L'assassinat d'Ismaïl Haniyeh mercredi est le dernier d'une longue liste d'actions ciblées menées par Israël. Selon le journaliste israélien Ronen Bergman spécialiste de la question, plus de 2 700 personnes auraient été tuées grâce aux informations du Mossad, l'agence israélienne de renseignement à l'étranger, ou du Shin Beth, le service de renseignement lié à la sécurité intérieure, depuis la fondation de l'État hébreu en 1948.
Prévenir de nouveaux attentats
Jusqu'en 1993, la politique d'exécution extrajudiciaire est principalement dirigée contre des membres de la direction de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), comme à la suite de la mort de 11 athlètes israéliens tués par un commando palestinien aux Jeux olympiques de Munich en 1972. « À partir de ce moment, Israël a commencé à viser très régulièrement des terroristes palestiniens, en France, à Chypre, en Grèce », explique Yossi Melman, journaliste chargé des questions de renseignement pour le quotidien Haaretz. Yasser Arafat, le leader de l'OLP, a d'ailleurs échappé à plusieurs tentatives d'assassinat.
En 1993, la signature des accords de paix d'Oslo change la donne. Israël cible de plus en plus les membres du Hamas et du Hezbollah. En 1996, le Shin Beth tue ainsi Yahia Ayache, membre actif de l'aile militaire du Hamas, en dissimulant un explosif dans son téléphone portable. Huit ans plus tard, c'est un raid aérien qui élimine à Gaza le cheikh Ahmed Yassine, alors chef politique du mouvement islamiste.
« La politique d'assassinat ciblé vise à prévenir de nouveaux attentats en éliminant les chefs des différents groupes, précise Yossi Melman. Le but est de laisser le moins de temps possible aux mouvements pour s'organiser. » Mais l'efficacité de cette stratégie reste limitée. Chaque membre éliminé est presque immédiatement remplacé. En 1992, Abbas Moussaoui, alors chef du Hezbollah, est tué par une frappe de missile menée par des hélicoptères israéliens alors qu'il circule en voiture avec son épouse et l'un de ses enfants, âge de 6 ans, sur une route de la plaine de la Bekaa, au Liban. Il ne s'est écoulé que quelques jours avant que Hassan Nasrallah le remplace. Un mois plus tard, le nouveau chef du Hezbollah ordonnait un attentat à la voiture bélier contre l'ambassade d'Israël en Argentine. Bilan : 29 morts.