Rassemblements interdits, couvre-feu prolongé… la Nouvelle-Calédonie toujours en crise

Malgré la suspension de la réforme du corps électoral par Emmanuel Macron, l’archipel reste sous tension. Ce week-end, les rassemblements seront interdits, et le couvre-feu restera maintenu jusqu’au 8 juillet, a indiqué, ce vendredi, le haut-commissariat de la République.
La Nouvelle-Calédonie connaît toujours une situation tendue, malgré la suspension de la réforme du corps électoral par Emmanuel Macron. (photo d'illustration)
La Nouvelle-Calédonie connaît toujours une situation tendue, malgré la suspension de la réforme du corps électoral par Emmanuel Macron. (photo d'illustration) (Crédits : © LTD / LUDOVIC MARIN/Pool via REUTERS)

La crise est loin d'être terminée en Nouvelle-Calédonie. Les rassemblements seront interdits de samedi matin à dimanche soir et le couvre-feu, en vigueur depuis le début des fortes tensions qui touchent l'archipel, a été prolongé jusqu'au 8 juillet, a annoncé, vendredi, le haut-commissariat de la République.

« Afin de poursuivre les efforts de sécurisation menés par les forces de sécurité intérieure, les rassemblements seront interdits du samedi 29 juin, 06h00 (vendredi 21h00 à Paris) au dimanche 30 juin, 20h00 », a indiqué le haut-commissariat dans un communiqué, ajoutant que le couvre-feu en vigueur de 20h00 à 6h00 est prolongé jusqu'au lundi 8 juillet.

Ces mesures interviennent alors que le premier tour des élections législatives, où la participation s'annonce importante, est organisé dimanche à Nouméa.

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Les pouvoirs publics pris à partie

Dans son communiqué, le haut-commissaire a indiqué que « la situation de l'ordre public s'est améliorée ces derniers jours » mais que des « dégâts très graves » continuent d'être commis sur des infrastructures publiques.

Il a notamment condamné « avec la plus grande fermeté » l'incendie dans la nuit de jeudi à vendredi du chantier du centre de première intervention de La Tontouta, proche de l'aéroport international, dont la construction était sur le point d'être achevée. Ce projet devait permettre d'accueillir des pompiers dans le nord de la commune de Païta et de réduire les délais d'intervention sur une large partie de l'archipel.

Plus globalement, le haut-commissaire a dénoncé « toutes les agressions effectuées par les émeutiers sur les sapeurs-pompiers », en hausse ces derniers jours, selon plusieurs déclarations de pompiers dans les médias locaux.

1.520 interpellations depuis le début des événements

Au total, depuis le début des troubles en Nouvelle-Calédonie liés à la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral critiquée par les indépendantistes kanak, 1.520 personnes ont été interpellées, a précisé le haut-commissariat.

Ces violences, les plus graves survenues dans l'archipel depuis les années 1980, ont fait neuf morts, selon le dernier bilan des autorités, et des dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages...).

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La réforme du corps électorale suspendue par Emmanuel Macron

Lors de sa conférence de presse au Pavillon Cambon à Paris le 12 juin, le chef de l'Etat, qui a choisi de dissoudre l'Assemblée nationale à l'issue des résultats des élections européennes, a abordé le sujet de la Nouvelle-Calédonie : « Le projet de loi constitutionnelle (...) j'ai décidé de le suspendre parce qu'on ne peut pas laisser l'ambiguïté dans la période », a annoncé le président de la République. Avant d'ajouter vouloir « donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l'ordre ».

Pour rappel, le texte, adopté successivement par le Sénat en avril puis l'Assemblée nationale le mois dernier, devait encore être adopté avant le 30 juin par les deux chambres réunies en Congrès à Versailles. Poussé par le camp loyaliste, il visait à élargir le corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales programmées à la fin de l'année. Une option contre laquelle le camp indépendantiste s'est catégoriquement opposé, au motif qu'il marginalisait les électeurs autochtones.

Plusieurs militants indépendantistes transférés en métropole

Sept militants liés à un collectif soupçonné d'avoir orchestré les troubles contre la réforme électorale en Nouvelle-Calédonie, dont le porte-parole Christian Tein, ont été transférés en métropole dans l'Hexagone pour y être incarcérés, a indiqué, dimanche dernier, le procureur de Nouméa.

« Ce transfert a été organisé au cours de la nuit au moyen d'un avion spécialement affrété à cette mission », a souligné le procureur de la République, Yves Dupas, dans un communiqué. Le magistrat a expliqué qu'il a été « ordonné une affectation dans un établissement pénitentiaire en métropole pour les sept personnes placées en détention provisoire, dont Christian Tein, en raison de la sensibilité de la procédure ».Selon lui, cette mesure doit « permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse ». Une décision qui a provoqué un regain de tension sur l'île.

 (Avec AFP)

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