Assemblée nationale : l’ouverture à la mode Wauquiez

Le député de Haute-Loire a fédéré une majorité de collègues LR autour d’un « pacte législatif » avec la Macronie.
Jules Pecnard
Le président du groupe LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, mercredi.
Le président du groupe LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, mercredi. (Crédits : © LTD / BERTRAND GUAY/AFP)

Un dernier solo pour la route. Mardi soir, Le Figaro publie sur son site une interview d'Olivier Marleix. L'ex-président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale, secoué par sa rude campagne de réélection en Eure-et-Loir, y déclare deux choses. Laurent Wauquiez était au courant de la première, à savoir qu'Olivier Marleix ne se présenterait pas contre lui à la tête des députés LR. La seconde, il n'en a averti quasiment personne, hormis quelques proches. « Le président Macron devrait nommer un Premier ministre issu des Républicains », lâche celui qui a bâti sa stature politique sur un antimacronisme farouche.

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À droite, la phrase a stupéfié son monde. Comment l'austère gaulliste peut-il défendre une telle position après avoir rejeté, pendant deux ans, le moindre partage de pouvoir avec le chef de l'État ? Est-ce une offre de service ? Ou le pied de nez d'un élu chamboulé par le contexte et lassé d'être cantonné à son rôle d'opposant obtus ? D'après son entourage, Olivier Marleix estime qu'il n'y a d'autre choix, désormais, que de monter un système où les macronistes gouvernent sans tenir la tête d'affiche, qui devrait revenir à des personnalités marquées à droite, conformément à la physionomie du pays. « C'est une position assez fantasque qui n'engage que lui », balaie-t-on dans l'entourage de Laurent Wauquiez qui, dès sa victoire en Haute-Loire, a marqué son hostilité aux « combinaisons pour échafauder des majorités contre nature ». De main tendue vers la Macronie, il n'est alors nullement question.

L'ancien patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a vite dû s'adapter. Au brouillage généré par les propos d'Olivier Marleix s'est ajouté le spectre de la dissidence, celle des promoteurs d'une coalition gouvernementale. Philippe Juvin, Véronique Louwagie et Nicolas Forissier sont à la manœuvre et croient possible, le mardi soir, de réunir suffisamment de signatures pour former un groupe parlementaire. « De l'amateurisme de bazar », raille un des mutins initialement dans la boucle de l'opération. D'autres sont refroidis par la perspective de voir Aurélien Pradié se joindre à eux : depuis la séquence de la réforme des retraites, l'ambitieux député du Lot est jugé par beaucoup de ses collègues comme trop opportuniste et imprévisible. La défaite de son ami Pierre-Henri Dumont dans le Pas-de-Calais l'a privé d'un précieux soutien.

Partie de poker

Le mercredi, Laurent Wauquiez a fini le travail de sape en amendant sa ligne. Point de pacte gouvernemental, mais un « pacte législatif » reposant sur une série de textes soumis par les Républicains à la Macronie. Le format, nébuleux mais plus souple que la posture initiale de l'ex ministre, satisfait une part décisive des troupes. La liberté de vote est instituée, aucune charte n'est imposée. L'idée est d'éviter, autant que possible, le retour des psychodrames internes qui plombent la droite parlementaire depuis 2022.

Élu président du groupe par une petite majorité, Laurent Wauquiez marque son opposition au Nouveau Front populaire et prévient que LR déposera une motion de censure contre un exécutif auquel participerait La France insoumise. Une nuance par rapport à la position d'un Bruno Retailleau, chef de file des Républicains au Sénat, qui estime que tout gouvernement émanant de la gauche devra tomber. Selon un poids lourd de Renaissance, il s'agit là d'une « première main » dans la partie de poker qui se lance avec le partenaire le plus crédible que peuvent envisager les macronistes. « À terme, les LR ne refuseront pas de venir si le deal évolue, s'il y a un gouvernement d'union avec des éléments du Parti socialiste, analyse ce député. Au début, ils sont en mode "on ne trahit pas nos valeurs, on est indépendants", mais si jamais une coalition aboutit, ils viendront à table. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Pour l'instant, Wauquiez a tout intérêt à ce que la situation pourrisse. »

À date, le groupe La Droite républicaine - sa nouvelle dénomination - compte 46 rattachements. La secrétaire générale du parti, Annie Genevard, en prévoit « une cinquantaine » d'ici à jeudi. Parmi les possibles pertes en ligne, il y a Aurélien Pradié, Raphaël Schellenberger, Virginie Duby-Muller et Stéphane Viry, proche de Xavier Bertrand. Les deux derniers se rapprocheraient potentiellement d'Horizons. Des départs compensés par la poignée de nouveaux députés LR, comme Vincent Jeanbrun. Il reste encore bien des défis à Laurent Wauquiez, comme le fait qu'Éric Ciotti, nouvel allié de Marine Le Pen, reste président en titre du parti. Pour celui qui demeure candidat virtuel à la prochaine présidentielle, chaque petit succès est bon à prendre.

Jules Pecnard
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