Visite de Vladimir Poutine à Pékin : la Russie espère plus de soutien de la Chine dans sa guerre à l'Ukraine

Par latribune.fr  |   |  955  mots
Vladimir Poutine se rendra en Chine ce jeudi 16 et vendredi 17 mai (photo d'archive). (Crédits : Mikhail Metzel)
Vladimir Poutine a salué ce mercredi le « désir sincère » de Pékin d'œuvrer à « résoudre la crise » en Ukraine. Le président russe se rend justement en Chine les deux prochains jours, notamment pour rencontrer son homologue Xi Jinping, dans l'espoir d'obtenir un plus net soutien à son effort de guerre.

À la veille de se rendre pour deux jours en Chine, le président russe a accordé un entretien à l'agence de presse étatique Chine nouvelle. Un échange au cours duquel il s'est exprimé sur la position de son allié au sujet de la guerre en Ukraine. « Nous saluons l'approche adoptée par la Chine pour résoudre la crise en Ukraine », a déclaré Vladimir Poutine. « Pékin est bien conscient des causes profondes de la crise et de son importance géopolitique mondiale », a poursuivi le dirigeant russe, faisant notamment référence à un document en 12 points publié par la Chine en février 2023 pour expliquer sa position sur le conflit. Dans ce document, la Chine appelle au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise), mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

« Les idées et les propositions contenues dans le document montrent le désir sincère de nos amis chinois d'aider à stabiliser la situation », a souligné Vladimir Poutine.

Lors de sa visite en France la semaine dernière, le président chinois Xi Jinping avait affirmé qu'il entendait « œuvrer avec la France et toute la communauté internationale » à « résoudre la crise » en Ukraine. Il avait aussi assuré avoir « toujours joué un rôle constructif pour favoriser un règlement pacifique » dans ce conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Et avait rappelé avoir appelé à plusieurs occasions « à observer les buts et principes de la Charte des Nations unies, à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays, à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des différentes parties, et insisté sur l'impératif de ne pas utiliser d'armes nucléaires ni de mener de guerre nucléaire ».

Poutine espère un plus net soutien de la Chine

Le président chinois s'est même engagé à « s'abstenir de vendre toute arme » et à apporter « toute aide à Moscou ». Or, l'un des objectifs de Vladimir Poutine avec cette visite en Chine, qui aura lieu ce jeudi et ce vendredi, est justement d'obtenir de son « cher ami » Xi Jinping un plus net soutien à son effort de guerre en Ukraine.

Lire aussiVladimir Poutine sera en visite en Chine en fin de semaine

La diplomatie chinoise a indiqué ce mardi que la rencontre entre les deux présidents consistera en « un échange de points de vue sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun ». De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur « partenariat global et leur coopération stratégique » et « définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales ».

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Outre Pékin, le président russe se rendra dans la grande ville de Harbin, au nord-est de la Chine, pour une foire sur le commerce et l'investissement. Cette visite de deux jours constitue en tout cas le premier voyage à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois, la dernière remontant au mois d'octobre 2023.

Une Russie de plus en plus dépendante

Pour de nombreux experts, la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire en Ukraine.

« Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident », explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Pékin joue, en effet, sur différents tableaux. Elle montre la volonté de renouer le contact et d'approfondir les liens avec l'Europe, comme en témoigne sa venue en France la semaine dernière, mais aussi d'apaiser le climat de tension avec les États-Unis. Dans le même temps, elle souhaite conserver de bonnes relations avec la Russie, si bien que les autorités chinoises n'ont jamais condamné l'invasion russe en Ukraine et se disent officiellement neutres sur ce sujet.

Lire aussiVisite de Xi Jinping en France : Emmanuel Macron appelle l'UE à défendre ses « intérêts stratégiques » face à la Chine

La Chine craint les menaces de sanctions annoncées par les États-Unis contre les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe. Les banques du géant asiatique sont d'ailleurs récemment devenues plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant. « Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les États-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières », estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group. Selon lui, Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront « probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels ».

Plusieurs experts estiment également que la Chine reste déterminée à soutenir Moscou pour faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde. Les Russes en sont en tout cas persuadés.

(Avec AFP)