Taïwan : le nouveau président tend les bras aux Etats-Unis pour lutter contre « l'expansionnisme autoritaire » de la Chine

Quelques semaines après son élection, et le regain de tension entre Pékin et Taipei, le nouveau président Lai Ching-te a accueilli une deuxième délégation de parlementaires américains venus lui rendre visite. Ce dernier ne cache pas son envie d'affermir ses liens avec les Etats-Unis pour se défendre des tentatives d'intimidation de la Chine.
Lai Ching-te a notamment affirmé, ce mercredi, qu'il travaillera avec les Etats-Unis pour faire face à « l'expansionnisme autoritaire » de Pékin.
Lai Ching-te a notamment affirmé, ce mercredi, qu'il travaillera avec les Etats-Unis pour faire face à « l'expansionnisme autoritaire » de Pékin. (Crédits : Reuters)

Le nouveau président de Taïwan ne se laisse pas impressionné par les tentatives d'intimidation de Pékin. Lai Ching-te a notamment affirmé, ce mercredi, qu'il travaillera avec les Etats-Unis pour faire face à « l'expansionnisme autoritaire » de Pékin. Une déclaration faite dans le cadre d'une deuxième visite de parlementaires américains sur l'île, une semaine après des manœuvres militaires de la Chine autour de cette dernière.

Le président taïwanais avait déjà reçu lundi la visite d'une autre délégation de la Chambre des représentants, menée par le républicain Michael McCaul, président de la Commission des Affaires étrangères de cet hémicycle. Ce mercredi, s'adressant à cette délégation, le nouveau président a appelé au soutien continu de l'allié le plus puissant de Taipei.

« Pour relever le défi de la pandémie, nous nous sommes entraidés. Maintenant que nous faisons face à l'expansionnisme autoritaire, nous continuons à travailler ensemble », a déclaré Lai Ching-te lors d'une rencontre avec des sénateurs américains. « A l'avenir, nous ferons tout notre possible pour sauvegarder la démocratie et faire en sorte qu'elle brille dans le monde », a-t-il ajouté.

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Vers un « Stand With Taiwan Act » américain ?

La sénatrice démocrate Tammy Duckworth a indiqué au président taïwanais qu'il pouvait compter sur la délégation pour être toujours présente au côté de Taïwan. Elle a également annoncé qu'elle se joindrait au « Stand With Taiwan Act » du sénateur républicain Dan Sullivan, un projet de loi visant à imposer des sanctions économiques, énergétiques ou financières à la Chine en cas d'intervention ou de recours à la force à Taïwan.

Pour Dan Sullivan, la visite soulignait le « soutien bipartite et solide comme le roc » à Taïwan. La délégation comptait également la présence des sénateurs démocrates Chris Coons et Laphonza Butler.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a critiqué, ce mercredi, la rencontre qu'il a qualifiée de « sournoise (et qui) envoie un signal gravement erroné à la force séparatiste pour l'indépendance de Taïwan ».

La Chine montre les muscles

A l'origine de cette montée des tensions, un discours de Lai Ching-te, qui a été investi lundi dernier comme président de Taïwan. Ce dernier avait notamment indiqué que « la République de Chine (Taïwan) et la République populaire de Chine (la Chine continentale dirigée par le Parti communiste) ne sont pas subordonnées l'une à l'autre ». Or, Pékin considère l'île comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise et l'arrivée au pouvoir des communistes sur le continent en 1949.

Pour manifester son opposition à ces propos, selon elle séparatistes, la Chine a mené des manœuvres militaires autour de Taïwan pendant 48 heures jeudi et vendredi. Cet exercice « Joint Sword-2024A » (ou « Épées tranchantes unies-2024A ») visait à envoyer un signal de désapprobation aux autorités du territoire insulaire.

Depuis 2016, la Chine a augmenté sa pression militaire et politique sur Taïwan. Et ses navires militaires, ses drones et ses avions de combat maintiennent une présence quasi quotidienne autour de l'île. Dans un contexte tendu, Pékin continue donc d'envoyer des avions et navires autour de l'île. Dimanche matin, le ministère taïwanais de la Défense a indiqué avoir détecté sept avions chinois, 14 navires de combat et quatre navires des garde-côtes chinois au cours des dernières 24 heures.

Lundi, 21 avions militaires chinois et 15 navires de la marine ou des garde-côtes ont de nouveau été détectés autour de l'île au cours des dernières 24 heures. Dix des avions chinois ont même franchi la zone d'identification de la défense aérienne (ADIZ) au cours des dernières 24 heures, a précisé le ministère taïwanais de la Défense, précisant qu'il avait réagi de manière appropriée.

Des tensions qui pourraient perdurer

Surtout, ce mercredi le Bureau des affaires taïwanaises (TAO) de Pékin a annoncé que d'autres manœuvres militaires pourraient suivre.

« Tant que les provocations en faveur de l'indépendance de Taïwan se poursuivront, les actions de l'Armée populaire de libération (APL) pour défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale se poursuivront », a déclaré Zhu Fenglian, porte-parole du TAO, lors d'une conférence de presse.

Cette dernière a qualifié la rhétorique du président Lai d'« extrêmement imprudente », ajoutant qu'elle « risquait » d'entraîner « inévitablement une guerre dans le détroit de Taïwan et causer de graves dommages à nos compatriotes de Taïwan ». « Nous ne tolérerons, ne cautionnerons ou n'autoriserons jamais cela, et nous devons contrecarrer et punir cela », a-t-elle déclaré. « Plus la provocation est grande, plus la riposte est forte », a-t-elle enfin ajouté.

(Avec AFP)

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