« Tsunami politique » au Royaume-Uni : victoire écrasante des travaillistes, la droite dure entre au Parlement

Sans surprise, le parti travailliste a remporté une victoire écrasante aux législatives au Royaume-Uni jeudi, mettant fin à 14 ans de pouvoir conservateur. Rishi Sunak a annoncé sa démission en fin de matinée. Keir Starmer a été nommé Premier ministre britannique par Charles III. Symbole de la droite dure, le parti anti-immigration Reform UK a plusieurs élus au parlement, dont Nigel Farage.
« Notre tâche n'est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l'unité de notre pays, un renouveau national », a déclaré Keir Starmer, chef du Labour britannique.
« Notre tâche n'est rien de moins que de renouveler les idées qui maintiennent l'unité de notre pays, un renouveau national », a déclaré Keir Starmer, chef du Labour britannique. (Crédits : Reuters)

[Article publié le vendredi 5 juillet 2024 à 06h33 et mis à jour à 20h19] C'est un tournant. Après quatorze années à travailler dans l'opposition, le parti travailliste a largement remporté le scrutin des législatives au Royaume-Uni jeudi. Le chef du Labour britannique, Keir Starmer, a été nommé Premier ministre britannique par le roi Charles III, en fin de matinée ce vendredi. Il s'est rendu dans la foulée au 10, Downing Street.

« Le changement commence immédiatement », a promis le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer

 Accompagné de son épouse Victoria, l'ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans, entré en politique il y a seulement neuf ans, avait été reçu à un peu plus tôt à la mi-journée pendant environ une demi-heure au palais de Buckingham.

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« Félicitations Keir Starmer pour votre victoire. Heureux de notre premier échange. Nous allons poursuivre le travail engagé avec le Royaume-Uni pour notre coopération bilatérale, pour la paix et la sécurité de l'Europe, pour le climat et l'IA », a écrit sur X le président français, Emmanuel Macron, en début de matinée. Le président du Conseil européen Charles Michel a salué sur X cette « victoire électorale historique » et déclaré se réjouir de travailler avec Londres sous un gouvernement travailliste. « Nous discuterons des défis communs tels que la stabilité, la sécurité, l'énergie et l'immigration » lors du sommet de la Communauté politique européenne, le 18 juillet, a-t-il ajouté.

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a lui aussi félicité, ce vendredi, le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer disant vouloir continuer à renforcer la « relation spéciale » entre les deux pays. «Je me réjouis de notre travail commun en faveur de la liberté et de la démocratie dans le monde et du renforcement de la relation spéciale entre nos deux pays », a écrit le président américain sur le réseau social X (ex-Twitter).

Les marchés en petite hausse

La Bourse de Londres évoluait en modeste hausse, tout comme la livre sterling, accueillant avec flegme l'écrasante victoire des travaillistes. Le FTSE 100, principal indice de la Bourse de Londres affichait une hausse de 0,24% à 8.261,21 points peu avant 10 heures GMT. Le deuxième indice de la Bourse de Londres, le FTSE 250, moins international que l'indice vedette et donc plus exposé à l'économie britannique, progressait de façon plus marquée, en hausse de 1,04% à 20.824,52 points.

La livre sterling, malmenée ces dernières années par une succession de crises (Brexit, inflation et instabilité politique), progressait légèrement, de 0,22% face au dollar et 0,09% par rapport à l'euro.

Un dirigeant modéré

Vers 4h30 du matin, le Labour avait sécurisé plus de 367 sièges, soit plus que les 326 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir former seul le futur gouvernement britannique.

Selon les résultats quasi-définitifs, les travaillistes ont obtenu 412 sièges sur les 650 de la Chambre des Communes, soit un peu moins que le score historique de Tony Blair en 1997 (418). « Le Royaume-Uni en rouge », la couleur du Labour, titre ainsi l'influent tabloïd The Sun, qui avait appelé à voter travailliste.

Alors que l'extrême droite est susceptible d'accéder au pouvoir en France et que Donald Trump semble bien placé pour retourner à la Maison Blanche, les Britanniques ont choisi massivement un dirigeant modéré de centre-gauche. Keir Starmer est un ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans. Neuf ans seulement après être entré en politique et quatre ans après avoir pris la tête du Labour, le nouveau Premier ministre sera confronté à une aspiration considérable au changement. Il sera chargé ce vendredi par le roi Charles III de former un nouveau gouvernement.

Sunak réélu « assume la responsabilité de la défaite »

Le Brexit a déchiré le pays et n'a pas rempli les promesses de ses partisans. L'envolée des prix des deux dernières années a appauvri les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires. Il faut attendre parfois des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS. Les prisons risquent de manquer de places dès les jours qui viennent.

Le parti conservateur du Premier ministre sortant Rishi Sunak, lui, est de facto désavoué. Il obtient en effet son pire résultat depuis le début du XXe siècle, avec 136 députés élus, contre 365 il y a cinq ans sous Boris Johnson. Plusieurs de ses poids lourds ont été emportés par la vague de rejet qu'il a suscitée comme les ministres de la Défense Grant Shapps ou des relations avec le Parlement Penny Mordaunt, qui était considérée comme une possible future cheffe de parti.

« Le parti travailliste a gagné ces élections législatives », a concédé Rishi Sunak. « Les Britanniques ont rendu un verdict clair ce soir (...) et j'assume la responsabilité » de cette défaite, a-t-il ajouté après avoir été réélu dans sa circonscription de Richmond, dans le nord de l'Angleterre.

Plus tard dans la matinée, Rishi Sunak a annoncé sa démission de la tête du parti conservateur. « Après ce résultat, je quitterai le poste de chef de parti, pas immédiatement, mais une fois que tout sera en place pour désigner mon successeur », a-t-il précisé avant d'aller présenter sa démission du gouvernement au roi Charles III.

Dans une ambiance de luttes fratricides permanentes chez les conservateurs, les scandales politiques sous Boris Johnson et les errements budgétaires de Liz Truss, qui n'a tenu que 49 jours au pouvoir, ont fini d'exaspérer les électeurs.

Coup de force de la droite dure

En 20 mois à Downing Street, leur successeur Rishi Sunak, cinquième Premier ministre conservateur depuis 2010, n'est jamais parvenu à redresser la barre dans l'opinion. L'ancien banquier d'affaires et ministre des Finances de 44 ans avait tenté un coup de poker en convoquant ces élections en juillet sans attendre l'automne comme beaucoup le pensaient, mais sa campagne s'est révélé calamiteuse.

Les libéraux-démocrates (centristes) se renforceraient avec 61 députés, redevenant la troisième force du Parlement. En Ecosse, les indépendantistes du Scottish National party subissent un sérieux revers, pressentis pour n'emporter que 10 des 57 circonscriptions.

La surprise du scrutin vient surtout du parti anti-immigration et anti-système Reform UK. Les premiers sondages sortis des urnes projetaient 13 sièges pour Reform UK, sur les 650 que compte la Chambre des Communes. Mais après décompte des premiers résultats, leur groupe a été réévalué à quatre députés. Reform UK n'avait jusqu'à présent qu'un député non élu à la Chambre, un conservateur ayant changé d'étiquette en mars.

L'ancien héraut du Brexit Nigel Farage a salué le début d'une « révolte contre l'establishment », alors qu'il devrait lui-même être élu pour la première fois au Parlement.

Dans de nombreuses circonscriptions, Reform UK est arrivé deuxième derrière les travaillistes en nombre de voix, parfois loin devant les conservateurs. « C'est le premier pas de quelque chose qui va tous vous abasourdir », a déclaré Nigel Farage après l'annonce de sa victoire à Clacton-on-Sea, station balnéaire à l'est de Londres.

« Mon plan est de construire un mouvement national massif au cours des prochaines années » en vue des élections législatives de 2029, a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 06/07/2024 à 7:25
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Na pas oublier quand même que Blair a été aussi intraitable avec le peuple anglais que Thatcher.

à écrit le 05/07/2024 à 15:52
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Sauf que le labour ne récolte que 34% des voix et rafle la mise. L'extrême-droite avec 14% des voix et seulement 4 sièges est malheureusement le vrai vainqueur et je vais expliquer pourquoi. Le parti conservateur a le nombre de sièges le plus bas d...

à écrit le 05/07/2024 à 10:30
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C'est un logique ,après 14 ans de pouvoir, les gens ont envie de voir de nouvelle tronche à la télé. De nouvelle génération peuvent voter et veulent virer ceux qui sont en place pour avoir du changement .Si cela se trouve dans 14 ans les conservateur...

le 05/07/2024 à 13:50
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Nous en France, c'était tous les cinq ans, à l'exception de fois où le clientélisme boomer avait permis à la droite et à Macron de repartir pour un tour, mais le second mandat de Macron était bancal d'entrée de jeu et là, c'est le naufrage...

à écrit le 05/07/2024 à 7:47
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" La Droite " dure " ... " vous voulez sans doute dire les Anglais nationalistes ceux qui ont dominé le Monde pendant plus d' un siècle ; ceux qui disaient " Angleterre dicte ta Loi au Monde " pas de quoi fouetter un chat puisque ce sont eux , avec l...

à écrit le 05/07/2024 à 7:08
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"Coup de force de la droite dure" "Mais après décompte des premiers résultats, leur groupe a été réévalué à quatre députés." LOL ! Faudrait être un minimum cohérent !

à écrit le 05/07/2024 à 6:44
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Bonjour. Dire que le peuple anglais est lui aussi mécontentement de la situation ne me semblent pas faux... Ils ons donc publicité le changement radical de certains de c'est représentants... d'ailleurs nous pouvons nous demander parfoir si nos gouv...

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