UE : la Russie fustige les nominations d'Ursula von der Leyen et de Kaja Kallas

Par latribune.fr  |   |  1040  mots
La reconduite de l'Allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et la nomination de l'Estonienne Kaja Kallas comme cheffe de la diplomatie européenne ont du mal à passer pour Moscou. (Crédits : KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
La reconduite de l'Allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et la nomination de l'Estonienne Kaja Kallas comme cheffe de la diplomatie européenne sont « mauvaises » pour les relations avec Moscou, a estimé vendredi le Kremlin.

Ce sont deux nominations qui ont du mal à passer pour Moscou. Les dirigeants de l'UE réunis en sommet se sont entendus jeudi pour accorder un deuxième mandat à Ursula von der Leyen à la tête de la Commission et confier la diplomatie européenne à une voix forte sur l'Ukraine, la Première ministre Estonienne, Kaja Kallas.

Ursula von der Leyen « n'est pas partisane d'une normalisation des relations entre l'Union européenne et la Russie », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Kaja Kallas est « connue », elle, pour ses « déclarations tout à fait implacables, parfois même russophobes violentes », a-t-il accusé.

« C'est pourquoi nous ne pensons pas que la diplomatie européenne puisse agir de manière quelconque pour normaliser les relations », a ajouté le porte-parole.

Avant de conclure : « Les perspectives des relations entre Moscou et Bruxelles sont donc mauvaises ».

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Des nominations soumises au vote

En poste depuis fin 2019, Ursula von der Leyen a été reconduite jeudi, lors d'un sommet des dirigeants de l'UE à Bruxelles, pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne. Sa reconduction devra encore être confirmée par une majorité absolue d'eurodéputés. D'autant que l'issue de ce vote, attendu mi-juillet, est incertaine. Et pour cause, l'habituelle coalition des eurodéputés conservateurs, socialistes et libéraux a été affaiblie à l'issue du scrutin de juin.

Pour incarner le visage de la diplomatie de l'UE, les chefs d'État et de gouvernement ont choisi Kaja Kallas, une adversaire affichée du Kremlin et qui succédera à l'Espagnol Josep Borrell. « C'est une énorme responsabilité en ces temps de tensions géopolitiques, avec la guerre en Europe, l'instabilité croissante dans notre voisinage, comme principaux défis », a réagi la Première ministre estonienne, dont le poste devra également être validé par les eurodéputés. « Kaja Kallas comprend les risques venant de Russie et du Bélarus », a salué le chef du gouvernement polonais Donald Tusk.

Enfin, l'ex-Premier ministre Portugais Antonio Costa a été désigné nouveau président du Conseil européen, l'instance réunissant les Etats membres. Un an après sa démission pour une affaire de corruption finalement peu étayée, ce socialiste réputé habile tacticien et pragmatique succédera au Belge Charles Michel en décembre.

Ces trois candidats étaient largement favoris suite à l'accord conclu mardi entre six dirigeants européens - dont le Français Emmanuel Macron et l'Allemand Olaf Scholz - appartenant à la « grande coalition » droite/sociaux-démocrates/centristes, dans la foulée des élections européennes.

Parmi les autres postes clé de l'UE, la conservatrice maltaise Roberta Metsola apparaît favorite pour décrocher un second mandat de deux ans et demi à la présidence du Parlement européen, mi-juillet à Strasbourg.

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Les ultraconservateurs s'insurgent

L'accord sur les postes clés de l'UE a été rapidement conclu. En revanche, il a suscité de vives résistances de l'Italienne Giorgia Meloni et du Hongrois Viktor Orban. Ce dernier a fustigé jeudi un arrangement « honteux ». « Les électeurs européens ont été trompés. (La droite traditionnelle) a formé une coalition de mensonges avec la gauche et les libéraux », s'était-il emporté en arrivant au sommet.

La cheffe du gouvernement italien ultraconservateur, Giorgia Meloni, avait de son côté dénoncé une « oligarchie », déplorant d'avoir été laissée à l'écart des négociations entre les trois groupes politiques. Nombre de dirigeants s'étaient toutefois montrés soucieux de la ménager : si son soutien n'était pas nécessaire, l'unanimité n'étant pas requise, politiquement sa voix compte. « Je pense qu'il y avait un large consensus, et je suis sûr qu'un chemin sera (trouvé) par la suite : je respecte totalement la position de Giorgia Meloni qui représente un pays important », a souligné Emmanuel Macron.

Comme Viktor Orban, Giorgia Meloni entend peser davantage sur les choix du futur exécutif à Bruxelles, suite à la poussée des droites radicales et extrêmes lors des élections européennes ce mois-ci. Le groupe ECR de la dirigeante italienne a ravi la troisième place à la famille centriste du président français Emmanuel Macron au Parlement européen. Rome revendique « au minimum » une vice-présidence de la Commission européenne, avec un « portefeuille important » pour influer sur la politique industrielle et agricole, selon son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani.

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Macron veut reconduire Thierry Breton

Le président Emmanuel Macron souhaite la reconduction de Thierry Breton comme membre français de la Commission européenne et l'a annoncé lors d'une réunion de ses alliés libéraux jeudi à Bruxelles avant un sommet des Vingt-Sept, selon des sources européennes. Lors d'un point presse, à l'issue du sommet européen, Macron a expliqué que la proposition du commissaire français interviendrait plus tard. « Formellement, la France proposera un nouveau commissaire à la présidente de la Commission en temps voulu », a-t-il dit.

Interrogé sur Thierry Breton, il a cependant pris soin de souligner que celui-ci avait « l'expérience et les qualités pour ». Thierry Breton occupe depuis 2019 le poste de commissaire au Marché intérieur, un vaste portefeuille qui inclut le numérique et l'industrie. Il s'est imposé comme une figure de l'exécutif bruxellois en s'attaquant aux abus de pouvoir des géants de la tech. Chaque pays de l'UE est appelé à proposer son choix pour l'un des 27 postes au sein de l'exécutif.

Marine Le Pen a contesté ce vendredi le choix d'Emmanuel Macron de reconduire Thierry Breton, poursuivant son bras de fer entamé avec l'Elysée sur les prérogatives du Premier ministre en cas de cohabitation. « Il est de la prérogative du Premier ministre de nommer le commissaire européen(...) Il est évident que M. Breton n'a pas défendu les intérêts de la France lors de son mandat », a-t-elle déclaré sur Europe1/Cnews, faisant de la lecture de la Constitution une interprétation contraire à celle du président de la République.

(Avec AFP)