges.

Soutenir ou non des candidats LFI ? Le gouvernement divisé

Emmanuel Macron a exhorté à « un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour ». Sans préciser si LFI entre dans ce périmètre. Le ministre Roland Lescure a lui appelé à « tout faire » pour empêcher une majorité absolue du RN en prônant le désistement de « tous les collègues » de la majorité, arrivés en troisième position.

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Des positions à l'opposé de celle de la ministre Aurore Bergé, qui ne « votera jamais pour un LFI », ou de la présidente de l'Assemblée sortante Yaël Braun-Pivet qui « en aucun cas » ne « pourrait appeler » à voter pour « un certain nombre de candidats », qui ne « partagent » pas les valeurs de la majorité.

« Jamais une voix pour la France insoumise. Le combat contre le projet funeste du RN ne peut s'accommoder de la moindre compromission avec l'antisémitisme et la violence », a jugé Benjamin Haddad, en ballottage favorable à Paris. Le gouvernement aura une dernière occasion de se retrouver avant le second tour : le chef de l'Etat a convoqué ses ministres à l'Elysée à 12h00.

(AFP)