Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron veut permettre à Kiev de « neutraliser » les bases militaires russes

Par latribune.fr  |   |  947  mots
Emmanuel Macron veut permettre à Kiev de « neutraliser » les bases militaires d'où la Russie tire ses missiles contre le territoire ukrainien. (Crédits : LUDOVIC MARIN)
Emmanuel Macron a estimé mardi qu'on devait permettre à Kiev de « neutraliser » les bases militaires d'où la Russie tire ses missiles contre le territoire ukrainien, en plein débat sur l'utilisation des armes occidentales en Russie. Une position que ne partagent pas les Etats-Unis, premier soutien militaire de Kiev, a rappelé un porte-parole de la Maison Blanche.

Emmanuel Macron est favorable à l'utilisation d'armes occidentales sur le sol russe. Le président français a estimé mardi qu'on devait permettre à Kiev de « neutraliser » les bases militaires d'où la Russie tire ses missiles contre le territoire ukrainien.

« On doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d'où sont tirés les missiles (...) les sites militaires depuis lesquels l'Ukraine est agressée », a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse aux côtés du chancelier Olaf Scholz au château de Meseberg, près de Berlin.

« Si on leur dit vous n'avez pas le droit d'atteindre le point d'où sont tirés les missiles, en fait on leur dit, on vous livre des armes mais vous ne pouvez pas vous défendre », a pointé Emmanuel Macron, au dernier jour de sa visite d'Etat en Allemagne.

« Mais on ne doit pas permettre de toucher d'autres cibles en Russie et évidemment des capacités civiles », a-t-il précisé. « Nous ne voulons pas d'escalade », a répété Emmanuel Macron. « Ce qui a changé c'est que la Russie a un peu adapté ses pratiques » et attaque l'Ukraine depuis des bases qui sont en Russie.

Les Etats-Unis opposés à l'usage d'armes occidentales sur le sol russe

Le chancelier allemand est lui resté plus évasif. « L'Ukraine a toutes les possibilités de le faire, en vertu du droit international », a-t-il déclaré. « Il faut le dire clairement, elle est attaquée et peut se défendre ». De leur côté, les Etats-Unis, premier soutien militaire de Kiev, ne veulent pas que l'Ukraine utilise des armes américaines pour frapper « sur le sol russe », a dit mardi un porte-parole de la Maison Blanche.

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« Notre position n'a pas changé à ce stade. Nous n'encourageons ni ne permettons l'utilisation d'armes fournies par les Etats-Unis pour frapper sur le sol russe », a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Le débat sur l'usage ou non sur le sol russe des armes occidentales fournies à l'Ukraine agite Washington et les capitales européennes. Les plus réticentes jusqu'ici - Rome et Berlin notamment - brandissent le risque d'escalade, d'extension du conflit, avec en filigrane le risque de l'utilisation de l'arme nucléaire par le président russe Vladimir Poutine. L'OTAN pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui « lient les mains dans le dos des Ukrainiens », selon son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Poutine menace de « graves conséquences »

Le président Vladimir Poutine a menacé mardi de « graves conséquences » en cas d'usage d'armes occidentales contre le territoire russe. « En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent. Ils doivent se souvenir qu'ils sont bien souvent des États ayant un petit territoire et une population très dense », a prévenu Vladimir Poutine au cours d'un point presse à Tachkent, en Ouzbékistan.

« Ce facteur est une chose sérieuse qu'ils doivent avoir à l'esprit avant de parler de frapper en profondeur le territoire russe », a-t-il poursuivi. « Cette escalade permanente peut avoir de graves conséquences ».

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Selon Vladimir Poutine, il s'agirait dans ce cas de figure d'une escalade car même si ce sont les militaires ukrainiens qui procèderaient aux frappes, elles seraient « préparées » par les Occidentaux qui leur fournissent les armes. « La tâche n'est pas préparée par l'armée ukrainienne mais par les représentants des pays de l'Otan », a-t-il martelé, reprochant en outre aux Occidentaux de vouloir « un conflit mondial ».

Macron refuse de « commenter des rumeurs » sur l'envoi d'instructeurs

Autre ligne rouge pour Moscou qui fait l'objet d'intenses discussions parmi les alliés de Kiev : l'envoi sur le sol ukrainien d'instructeurs militaires pour aider l'armée ukrainienne. Si certains pays, comme la France, l'envisagent et en discutent avec l'Ukraine, d'autres sont des plus circonspects.

A Bruxelles, à l'issue d'un conseil des ministres de la Défense des Etats de l'UE, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a confirmé qu'un débat était en cours sur cette éventualité, mais qu'il n'y avait « pas pour le moment de position commune claire sur ce sujet ».

L'Ukraine a annoncé lundi que des instructeurs français allaient se rendre « prochainement » sur son sol afin de former les troupes ukrainiennes, avant de dire être toujours « en discussions avec la France et d'autres pays sur cette question ». Emmanuel Macron a refusé mardi de « commenter des rumeurs » sur l'envoi d'instructeurs français en Ukraine, annoncée la veille par Kiev qui est ensuite revenu sur cette annonce. Le président Poutine a affirmé que des instructeurs militaires occidentaux étaient déjà déployés en Ukraine, en prétendant être des mercenaires.

Zelensky en Normandie le 6 juin

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky assistera le 6 juin en Normandie aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement allié en France, a annoncé mardi son homologue français Emmanuel Macron.

« J'aurai l'occasion, lorsque le président Zelensky se rendra en France à l'occasion du D-Day la semaine prochaine, de le recevoir et à ce moment-là de m'exprimer très précisément pour annoncer ce que nous allons faire » de plus en soutien à l'Ukraine, a-t-il dit lors d'une conférence de presse en Allemagne avec le chancelier allemand Olaf Scholz. « Je ne ferai pas de commentaire sur ce qui a été des communications non coordonnées et malheureuses », a-t-il ajouté, en réponse à une question sur le possible envoi en Ukraine d'instructeurs militaires français.

(Avec AFP)