Éric Ciotti n'est pas quelqu'un de démonstratif. Sondé en petit comité sur la campagne de François-Xavier Bellamy à quelques jours du scrutin européen, le patron des Républicains s'est contenté de dire à ses interlocuteurs : « On sent quand même qu'il y a quelque chose. » Sibylline, la réponse traduit un sentiment diffus au sein de la droite. Celui que la tête de liste LR est parvenue, dans le dernier mois de la séquence électorale, à donner un peu de lustre à son camp. Du coup d'éclat face aux étudiants pro-Gaza de Sciences Po aux coups de gueule contre le poids médiatique de l'éculé duel Macron-Le Pen, François-Xavier Bellamy a tenté de se rendre visible. Car il le sait, son étiquette politique lui a fait courir, dès le départ, le risque de l'insignifiance.
Discrédité par les atermoiements de ligne
« Il y a un consensus sur le fait que la campagne a été réussie, témoigne l'un de ses principaux rouages. Il n'y a pas eu de fausse note ou de raté. Tout le monde a poussé dans le même sens... y compris les mécontents. » S'il est vrai que l'ensemble des cadres LR ont plutôt joué le jeu du soutien affiché à l'intellectuel conservateur, les dissensions internes n'ont pas disparu et chacun attend de voir les bénéfices qu'il peut tirer du score de ce soir. Le frémissement des intentions de vote en faveur de la droite classique, un temps donnée à 8%, a été bref. Exprimer sa singularité entre le bloc souverainiste - et ultra-dominant - de Jordan Bardella et le bloc libéral d'Emmanuel Macron est une vraie gageure. Surtout quand son camp a été discrédité par les défaites électorales et les atermoiements de ligne.
Personnifier la campagne autour de François-Xavier Bellamy, esprit pondéré et sincère dans ses convictions, a-t-il permis d'éviter une hémorragie d'électeurs résiduels des Républicains ? Des éléments déstabilisateurs ont émaillé son parcours. Sa désignation tardive ne lui a pas rendu service. Idem lorsque Laurent Wauquiez et Éric Ciotti lui ont imposé, en place éligible, des vétérans du quinquennat Sarkozy, comme Nadine Morano et Brice Hortefeux. D'ailleurs, ménager les fidèles de l'ex-chef de l'État n'aura servi à rien, celui-ci ayant indiqué au Figaro qu'il ne soutenait pas officiellement la liste Bellamy. La rumeur - pourtant peu crédible - d'une éventuelle nomination de Gérard Larcher à Matignon a achevé d'instiller le doute, une fois de plus, quant à l'utilité de LR. Les lendemains du vote, quel que soit le résultat, seront tendus. « Il faut que ça bouge, c'est le brouillard pour tout le monde, s'agace un cadre. Chacun dira ce qu'il a à dire. »
Score aux élections européennes de 2019 : 8,48% Plus de 9% L'affront des 4,78% de Valérie Pécresse en 2022 est lavé, la droite sable le champagne. Entre 5 et 7% LR sauve sa présence au Parlement européen et au sein du PPE, mais végète à Paris. Moins de 5% La droite française n'est plus représentée à Bruxelles et sa désagrégation s'accélère.Résultats, mode d'emploi