Le nouveau siège maudit des Républicains

Les locaux de LR sont au cœur d’une bataille judiciaire avec Éric Ciotti, toujours chef légal du parti, qui entrave le nouvel élan que Laurent Wauquiez veut donner à la droite.
Jules Pecnard
Éric Ciotti, président des Républicains.
Éric Ciotti, président des Républicains. (Crédits : © LTD / Stéphane Mahe/REUTERS)

Depuis le 13 juin, jour où les Français l'ont aperçu à une fenêtre du siège des Républicains, Éric Ciotti n'y a pas remis les pieds. Toujours président du parti aux yeux du droit, le député des Alpes-Maritimes sait l'accueil qui lui serait réservé. En s'alliant à Marine Le Pen après la dissolution de l'Assemblée nationale, l'ex-sarkozyste s'est aliéné sa famille politique. Des permanents LR l'ont repéré une fois devant le 4, place du Palais-Bourbon, à l'arrière d'une voiture. C'était en juillet, après le second tour des législatives. Le chauffeur d'Éric Ciotti a stationné une minute devant le QG, puis redémarré.

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L'une des rares traces récentes du Niçois a été laissée par quelqu'un d'autre : Alexandre Allegret-Pilot, député du Gard étiqueté À droite, le petit groupe ciottiste à la chambre basse. Cet ancien haut fonctionnaire de Bercy - épinglé par Le Monde au sujet d'une aide de 1,3 million d'euros accordée grâce à sa signature à une société fantôme s'est présenté chez LR en quête d'un bureau. Fraîchement élue, l'Assemblée est alors en pleine phase de redistribution de ses locaux. Éric Ciotti en a-t-il profité pour envoyer une taupe ? Ses proches assurent ne pas être au courant du quiproquo. Un peu stupéfaits, les salariés du parti ont gentiment rembarré Alexandre Allegret-Pilot. « Ici, c'est LR », lui ont-ils indiqué.

Cette résilience n'occulte pas la langueur ambiante. Quelques mois après avoir quitté le « siège maudit » de la rue de Vaugirard, la droite est de nouveau bloquée dans un immeuble incarnant presque physiquement sa crise structurelle. Dès le mois de février, certains dirigeants raillaient l'exiguïté des lieux. Le choix historique d'Éric Ciotti de se mettre à la remorque du Rassemblement national a ébranlé l'identité même de LR. La grande majorité des collaborateurs du mouvement ne l'a pas suivi. Plusieurs d'entre eux ont déserté le bâtiment, soit en exerçant un droit de retrait, soit en posant des congés ou des arrêts maladie. Durant les législatives, un noyau dur a tout de même assuré le minimum afin que les candidats aient des ressources pour faire campagne.

Le staff qui occupe les locaux représente une vingtaine de personnes. Le trésorier, Daniel Fasquelle, se montre disponible. La patronne de la commission d'investiture de LR, Michèle Tabarot, qui a beaucoup coordonné les législatives, s'enquiert à distance des tracas du parti. Depuis le 7 juillet, quasiment aucun des 47 députés du canal historique réunis sous la bannière Droite républicaine n'a fait de détour par la maison mère, pourtant en face du Palais-Bourbon. Cela inclut Laurent Wauquiez, président du groupe. Seule la secrétaire générale, Annie Genevard, est venue passer une tête. « Chacun fait sa vie », s'agace un conseiller, déplorant l'absence de reprise en main de la communication du mouvement.

Sur le plan juridique, on est coincés

Un cadre du parti

Le contentieux qui oppose les Républicains à leur chef déchu, accroché à son titre grâce à des statuts bonapartistes très avantageux, fige aussi la situation du siège. « Sur le plan juridique, on est coincés, constate un cadre. Il faudra attendre le jugement au fond, le 14 octobre, pour avancer. Ciotti n'attend que de se faire exclure par les tribunaux, ça le fera passer pour une victime. » En attendant, l'élu des Alpes-Maritimes, qui fera sa rentrée politique à Levens le 31 août, accentue la pression. Il envoie des demandes par courrier recommandé à la direction générale du parti. Il menace de consulter les militants LR, persuadé que la base préfère une alliance avec l'extrême droite au « pacte législatif » voulu par Laurent Wauquiez.

Éric Ciotti ne pouvant ni engager des dépenses au nom des LR ni avoir accès au fichier des adhérents, une telle démarche paraît douteuse. L'essentiel est ailleurs. « Il veut faire traîner pour emmerder les autres, résume un fidèle du Sudiste. Le fait d'être président légal lui permet de choisir son calendrier, sa stratégie. Chaque mois rapproche Wauquiez du mur. » Le député de la Haute-Loire, dont beaucoup jugeraient logique qu'il récupère le parti, sait que la marque LR est morte, endettée à hauteur de 8 millions d'euros. Si une refondation est toujours possible, il n'est pas sûr qu'elle se fasse à la même adresse.

Jules Pecnard
Commentaires 2
à écrit le 14/08/2024 à 12:07
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Un nouvel élan ? Des bouffes entre potes à 1000 euros le menu comme Wauquiez ou encore plus faste: des menus à 4000 euros avec plusieurs centaines de convives comme Macron ?

à écrit le 11/08/2024 à 17:20
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Ils ont préféré se désister en faveur de LFI et du nouveau front populaire. Alors ce qui peut leur arriver...

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