Pour éponger le déficit public, Bercy relève son objectif à 25 milliards d'euros d'économies

Le ministère de l'Economie compte économiser 25 milliards d'euros cette année, dont 5 milliards qui vont être notifiés aux ministères par courrier, a annoncé Bruno Le Maire ce jeudi. Pour rappel, le déficit public a atteint 5,5% du PIB en 2023.
La France doit économiser 25 milliards d'euros en 2024 pour redresser ses finances publiques.
La France doit économiser 25 milliards d'euros en 2024 pour redresser ses finances publiques. (Crédits : © LTD / Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM)

Nouvel objectif. La France doit désormais économiser 25 milliards d'euros en 2024 pour redresser ses finances publiques, dont 5 milliards au total vont être notifiés aux ministères dans un courrier signé ce jeudi, a annoncé le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

Pour ce faire, le ministre va signer « aujourd'hui un courrier de notification à tous les ministères de leur plafond de dépenses », qui « va marquer une réduction de dépenses pour tous les ministères de 5 milliards d'euros par rapport à la loi de finances initiale », a-t-il déclaré à des journalistes.

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Dérapage du déficit public

Pour rappel, la dette publique atteint environ 111% du PIB (presque 3.160 milliards d'euros à fin mars) et le déficit s'est élevé à 5,5% du PIB en 2023, loin des clous européens des 3%. Une situation sanctionnée par la Commission européenne qui a placé la France en juin sous procédure de déficit excessif.

Jusqu'à présent, 15 milliards d'euros d'économies ont déjà été « exécutés », selon Bruno Le Maire. Dix milliards d'économies annoncés début 2024 ont déjà été actés dans les dépenses de l'Etat, et la hausse de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE) doit permettre de récupérer 5 milliards d'euros.

Restent à trouver 10 milliards d'euros d'économies : 5 milliards vont être demandés aux ministères, deux milliards aux collectivités locales et trois milliards devraient être dégagés par une taxation des rentes plus efficace sur les énergéticiens, a rappelé le ministre jeudi.

« Nous engageons aujourd'hui ces 10 milliards supplémentaires », a-t-il précisé.

« C'est ma responsabilité pour maintenir l'objectif de 5,1% de déficit public en 2024 », a-t-il justifié, en rappelant ce cap fixé au printemps par le gouvernement. « Le travail actuel est un travail de préparation pour construire un budget dans les temps, ce serait un mauvais signe pour les marchés » qu'il n'en soit pas ainsi, a souligné une source du cabinet du ministre.

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Réduire la voilure de 60 milliards

Ces nouvelles économies seront-elles suffisantes pour autant ? Pas selon Rexecode. L'institut d'études économiques privé estime qu'il faudrait réaliser 60 milliards d'euros d'économie en 2025, et ce, ne serait-ce que pour stabiliser la dette publique française. Avec une croissance de 1% et une fiscalité stable, « le calcul montre que la stabilisation » de la dette à son niveau de fin 2023, autour de 110%, exigerait « une réduction de dépenses publiques de 60 milliards d'euros dès 2025 », a estimé l'institut dans une note mercredi.

Ces économies seraient donc largement supérieures à celles prévues par le gouvernement sortant. Mais ce dernier table sur une croissance de 1,4% en 2025 et une légère hausse de la fiscalité, souligne Rexecode. Néanmoins, la prévision de croissance du gouvernement pour 2025 est supérieure à celle de la Banque de France (1,2%) ou de l'OCDE (1,3%). En outre, le gouvernement sortant n'ambitionne pas de réduire dès 2025 la dette publique, sa décrue étant attendue à compter de 2026 seulement.

Risque sur la note française

D'autant que la nouvelle Assemblée rebat les cartes. « La nouvelle Assemblée nationale se trouvera rapidement confrontée au déséquilibre des finances publiques et à la montée de la dette publique de la France », agite Rexecode.

« Il y a un risque sérieux sur la note française » si le rétablissement des finances publiques ne se poursuit pas, avait déjà averti mardi auprès du journal Les Echos, le président du Medef, Patrick Martin. Un risque déjà souligné par les agences Moody's et S&P Global. L'écart entre le taux d'intérêt de l'emprunt de la France et celui de l'Allemagne, référence en Europe, demeure plus élevé qu'avant la dissolution, le 9 juin.

Dans une note publiée mercredi et également consacrée à la dette publique, les économistes de La Banque Postale Maël Blanchet et Corentin Ponton soulignent que « la prolongation d'une situation de déficit des finances publiques pourrait effriter progressivement » la position avantageuse de la France, qui « a longtemps profité d'un statut d'emprunteur privilégié en raison de sa stabilité politique, de la crédibilité des politiques économiques et de son rôle d'influence dans les instances européennes ».

« L'instabilité politique actuelle pourrait être un catalyseur de cette évolution », ajoutent-ils. « À l'inverse, la clarification de la trajectoire financière par le gouvernement issu des élections et la réassurance sur les atouts traditionnels français (éducation, infrastructure, taille du marché) seraient susceptibles de rassurer les marchés. »

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/07/2024 à 15:46
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3% de déficit du PIB ce qui n’est pas 3% de déficit par rapport aux recettes, parce que la on est plus proche de 50% de déficit. Pour rappel 146Milliard de déficit pour 311Milliards de recette, soit 450Milliards de dépense. Vraiment c’est n’importe q...

à écrit le 11/07/2024 à 15:16
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C'est marrant de faire comme si des élections législatives n'avaient pas eu lieu après dissolution...

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