Israël et l'Iran dans le cycle de l’escalade

L’État hébreu se prépare à une riposte de Téhéran et ses alliés. Pour éviter l’embrasement, la flotte américaine renforce sa présence dans la région.
Une femme marche près d’un panneau affichant les portraits des leaders du Hamas avec le slogan « assassinés », à Tel Aviv, vendredi.
Une femme marche près d’un panneau affichant les portraits des leaders du Hamas avec le slogan « assassinés », à Tel Aviv, vendredi. (Crédits : © LTD /OREN ZIV/AFP)

Le Moyen-Orient se prépare à de nouvelles secousses. Et, ces deux derniers jours, les nouveaux signaux d'alerte montrant que le séisme est imminent se sont allumés: Paris qui demande à ses ressortissants de quitter au plus vite l'Iran. Londres, Washington et Stockholm qui font de même avec leurs concitoyens au Liban. Air France qui prolonge la suspension de ses vols à destination du pays du Cèdre tandis que les compagnies espagnoles le font pour ceux en direction d'Israël. Et les États-Unis qui renforcent leur dispositif militaire au Proche-Orient.

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Les pièces du puzzle de l'escalade sont en place et la question, désormais, n'est pas de savoir si l'Iran et ses alliés régionaux vont lancer des attaques sur Israël mais quand, où et surtout comment. « Le régime ne peut pas faire l'économie d'une réponse à ce qui s'est passé mercredi », affirme David Rigoulet-Roze. Le chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) fait évidemment référence à l'élimination, certes non revendiquée par Israël, d'Ismaïl Haniyeh à Téhéran. Elle a constitué une double humiliation pour la république islamique: non seulement le chef politique du Hamas a été tué dans un immeuble des Gardiens de la révolution supposé être ultra-sécurisé, mais cet assassinat a aussi eu lieu quelques heures après l'investiture du nouveau président, Massoud Pezeshkian. Il est également survenu après une autre élimination, assumée par Israël celle-là: celle, à Beyrouth, de Fouad Chokr, un haut cadre du Hezbollah, mouvement ami du pouvoir chiite.

La réponse iranienne, décidée par le Guide suprême Ali Khamenei en personne, devrait donc être à la mesure des affronts subis. Les plus optimistes pourront se dire que la période actuelle rappelle celle du mois d'avril, quand les mollahs avaient répondu au bombardement du consulat iranien à Damas par l'aviation israélienne. La réplique et la contre-réplique israélienne avaient été finalement mesurées. Malgré tout, ce moment avait marqué un bouleversement des règles qui régissaient l'affrontement entre Tel-Aviv et ses ennemis de la région. « Les Iraniens ont estimé à l'époque qu'il y avait eu un changement d'équation, une rupture stratégique, souligne David Rigoulet-Roze. Ils ne pouvaient pas seulement demander à leurs alliés d'intervenir comme ils en ont l'habitude, ils devaient le faire eux-mêmes. »

La ligne rouge de Netanyahou

Il devrait en être de même cette fois. Avec, sans doute, le franchissement d'un nouveau
cran dans l'intensité. La réponse devrait être multidimensionnelle, coordonnée, sévère, comme l'ont assuré hier les Gardiens de la révolution dans un communiqué. « Il faut s'attendre à des jours difficiles », a déjà prévenu Benyamin Netanyahou. Outre les forces iraniennes, elles pourraient donc mobiliser les « proxies » de Téhéran que sont les Houthis yéménites et le Hezbollah libanais. Le Hamas a lui aussi juré de se venger, mais les dix mois de guerre à Gaza l'ont considérablement affaibli.

Malgré tout, les chancelleries occidentales estiment pour l'instant que les parties devraient éviter l'embrasement général. Le scénario privilégié serait une sorte de répétition d'avril, mais en plus musclé. Reste que le risque de mauvais calculs existe, comme des frappes sur des populations civiles israéliennes. « C'est la ligne rouge absolue pour Netanyahou, affirme David Rigoulet-Roze. Cela pourrait signifier la guerre totale. » Les Iraniens sont loin d'avoir fermé la porte à cette possibilité. Vendredi, l'un de leurs représentants à l'ONU a expliqué que le Hezbollah, pour venger la mort de Haniyeh, pourrait aller au-delà de simples frappes sur des cibles militaires

Il n'empêche. Aucune des parties n'a réellement intérêt à l'embrasement, surtout pas le régime chiite. La priorité de Téhéran reste son programme nucléaire, qui n'est plus très loin d'aboutir. Un affrontement majeur avec Tel-Aviv pourrait le compromettre.

Et puis pèse sur la république islamique la menace d'une intervention américaine. Quoi qu'il arrive, Washington restera solidaire de l'État hébreu. En déployant ces derniers jours plusieurs bâtiments de l'US Navy dans le golfe Persique mais aussi au large du Liban, la Maison-Blanche a envoyé un message en ce sens. Les Iraniens l'ont sans doute très bien compris.

Commentaires 5
à écrit le 05/08/2024 à 18:08
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C'est le hamas qui a été visé pas l'Iran.

à écrit le 04/08/2024 à 18:48
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" Pour éviter l’embrasement, la flotte américaine renforce sa présence dans la région" Propagande! Les américains sont surtout prêts à envoyer des bombes de la liberté sur les méchants et tant pis pour les civils. Pour rappel la réaction des USA...

à écrit le 04/08/2024 à 11:36
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C'est les USA qui permettent l'escalade rendant Israël irresponsable !

le 05/08/2024 à 13:19
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( n ont ils pas toujours exporté les conflits ) l histoire se répétera elle ! )

à écrit le 04/08/2024 à 7:47
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à éternelle oligarchie éternel recommencement.

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