Bangladesh : poussé vers la sortie par les manifestants, le président de la Cour suprême démissionne

Considéré comme un fidèle de l'ex-Première ministre déchue Sheikh Hasina, Obaidul Hassan avait été nommé à la tête de la Cour suprême en 2023. Il a déclaré, ce samedi, avoir accepté de démissionner « en principe », après avoir reçu un ultimatum de la part de manifestants.
Les manifestations au Bangladesh ont commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance.
Les manifestations au Bangladesh ont commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. (Crédits : Reuters)

Nouvelle conséquence du renversement de la Première ministre Sheikh Hasina au Bangladesh et de la pression de la rue : le président de la Cour suprême a déclaré, ce samedi, avoir accepté de démissionner « en principe », comme l'a rapporté la chaîne de télévision bangladaise Jamuna TV.

Il a été sommé de démissionner par des manifestants qui lui ont lancé un ultimatum et dont certains étaient rassemblés devant le bâtiment de la plus haute autorité judiciaire du pays à Dacca. « Il ne m'est plus possible d'exercer mes fonctions et j'ai donc décidé de démissionner », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Obaidul Hassan avait été nommé à la tête de la Cour suprême en 2023 et est considéré comme un fidèle de l'ex-Première ministre déchue Sheikh Hasina. Il a notamment supervisé un tribunal des crimes de guerre très critiqué qui a ordonné l'exécution d'opposants de l'ancienne cheffe du gouvernement. Son frère a été son secrétaire pendant de nombreuses années.

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« Personne ne devrait faire quoi que ce soit qui puisse opposer la Cour suprême au soulèvement de masse des étudiants et du peuple », a commenté à la presse Asif Nazrul, un étudiant leader de la contestation qui fait partie du nouvellement constitué gouvernement de Muhammad Yunus.

Un « gouvernement intérimaire » en place

De retour d'exil, l'économiste et prix Nobel de la paix a prêté serment, jeudi dernier, en tant que chef du gouvernement intérimaire du Bangladesh. « Je défendrai, soutiendrai et protégerai la Constitution », a-t-il déclaré au cours de la cérémonie de prestation de serment, ajoutant qu'il remplirait ses fonctions « avec sincérité ».

Celui qui occupe officiellement le poste de « conseiller en chef » du gouvernement a composé un gouvernement d'une douzaine de membres qui sont, eux aussi, des « conseillers » et non des ministres. Il s'agit de responsables politiques, de personnalités de la société civile, de généraux et de diplomates.

Cette décision de « former un gouvernement intérimaire (...) avec Yunus comme chef » a été prise à la suite de la dissolution par le président Shahabuddin du Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le parti nationaliste du Bangladesh (BNP), un jour après avoir ordonné la libération des personnes arrêtées pendant les manifestations et des prisonniers politiques.

Attaques contre la minorité hindoue

Ce samedi, Muhammad Yunus a lancé un appel à l'unité affirmant, aux journalistes, que « notre responsabilité est de construire un nouveau Bangladesh ». « Ne faisons pas de différence en fonction de la religion », a-t-il insisté, s'exprimant lors d'une visite dans la ville de Rangpur, dans le nord du pays, lors de laquelle il a rendu hommage à Abu Sayeed, le premier étudiant tué lors de la répression des manifestations.

Cette prise de parole fait suite à des attaques contre la minorité hindoue du pays qui se sont déroulées dans le pays depuis la fuite de Sheikh Hasina et qui ont suscité l'inquiétude de l'Inde voisine et des craintes au Bangladesh. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous - une communauté parfois considérée dans ce pays à majorité musulmane comme ayant été proche de la dirigeante déchue - ont été attaqués lundi, selon des témoins. La maison d'un musicien hindou célèbre, Rahul Ananda, a été incendiée.

(avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 12/08/2024 à 14:58
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"Attaques contre la minorité hindoue" Simple réciprocité de part et d'autre de territoires voisins en opposition religieuse. A quand un échange de minorités musulmane et hindoue entre l'Inde et le Bangladesh? Cela pourrait être fait sans h...

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