Poutine conforte « l'amitié fougueuse » avec la Corée du Nord, un accord de partenariat stratégique signé

En visite à Pyongyang pour un sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un ce mercredi, le président russe Vladimir Poutine a annoncé la signature d’un « partenariat stratégique global » entre les deux pays, prévoyant une assistance mutuelle en cas d'« agression ». Un renforcement de leur coopération, dans la lignée du resserrement de leurs liens ces dernières années, qui inquiète les Occidentaux.
Des milliers d'habitants de la capitale nord-coréenne, dont de nombreux enfants, ont salué Vladimir Poutine et Kim Jong Un, au son d'un orchestre militaire.
Des milliers d'habitants de la capitale nord-coréenne, dont de nombreux enfants, ont salué Vladimir Poutine et Kim Jong Un, au son d'un orchestre militaire. (Crédits : Vladimir Smirnov)

[Article publié le mercredi 19 juin 2024 à 10h02, mis à jour à 14h34] Comme attendu, Vladimir Poutine a foulé le sol nord-coréen. Le président russe est arrivé ce mercredi matin sur la place Kim Il Sung à Pyongyang, ornée pour l'occasion de drapeaux des deux pays et de grands portraits des deux dirigeants, pour une grande cérémonie où Kim Jong Un l'a accueilli, selon les images des médias d'État. Les deux dirigeants ont ensuite « entamé des négociations dans le cadre de leurs délégations », à la résidence officielle Kumsusan, selon RIA Novosti. Des milliers d'habitants de la capitale nord-coréenne, parmi lesquels beaucoup d'enfants, avec des fleurs et des ballons, ont salué Vladimir Poutine et Kim Jong Un, au son d'un orchestre militaire.

Il s'agit de la première visite du président russe en Corée du Nord depuis 24 ans, et de la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d'un an. « Je suis très heureux de vous rencontrer de nouveau », a d'ailleurs déclaré le Vladimir Poutine, qui a accueilli Kim Jong Un à deux reprises dans l'Extrême-Orient russe, en avril 2019 et en septembre 2023. Et d'ajouter : « J'espère que la prochaine rencontre aura lieu en Russie, à Moscou ». Il est arrivé accompagné d'un grand nombre de responsables russes, dont le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Coopération renforcée

Vladimir Poutine a fait l'éloge de la coopération entre les deux pays « qui se base sur les principes d'égalité et de respect mutuel des intérêts ». « Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien », a-t-il déclaré, cité par les agences, rappelant que les deux pays « sont liés depuis plusieurs décennies par une amitié solide et un voisinage étroit ».

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Le président russe a d'ailleurs annoncé qu'un « nouveau document fondamental » encadrant les relations bilatérales « à long terme » est « prêt ». Il a ensuite précisé, plus tard dans la matinée, qu'un « traité pour un partenariat global » a été signé, qui prévoit « entre autres, une assistance mutuelle en cas d'agression contre une partie du traité ». Vladimir Poutine a ajouté que cet accord est « un document véritablement révolutionnaire » et que la Russie « n'excluait pas pour elle-même une coopération militaro-technique » avec la Corée du Nord.

Il a aussi déclaré que les deux pays mènent « une politique étrangère indépendante et n'acceptent pas le langage du chantage et du diktat ». « Nous sommes reconnaissants aux dirigeants et au peuple de la République populaire démocratique de Corée s'agissant de la situation en Ukraine. Aujourd'hui, nous luttons ensemble contre les pratiques hégémoniques et néocolonialistes des États-Unis et de leurs satellites », a-t-il déclaré, cité par les agences de presse russes. Selon les agences de presse russes, les pourparlers en tête-à-tête entre les deux hommes ont duré environ deux heures, et ceux-ci avaient été précédés de négociations élargies.

De son côté, Kim Jong Un a assuré que l'accord d'assistance mutuelle signé avec la Russie était purement « défensif ». « Ce traité puissant n'est rien de moins qu'un document vraiment constructif, tourné vers l'avenir, et exclusivement pacifique et défensif », a-t-il affirmé aux côtés du président russe Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de « meilleur ami du peuple coréen ». Un peu plus tôt, il avait indiqué que « les relations entre nos pays entrent dans une nouvelle ère de nouvelle et grande prospérité qu'il est impossible de comparer même à celle de la période des relations soviéto-coréennes du siècle dernier », selon ses propos traduits en russe et cités par les agences de presse russes. Il avait aussi promis le renforcement de « l'amitié fougueuse » entre les deux pays.

Pour rappel, les deux pays sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), mais se sont surtout rapprochés depuis l'opération militaire russe lancée en Ukraine en 2022, qui a mené à l'isolement de la Russie sur la scène internationale. Ainsi, pour le secrétaire général de l'Otan, cette visite « montre à quel point le président Poutine et Moscou sont désormais dépendants des pays autoritaires du monde entier. Leurs amis les plus proches et leurs plus grands soutiens de l'effort de guerre russe - la guerre d'agression - sont la Corée du Nord, l'Iran et la Chine », a dénoncé lundi Jens Stoltenberg depuis Washington.

Jeu d'équilibriste pour la Russie

Plus concrètement, ce rapprochement inquiète les Occidentaux. Ils accusent depuis plusieurs mois la Corée du Nord de fournir des armes à son allié historique pour qu'elles soient utilisées en Ukraine, en violation des sanctions imposées aux deux pays. Selon eux, Pyongyang a puisé dans ses vastes stocks de munitions pour ravitailler massivement la Russie.

La semaine dernière, le Pentagone a ainsi accusé Moscou d'utiliser des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine. En échange, la Russie aurait, elle, fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays. Autant d'allégations que Moscou et Pyongyang ont officiellement démenties.

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« La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d'armement en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d'énergie et d'armes de pointe pour alléger la pression des sanctions », a résumé à l'AFP Koh Yu-hwan, professeur émérite d'études nord-coréennes à l'université de Dongguk. Mais « la question de l'alliance militaire doit toutefois être considérée séparément de ce qui est annoncé publiquement et de ce qui est réellement discuté lors des réunions entre les deux dirigeants », a-t-il précisé, ajoutant que Moscou restait prudent et ne voulait pas « brûler complètement les ponts avec des pays comme la Corée du Sud ».

Quelques heures avant l'arrivée de Vladimir Poutine dans la capitale nord-coréenne, « plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont franchi la ligne de démarcation militaire », selon l'état-major sud-coréen, avant de battre en retraite sous les tirs de sommation du Sud. D'après la même source, cette incursion - la deuxième en moins de deux semaines - était accidentelle.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 19/06/2024 à 14:48
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Les Chinois apprécient !

à écrit le 19/06/2024 à 14:09
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Amitie fougueuse avec le russemblement national qui fait deja marche arriere sur l'ukraine apres avoir recu du financement russe.

à écrit le 19/06/2024 à 12:58
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Il n'y aura aucune sanction, on le sait déjà. C'est un non-événement à court-terme. Les vrais conséquences viendront des investisseurs qui n'oseront plus acheter les nouvelles émissions de dette. Quand la dette française ne trouvera plus preneur la B...

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