Rachat du minier Anglo American : BHP n'aura finalement pas plus de temps pour parfaire sa proposition

L'Australien BHP a demandé, ce mercredi, aux autorités de régulation plus de temps pour préparer une offre de rachat révisée de son rival britannique dans l'industrie minière Anglo American. Sa volonté de ne pas reprendre les activités sud-africaines pose notamment problème.
Ce rachat donnerait naissance au principal producteur au monde de cuivre, métal clé pour la transition énergétique, permettant de nombreuses utilisations industrielles comme la composition de batteries de véhicules électriques.
Ce rachat donnerait naissance au principal producteur au monde de cuivre, métal clé pour la transition énergétique, permettant de nombreuses utilisations industrielles comme la composition de batteries de véhicules électriques. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mercredi 29 mai à 10h35, mis à jour à 12h14]Nouveau camouflet pour le géant minier australien. Alors que BHP a demandé mercredi aux autorités de régulation plus de temps pour préparer une offre de rachat révisée sur son rival britannique Anglo American, ce dernier a émis un refus. BHP, qui doit faire une offre ferme mercredi avant 18h heure de Paris ou se retirer, « n'a pas répondu aux préoccupations fondamentales du conseil d'administration » d'Anglo American, a indiqué le britannique dans un communiqué.

Une réponse qui ne va pas faire les affaires de l'Australien.

« BHP estime qu'une nouvelle prolongation du délai est nécessaire pour permettre un travail plus poussé sur sa proposition », a-t-il déclaré dans un communiqué à la Bourse australienne, ce mercredi, jour de la date butoir de dépôt des offres.

Selon les règles britanniques en matière d'OPA, si BHP ne conclut pas un accord avant 18h, il devra retirer son offre.

Une fusion entre deux des plus grandes sociétés minières au monde bouleverserait le secteur, et aurait des conséquences considérables sur les marchés des matières premières et sur la transition énergétique mondiale.

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Deux offres rejetées

Début mai, BHP avait déjà vu son offre être rejetée alors qu'il avait mis sur la table 34 milliards de livres (près de 40 milliards d'euros), soit trois milliards de livres de plus que son offre initiale pour racheter Anglo American. Et le géant avait même relevé son offre la semaine dernière à 38,6 milliards de livres (45,4 milliards d'euros). Mais la nouvelle offre « continue de sous-évaluer considérablement Anglo American et ses perspectives d'avenir », a aussitôt répliqué l'entreprise ciblée, son conseil d'administration l'ayant rejetée à l'unanimité.

Comme dans sa première offre, présentée le 16 avril, BHP ne prévoyait pas de reprendre deux filiales sud-africaines d'Anglo American, l'activité de platine et celle de minerai de fer, qui feraient l'objet d'une scission avant la finalisation de l'opération. Ce qui n'a pas plu au groupe britannique. Des termes « très peu attrayants pour les actionnaires d'Anglo American, compte tenu de l'incertitude et de la complexité qu'ils comportent avec des risques d'exécution importants », a ainsi complété l'entreprise.

La somme proposée par BHP était donc jugée trop faible face à la difficulté de scinder le groupe avant la finalisation du rachat. Une tâche que Anglo American se propose désormais de mener seul avec l'accélération de sa stratégie de simplification.

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Inquiétude autour des actifs sud-africains

D'autant que la scission des actifs d'Anglo American en Afrique du Sud est politiquement sensible et a notamment suscité l'opposition de Pretoria alors que le pays organise des élections mercredi. A noter, Anglo American a déjà annoncé en début d'année son intention de supprimer des milliers d'emplois dans son activité de platine en Afrique du Sud.

BHP a donc présenté une série de mesures, ce mercredi, visant à apaiser ces inquiétudes, notamment en s'engageant à maintenir les effectifs d'Anglo American à Johannesburg. « BHP estime que les mesures qu'elle a proposées offrent une protection substantielle contre les risques pour les actionnaires d'Anglo American », indique la société dans son communiqué.

Devenir le principal producteur au monde de cuivre

Si le géant australien est autant attaché à cet accord, c'est parce que les enjeux sont gros pour lui. Ce rachat donnerait naissance au principal producteur au monde de cuivre, métal clé pour la transition énergétique, permettant de nombreuses utilisations industrielles, comme la composition de batteries de véhicules électriques.

Pour Joshua Mahony, analyste de Scope Markets interrogé par l'AFP, ce second rejet signale que « toute transaction ne se fera pas au rabais », surtout si « un autre prétendant s'en mêle ».

Par ailleurs, « BHP n'a pas caché qu'il cible particulièrement les actifs de cuivre d'Anglo American et le fait que nous ayons eu un sommet en deux ans vendredi montre qu'il va falloir faire vite avant de voir » le prix de ces actifs monter encore, ajoute-t-il. En effet, le cours du cuivre est en forte hausse depuis un an (+22%), et Anglo American, tout comme les experts du marché, s'attendent à ce que le métal rouge continue sur cette lancée.

Qui plus est, le géant australien, l'une des plus grandes entreprises minières au monde, a récemment connu une chute de son bénéfice à la suite de la baisse des cours mondiaux du nickel et à des compensations versées après une catastrophe minière survenue en 2015 au Brésil.

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