Ils ne sont que quelques millions, mais représentent la frange la plus riche de la population mondiale. Ces 1% les plus riches du monde ont gagné en dix ans plus de 40.000 milliards de dollars en plus, mais leur imposition est « historiquement » basse, affirme ce jeudi l'ONG Oxfam.
L'ONG explique que la part des revenus des 1% des plus riches dans les pays du G20 a augmenté de 45% sur les quatre dernières décennies alors que les taux d'imposition maximum sur leurs revenus ont été réduits d'environ un tiers.
« A l'échelle mondiale, les milliardaires paient un taux d'imposition équivalent à moins de 0,5% de leur richesse », poursuit Oxfam France, citant le EU Tax Observatory.
Analysant toujours l'évolution de la richesse de ces milliardaires, l'ONG a ainsi calculé que « leurs fortunes ont augmenté en moyenne de 7,1% par an au cours des quatre dernières décennies ».
La population mondiale favorable à une plus haute taxation
Oxfam préconise « un impôt annuel net sur la richesse d'au moins 8% qui serait nécessaire pour réduire l'extrême richesse des milliardaires », s'appuyant notamment sur des sondages récents qui démontrent le soutien de la population à cette mesure.
Par exemple, la majorité des personnes aux États-Unis soutiennent une taxation plus élevée des riches, c'est 80 % pour les Indiens, 85 % des Brésiliens et 69 % des personnes interrogées dans 34 pays africains.
Mais, outre la population, ce sont aussi les trois quarts des millionnaires interrogés dans les pays du G20 qui soutiennent des impôts plus élevés sur la richesse. Plus de la moitié d'entre eux estime que la richesse extrême est une « menace pour la démocratie ».
Layla Yakoub, responsable de la campagne Justice Fiscale et Inégalités à Oxfam France a ainsi déclaré que « les inégalités ont atteint des niveaux obscènes et, jusqu'à présent, les gouvernements n'ont pas réussi à protéger les populations et la planète de ses effets catastrophiques ».
L'idée d'une taxe est sur la table au G20
Ce rapport sort au moment où le G20 est réuni à Rio. Les ministres des Finances des 20 pays les plus développés se retrouvent pour évoquer l'idée d'une taxation des super-riches, objet de vifs désaccords entre Etats membres. L'idée est poussée par le chef d'Etat brésilien Lula qui préside cette année le groupe.
Les Etats-Unis ont d'ores et déjà affiché leur opposition à des négociations internationales sur ce thème, tandis que le ministère allemand des Finances a, en amont du G20, jugé « peu pertinente » l'idée d'un impôt minimal sur la fortune.
Pourtant, l'économiste français, Gabriel Zucman, évalue le taux d'imposition des milliardaires à 0,3% de leur patrimoine. Dans un récent rapport commandé par le Brésil, il propose de créer un impôt de 2% sur la fortune des quelque 3.000 milliardaires dans le monde.
« Malgré les avancées récentes, c'est indéniable que les milliardaires continuent d'échapper à nos systèmes fiscaux, ayant recours à toute une série de stratégies », avait déclaré, fin février, le ministre des Finances du Brésil, Fernando Haddad, lors d'une précédente réunion à Sao Paulo des grands argentiers du G20, les appelant à « trouver des solutions efficaces pour que les super-riches paient leur juste part d'impôt ».
(Avec AFP)