Fini le faste. Aujourd'hui, à l'occasion de la traditionnelle Journée de la marine russe, le défilé à Saint-Pétersbourg va réduire la voilure. Seuls 12 navires participent à l'événement, amarrés aux quais, dans les eaux de la Neva. La grande parade, organisée depuis 2017 dans le port voisin de Kronstadt et censée démontrer la puissance militaire du pays, a, elle, été annulée, officiellement « pour raisons de sécurité ». L'an dernier, quelque 45 navires de surface et sous-marins ainsi que 3 000 marins y participaient, en présence de Vladimir Poutine.
L'origine de cette modestie nouvelle est sans doute à chercher à 2 000 kilomètres de là, dans les eaux de la mer Noire. Contre toute attente, les Ukrainiens, pourtant presque dépourvus de marine, n'y cessent de marquer des points. À la mi-juillet, le dernier patrouilleur russe basé en Crimée a ainsi discrètement quitté le port de Sébastopol pour celui de Novorossiisk. Ce retrait constitue le dernier épisode d'une longue série de revers, sanctionnée en mars par le remplacement du chef de la marine, Nikolaï Evmenov, par l'amiral Alexander Moiseev.
Tout a commencé le 14 avril 2022, quand deux missiles antinavires Neptune de fabrication ukrainienne coulent le croiseur lance-missile Moskva, le navire amiral de la flotte. Une perte qui résonne toujours comme une humiliation pour le Kremlin. Suivront d'autres attaques, comme celle contre le sous-marin Rostov-sur-le-Don, immobilisé en septembre 2023 après la frappe de missiles de croisière Storm Shadow, livrés par le Royaume-Uni.
Selon le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Kiev a un « plan » pour récupérer la Crimée
Les résultats parlent d'eux-mêmes. Des 74 navires de guerre qui composaient la flotte russe de la mer Noire au début de l'invasion en 2022, environ un tiers a été coulé ou endommagé. « Ces succès ukrainiens ont perturbé la logistique russe et entravé le réapprovisionnement des troupes dans le sud de l'Ukraine, affirme Yuri Basiuk, directeur de Dumskaya, un site d'information indépendant. Surtout, cela a permis de briser le blocus des ports et d'ouvrir un nouveau corridor maritime pour les exportations agricoles. »
Sur la défensive, la flotte russe se redéploie vers le port de Novorossiisk en Russie et, récemment, à Otchamtchirée, en Abkhazie. « Les Russes ont fait partir de Crimée les navires les plus importants et les plus sophistiqués, affirme Dmytro Pletenchuk, porte-parole de la marine ukrainienne. Il ne leur reste que des navires de ravitaillement non destinés au combat. »
Les frappes de drones et de missiles ukrainiens ont également causé des dégâts importants à la base navale de Sébastopol, une plateforme logistique difficilement remplaçable pour la maintenance et les réparations des navires, de même que pour l'entraînement des forces et le stockage des munitions. « La flotte de la mer Noire a commencé à construire une nouvelle base en Abkhazie, mais seul Sébastopol dispose de l'infrastructure nécessaire pour charger des missiles de croisière à bord des navires, et la Crimée de chantiers navals capables de réparer les grandes unités de la flotte », souligne le journaliste d'Ukrainska Pravda Roman Romaniuk.
Dans un entretien cette semaine au Guardian, le général Oleksandr Syrsky, commandant en chef de l'armée ukrainienne, affirme que Kiev a un « plan » pour récupérer la Crimée. Les Russes se préparent à une telle offensive. Depuis plusieurs mois, ils ont entamé la construction de fortifications pour protéger le pont stratégique qui enjambe le détroit de Kertch, déjà attaqué il y a un an par des drones navals ukrainiens.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !