Tensions au Moyen-Orient : la France appelle ses ressortissants à quitter le Liban et l'Iran

La France a appelé dimanche ses ressortissants français à quitter le Liban « dès que possible », dans le sillage des Etats-Unis et du Royaume-Uni, ainsi que l'Iran, en raison de craintes d'un embrasement au Proche et Moyen-Orient.
La France a appelé dimanche ses ressortissants français à quitter le Liban « dès que possible » (photo d'illustration).
La France a appelé dimanche ses ressortissants français à quitter le Liban « dès que possible » (photo d'illustration). (Crédits : ALAA AL-MARJANI)

[Article publié le dimanche 04 août 2024 à 10h11 et mis à jour à 18h34] Dans un contexte de risque d'embrasement au Proche et Moyen-Orient, la France prend ses dispositions. Elle a appelé dimanche ses ressortissants français à quitter le Liban « dès que possible ».

« Dans un contexte sécuritaire très volatile, nous appelons à nouveau l'attention des ressortissants français, en particulier ceux de passage, sur le fait que des vols commerciaux directs et avec escales vers la France sont encore disponibles, et nous les invitons à prendre leurs dispositions maintenant pour quitter le Liban dès que possible », souligne le ministère des Affaires étrangères dans sa fiche conseils aux voyageurs pour ce pays.

Jeudi, le Quai d'Orsay avait actualisé sa fiche en attirant « l'attention des ressortissants français, en particulier ceux de passage, sur le fait que des vols commerciaux pour la France » étaient « encore disponibles ». Mais il n'appelait pas encore à quitter le pays. Dimanche, il rappelle qu'il est « instamment demandé » aux Français de ne pas aller au Liban.

Outre le Liban, la France recommande également ce dimanche à ses ressortissants résidant cette fois en Iran « de quitter temporairement le pays » s'ils le peuvent, estimant qu'il y a un risque de fermeture de l'espace aérien et des aéroports iraniens.

« Nous appelons de nouveau nos ressortissants à faire preuve de la plus grande prudence dans leurs déplacements, à éviter tout rassemblement et à se tenir informés de l'actualité et d'éventuels messages ou consignes de l'ambassade de France en Iran dans les prochains jours », selon une consigne aux voyageurs actualisée et publiée dimanche.

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D'autres pays appellent leurs ressortissants à quitter le Liban

Paris emboîte ainsi le pas à Washington et Londres, qui dès samedi, avaient recommandé à leurs propres ressortissants de partir du Liban. L'ambassade des Etats-Unis a exhorté ses ressortissants à quitter le pays en prenant « n'importe quel billet d'avion disponible ». « Mon message pour les ressortissants britanniques est clair: quittez maintenant » le Liban, a aussi déclaré le chef de la diplomatie David Lammy.

La Suède a également annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et appelé ses ressortissants à partir. Le Canada a pour sa part appelé ses ressortissants à « éviter tout voyage en Israël en raison du conflit armé régional en cours et de la situation imprévisible en matière de sécurité ».

Plusieurs compagnies aériennes ont par ailleurs suspendu leurs liaisons avec l'aéroport de Beyrouth, dont l'allemande Lufthansa jusqu'au 12 août. Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu'à mardi inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès lundi.

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Inquiétudes autour d'un risque d'escalade

Les inquiétudes face à une escalade militaire au Moyen-Orient s'amplifient après la multiplication des menaces de l'Iran et de ses alliés contre Israël. L'Iran, le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais ont accusé Israël de la mort mercredi du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran. Son assassinat est survenu quelques heures après une frappe revendiquée par Israël qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, mardi soir près de Beyrouth.

Pour rappel, Israël a juré de détruire le Hamas après une attaque sans précédent menée par ce mouvement le 7 octobre sur son sol, qui a provoqué une riposte dévastatrice de l'armée israélienne à Gaza. Les dirigeants iraniens ainsi que le Hezbollah et le Hamas ont, quant à eux, promis de venger la mort de Haniyeh et Chokr. Le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, a menacé Israël d'un « châtiment sévère ».

Au vu de « la possibilité d'une escalade régionale par l'Iran et ses partenaires », les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont annoncé vendredi « modifier (leur) dispositif militaire » pour « améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis » et « doper le soutien à la défense d'Israël ». Interrogé par des journalistes dans sa résidence balnéaire du Delaware pour savoir s'il pensait que l'Iran se tiendrait à l'écart, le président américain Joe Biden a répondu : « Je l'espère, je ne sais pas ».

Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron et le roi de Jordanie Abdallah II ont appelé dimanche à éviter « à tout prix » une escalade militaire au Proche-Orient, selon le compte-rendu d'une conversation téléphonique publié par l'Elysée. « Ils ont appelé toutes les parties à sortir de la logique de représailles, à exercer la plus grande retenue et la plus grande responsabilité afin de garantir la sécurité des populations », ajoute le communiqué.

Une « riposte inéluctable »

La guerre à Gaza a entraîné l'ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes armés irakiens ce que l'Iran appelle « l'axe de la résistance » face à Israël.

La représentation de l'Iran auprès de l'ONU a dit s'attendre à ce que le Hezbollah frappe en « profondeur » du territoire israélien, et « ne se limite pas aux cibles militaires ». Tel-Aviv et Haïfa « font partie des cibles », a affirmé le quotidien iranien Kayhan. Les Houthis ont eux aussi menacé Israël d'une « riposte militaire ».

Entretemps, le cycle de violences quotidiennes se poursuit à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a annoncé la mort de deux de ses combattants dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban. Et samedi soir, il a affirmé avoir lancé des « dizaines » de roquettes sur le nord d'Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza et en riposte aux attaques israéliennes sur le sud du Liban.

L'armée israélienne a de son côté assuré que « 30 projectiles ont été identifiés en provenance du Liban » dans la nuit de samedi à dimanche, « la plupart d'entre eux ayant été interceptés ». « Aucun blessé n'est à déplorer », selon les forces armées, qui précisent avoir « frappé » le site du Hezbollah d'où avaient été tirés les missiles dans le sud du Liban.

L'offensive à Gaza se poursuit

Près de dix mois après le début de la guerre à Gaza, l'armée israélienne y poursuit son offensive. Selon la Défense civile, une frappe israélienne sur un complexe scolaire abritant des déplacés a fait dix morts à Gaza-ville dans le nord du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l'ONU. L'armée a affirmé que le complexe servait de cachette au Hamas, organisation qui a pris en 2007 le pouvoir à Gaza et est considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée. L'offensive israélienne à Gaza a fait jusqu'à présent 39.550 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.

En Israël, des milliers de personnes ont manifesté à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour appeler Benyamin Netanyahou à accepter un accord qui permettrait la libération des otages.

Macron redit « l'engagement indéfectible » de la France auprès du Liban

Emmanuel Macron a redit dimanche « l'engagement indéfectible » de la France auprès du Liban, quatre ans après l'explosion meurtrière qui avait soufflé le port de Beyrouth, sur fond de tensions ravivées entre Israël et le Hezbollah libanais.

« Beyrouth, un salut de mon cœur. Quatre ans après l'explosion, mes pensées sont toujours avec les Libanais », a écrit le président français sur le réseau social X (ex-Twitter). « Je réaffirme l'engagement indéfectible de la France aux côtés du Liban et notre exigence de justice pour toutes les victimes », a ajouté le chef de l'Etat.

Plusieurs marches devaient converger vers le port de Beyrouth dimanche après-midi pour rendre hommage aux victimes de l'explosion de 2020 et réclamer des comptes aux responsables, l'enquête étant au point mort.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire dévastait des quartiers entiers de la capitale, tuant plus de 220 personnes et faisant plus de 6.500 blessés. La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 05/08/2024 à 20:41
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En fait il ne se passera rien le régime iranien ne va rien faire car il sait très bien qu'en cas de conflit majeur il ne fera pas le poids face à l'efficacité israélienne bénéficiant du soutien américain et sera laminé. Les mollahs ont bien trop peu...

à écrit le 05/08/2024 à 7:58
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"quatre ans après l'explosion meurtrière qui avait soufflé le port de Beyrouth" Attention, vu le contexte de guerre mondial on pourrait croire que c'était un bombardement quelconque mais non c'est un entrepôt d'engrais alimentaire, et oui ce que nos ...

à écrit le 04/08/2024 à 20:52
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Bonjour, bon dire que la région tourne un mauvais cotons ne me semblent pas totalement faux.... Bon maintenant a force de chercher la guerre, ons Finis par gagniez le gros lot... Personnellement, si l'union européenne reste moins de cette sal hist...

à écrit le 04/08/2024 à 19:56
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"Tensions au Moyen-Orient : la France appelle ses ressortissants à quitter le Liban et l'Iran" En d'autres termes la valise ou le cercueil pour les libanais et iraniens disposant d'un passeport français... A l'évidence il serait beaucoup plus...

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