JO, crise politique : un défilé du 14-Juillet « adapté »

La traditionnelle parade militaire, marquée par un contexte de forte incertitude politique, aura lieu ce matin à Paris, sur l’avenue Foch en raison des Jeux olympiques.
Répétition du défilé mercredi, à Paris.
               
               Au premier plan, le régiment de marche du Tchad.
Répétition du défilé mercredi, à Paris. Au premier plan, le régiment de marche du Tchad. (Crédits : © LTD / JEAN-FRANÇOIS FREY/PHOTOPQR/L’ALSACE/MAXPPP)

Habituellement, seuls quelques clients plus ou moins tapageurs d'une célèbre discothèque parisienne perturbent le calme de l'avenue Foch. Mais depuis lundi, c'est un tout autre spectacle qui vient briser le silence de l'écrin paisible du XVIe arrondissement. En lieu et place des habituels Champs-Élysées, voilà une semaine que les 4 000 défilants du 14-Juillet s'y donnent rendez-vous à tour de rôle avant l'aube et s'échinent à répéter leur procession millimétrée. Ultimes révisions avant la grande représentation ce matin. Au loin, même l'Arc de Triomphe est présenté dans une asymétrie nouvelle, symbole d'une édition qui rompt avec les coutumes.

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Pour parler du défilé qu'il organise en partie, le général Éric Chasbœuf, adjoint au Gouverneur militaire de Paris, se refuse à employer le terme « réduit » et préfère le mot « adapté ». Face à l'impossibilité de défiler sur les Champs-Élysées - la place de la Concorde étant occupée par les Jeux olympiques -, c'est cette avenue longue de 600 mètres, aux appartements bourgeois et luxueux, qui a été préférée il y a dix mois. Moins large, elle a contraint le gouvernorat militaire de Paris à faire des choix. « Le volume des défilants à pied a été réduit de 20 %, et le défilé motorisé sera aussi écarté », reprend le général. Le défilé aérien reste quant à lui intact pour cette édition.

Olympisme et Libération

Aucun engin terrestre ne paradera en revanche devant une tribune présidentielle elle aussi réduite. Elle accueille habituellement environ 1 200 personnes, ils ne seront cette année qu'un peu plus de 500 à y siéger. Sa composition reste cependant à déterminer, situation politique oblige, qui pousse Emmanuel Macron à faire l'impasse sur sa traditionnelle interview. Aucun dirigeant étranger n'est attendu, à l'inverse des éditions précédentes.

Une absence de délégation étrangère motivée par les deux thèmes mis à l'honneur lors de ce défilé : les 80 ans de la Libération et l'olympisme et les armées. Les troupes mises en avant cette année s'inscrivent donc dans cette célébration de la délivrance de la France. Parmi elles, le commando Kieffer. Cette unité marine des forces spéciales née en 1942 puis dissoute en 1946 a été recréée en 2008. Dans ses rangs, l'aspirante Inès. Cagoulée, béret vert marqué de son écusson métallique sur la tête, elle participe à sa deuxième parade. Seuls ses yeux sont visibles, mais ils trahissent un enthousiasme manifeste. « C'est bien sûr une grande fierté de défiler pour cette unité mais aussi dans ce cadre beaucoup plus intimiste, car nous ne passons qu'à 3 mètres des tribunes. Je crois que c'était une dizaine l'an dernier. »

Le volume des défilants à pied a été réduit de 20 %, et le défilé motorisé est aussi écarté

Le général Éric Chasbœuf

Un cadre inhabituel qui permettra au défilé de présenter une nouvelle particularité dont Inès pourra profiter puisque les femmes seront mises en avant. En rupture avec les coutumes, les défilants seront classés du plus petit au plus grand pour garantir la coordination des troupes lors du virage à 170 degrés (contre 80 sur les Champs-Élysées) devant la tribune présidentielle.

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Source: ministère des Armées. Illustration : Camille Chauvin

Regain d'intérêt

Sélectionnée à partir d'un large éventail de possibilités, l'avenue ajoute une dimension supplémentaire à l'événement, le maréchal Foch étant un des artisans de la victoire française lors de la Première Guerre mondiale. Ainsi, les 4 000 défilants fouleront ce sol pavé qui accueille l'événement pour la première fois de son histoire dans une parade de plus de deux heures.

Dans son ensemble, le défilé du 14-Juillet a souvent été le théâtre d'expérimentations depuis la première édition en 1880. Organisé à l'hippodrome de Longchamp jusqu'en 1914, il ne se fixe définitivement qu'en 1980 sur l'avenue des Champs-Élysées. Mais malgré les changements, ce défilé demeure. « C'est le plus grand moment de rencontre entre l'armée et la nation, malgré les aléas politiques, comme ce peut être le cas aujourd'hui », expose Frédéric de Berthier de Grandry, historien et auteur du livre L'Histoire du défilé militaire du 14-Juillet à Paris, depuis 1880 (Éditions Pierre de Taillac)*.

Instauré au début de la IIIe République, il constituait, rappelle l'historien, un moyen pour l'armée française de prendre sa revanche contre l'Allemagne, dix ans après la défaite de 1870, et de marquer le retour de la puissance du pays. « L'armée française a vécu des moments difficiles, par exemple après la guerre d'Algérie, et les défilés de l'armée n'étaient pas tous vécus de la même manière, analyse encore l'écrivain, mais depuis une dizaine d'années il y a un gros regain d'intérêt. »

Un cru 2024 pour lequel « il a été clair très tôt de ne jamais envisager une baisse d'ambition » pour le général Éric Chasbœuf, et qui restera inédit jusqu'à l'animation finale. À la différence de l'année 1924, le défilé aura cette année son relais de la flamme olympique, assuré par le médaillé d'or aux JO de Rio lors du concours complet d'équitation par équipes, Thibaut Vallette. Devenu colonel et écuyer en chef du Cadre noir, il transmettra le flambeau à un élève d'un collège de Seine-Saint-Denis.

* Les bénéfices du livre sont reversés aux militaires blessés ou aux familles des militaires disparus.

Commentaires 6
à écrit le 15/07/2024 à 14:50
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Bonjour, une armée de terre prêt au combat... Dans le fantasme nous sommes très forts... Bien sûr, ils ne faut pas le dire... Ils y a certes les patriotes dans nos force armées, mais une grande partie sont la parce que ils n'y a pas trops de travai...

à écrit le 15/07/2024 à 7:43
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Comparaison n'est pas raison. Si on met ce cliche a cote de celui des troupes allemandes apres la prise de la capitale, defilant pratiquement au meme endroit, on se dit que l'armee francaise n'est plus grand'chose. Encore bravo au maitre des horlog...

à écrit le 14/07/2024 à 12:00
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Bonjour, avant toute chose, je reste surprise de la présence d'un officier américain adjoint au chef des troupes terrestre... Somme nous devenus les vassaux des USA . Totalement soumis à la volonté de l'oncle d'Amérique... Maintenant, la question e...

le 15/07/2024 à 7:45
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@Rogger. Et le fric, vous le trouvez ou ? Pas d'argent = pas d'armee.

à écrit le 14/07/2024 à 10:29
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Une armée française "déconstruite", surtout...Bollywood est en marche

le 16/07/2024 à 12:08
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Bonjour, malheureusement, votre remarque est pas fausse... La professionnalisation des forces armées est un échec... Non seulement nous avons de gros problème de recrutement, de fidélisation et de renouvellement de contrat... Bien sûr, ils ne faut ...

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