Réforme de l'assurance chômage : malgré les législatives, Gabriel Attal annonce un décret « d'ici au 1er juillet »

Le Premier ministre Gabriel Attal a assuré ce jeudi sur France Inter que le décret réformant l'assurance chômage serait bien pris « d'ici au 1er juillet », en pleine campagne des législatives anticipées. La veille pourtant, Emmanuel Macron a appelé à « construire les modalités » de cette réforme après les deux tours du scrutin.
La réforme de l'assurance chômage souhaitée par le gouvernement durcirait l'accès à une indemnisation et à l'ouverture de droits.
La réforme de l'assurance chômage souhaitée par le gouvernement durcirait l'accès à une indemnisation et à l'ouverture de droits. (Crédits : © LTD / MIGUEL MEDINA/AFP)

Le flou règne toujours quant à l'avenir de la réforme de l'assurance chômage. « Un décret sera pris d'ici au 1er juillet pour cette réforme qui reste sur des paramètres qui sont ceux qui avaient été mis en place lors de la réforme de 2019, et qui surtout s'accompagnent d'un meilleur accompagnement des chômeurs vers le retour à l'emploi », a affirmé le Premier ministre, Gabriel Attal, sur France Inter ce jeudi matin.

Pourtant la veille, lors de sa conférence de presse expliquant pourquoi il a dissous l'Assemblée nationale et entraîné des élections législatives anticipées, Emmanuel Macron avait appelé à « construire les modalités » de cette réforme après les deux tours du scrutin, prévus les 30 juin et 7 juillet. Sans pour autant la remettre en question : « Je l'assume. Et je pense qu'il faut continuer sur ce chemin et ce cap », a appuyé le chef de l'État.

Timing serré

Seule certitude aujourd'hui : le projet de décret actant la nouvelle réforme souhaitée par le gouvernement est actuellement en cours d'examen par le Conseil d'État. Les règles actuelles d'indemnisation prendront fin au 30 juin : sans nouveau décret acté d'ici là, ou sans prolongation des actuelles, plus aucune règle n'encadrerait l'indemnisation des chômeurs. À noter que même si le décret entre en vigueur au 1er juillet, les nouvelles règles d'indemnisation ne s'appliqueraient qu'à partir du 1er décembre pour des raisons techniques.

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Pour rappel, la réforme durcirait l'accès à une indemnisation puisqu'elle prévoit de réduire la durée maximale d'indemnisation pour les chômeurs à 15 mois pour les moins de 57 ans, contre 18 mois actuellement pour les moins de 53 ans. Ouvrir des droits sera également plus difficile : il faudra avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers mois, contre 6 mois sur 24 mois actuellement.

Pour le gouvernement, le but est d'inciter à la reprise d'emploi, désendetter l'assurance chômage (dont la dette s'élève à 58 milliards d'euros) et mieux financer l'accompagnement des demandeurs d'emplois par France Travail grâce aux excédents que dégage désormais l'Unédic, l'organisme paritaire qui le pilote, explique-t-on au ministère du Travail.

Selon les calculs de l'Unédic dévoilés mardi, cette réforme permettrait des économies comprises entre 4 et 5,4 milliards d'euros par an d'ici quatre à cinq ans. Ce qui serait au-delà de l'objectif affiché par le gouvernement, qui avait affiché en mai viser 3,6 milliards d'économies annuelles.

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Une réforme décriée par la gauche

Reste que, en mettant fin avec la dissolution aux travaux de l'Assemblée, l'exécutif s'est épargné l'examen, normalement prévu ce 13 juin au Palais Bourbon, d'une proposition de loi contre cette réforme, qui aurait dû rassembler une bonne part des oppositions. Ce qui ne clôt pas le sujet, bien au contraire. La réforme devrait en effet être au cœur de la campagne et a déjà nourri de nombreuses discussions depuis le début de la semaine. Lundi, dans un communiqué commun, le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et le Parti Socialiste - réunis désormais sous une bannière « Front populaire » avec LFI, les communistes et les Écologistes dans le cadre des législatives - ont indiqué avoir pour ambition, parmi d'autres, « l'annulation de la réforme de l'assurance chômage ».

Et ils ne sont pas les seuls opposés à ce projet de réforme. Les syndicats aussi sont vent debout. Ils craignent une précarisation accrue des chômeurs, notamment parmi les jeunes et les seniors. Dans un communiqué conjoint ce mercredi, les huit confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU) ont appelé l'exécutif à « renoncer à sa réforme de l'assurance chômage ».

« Alors même que le gouvernement vient de subir un véritable désaveu aux dernières élections européennes, il est temps de renoncer à la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue », ont-elles estimé.

Mercredi après-midi également, la Commission nationale de la négociation collective, de l'emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP) se réunissait dans le but de recueillir et transmettre au Conseil d'État les avis des partenaires sociaux sur le texte. À l'inverse des syndicats, les organisations patronales y sont favorables.

(Avec AFP)

Commentaires 15
à écrit le 18/06/2024 à 17:58
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La macroni gouverne a cout de décret et de 49.3. j'espère que les français vont bien votez a droite, la réforme du chômage va pousser non pas au travail mais Dans la pauvreté surtout les seniors. rappel pour le Petit smicard le chômage c'est 1000 € ...

à écrit le 13/06/2024 à 12:47
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Un décret n'a de vie que le temps d'un gouvernement ce qui veut dire que celui ci sera annule sous 24 h par une autre majorité A noter que ce décret n'est pas pour une remise au travail mais pour ponctionner l'excédent de France Travail dans le cadre...

le 13/06/2024 à 13:31
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Le décret durcit les règles d'indemnisation et donc incite au retour travail et réduit le coût du dispositif. Que ça soit France Travail ou le budget général à la fin c'est tjrs le contribuable (surtout futur) qu'y gagne

le 13/06/2024 à 13:31
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pas sur que le prochain gouvernement annule le decret. il n y a plus d argent dans les caisses. ET les macroniste sont coherent avec eux meme : leurs electeurs sont pas impacté car ils sont retraitéàs. il ets donc logique de promettre de ne pas touch...

le 13/06/2024 à 15:28
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Exactement. Et in fine ce ne seront pas "les contribuables" qui seront concernés, mais les seuls salariés du privé. Tout ça pour continuer à financer les privilèges du secteur public.

à écrit le 13/06/2024 à 12:04
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la voie française vers l inégalité a bien été sanctionnée ! (une gare est un lieu ou on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien) ) toujours d actualité ?

à écrit le 13/06/2024 à 12:00
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Le niveau zéro de la politique est atteint par ce président et son gouvernement. Une place de choix leur sera réservée dans les poubelles de l'histoire.

à écrit le 13/06/2024 à 11:51
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Ce qui montre qu'alors que la dissolution n'empêche rien ! que ce sont des gens comme lui coopté par bildenberg afin qu'il fasse l'objectif de ses mandants ! le pays est entre les mains de gens dangereux, dont les objectifs n'ont plus rien a voir...

à écrit le 13/06/2024 à 11:46
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Comme d'hab, on tape les chômeurs pour maintenir les retraites et brosser au passage dans le sens du poil les retraités qui peuvent se prendre pour la "génération supérieure" qu'in faudra bien à un moment remettre à sa place d'une manière ou d'une au...

le 13/06/2024 à 15:31
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Avant les retraites, c'est le secteur public qu'il faut remettre plat. Et les régimes spéciaux à supprimer sans délais. Les retraités du secteur privé ont déjà donné et subi.

le 13/06/2024 à 20:04
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Pas de soucis mais va falloir que vos impôts dépassent les 10000 euros par ans pour financer ce choix

à écrit le 13/06/2024 à 11:32
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Les électeurs vont aussi signifier un décret à Mr Atal au soir du 1er tour. Et ça risuqe d'être une grosse baffe.

à écrit le 13/06/2024 à 11:30
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"Oui nous tenons notre promesse de stigmatiser encore plus les chromeurs ! Après avoir exterminé leurs retraites !" Bizarre non quand même on est bien d'accord ? :-)

le 13/06/2024 à 15:35
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Pressurer le secteur privé par manque de courage pour réformer le public. Unedic, Agirc-Arrco, plus facile à siphonner que d'arrêter les régimes spéciaux de retraite.

le 14/06/2024 à 7:35
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Bizarre pour un parti politique de saper sa campagne deux semaines avant des élections primordiales. Puisque tu m'obliges à préciser... :-)

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