Nouvelle-Calédonie : près de 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations, Emmanuel Macron se rend sur place

Après le fragile retour au calme en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron va se rendre « dès ce soir » dans l'archipel, a annoncé le gouvernement ce mardi. Il doit y installer « une mission ». Le gouvernement a néanmoins réaffirmé que « le retour à l'ordre était le préalable à tout dialogue ».
Emmanuel Macron va se rendre « dès ce soir » dans l'archipel.
Emmanuel Macron va se rendre « dès ce soir » dans l'archipel. (Crédits : Benoit Tessier)

[Article publié le mardi 21 mai, à 12h40, mis à jour à 18h28]

Alors que les tensions semblent redescendre en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron va se rendre « dès ce soir » dans l'archipel.

« Il a été annoncé par le président de la République, en Conseil des ministres, qu'il se rendra sur place (en Nouvelle-Calédonie). Il partira sur place dès ce soir pour y installer une mission », a affirmé la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l'issue du Conseil des ministres.

Le président part « dans un esprit de responsabilité », a ajouté la porte-parole sans détailler la « mission » évoquée ni préciser combien de temps le chef de l'Etat resterait sur l'archipel. Elle a répété que « le retour à l'ordre était le préalable à tout dialogue », alors qu'une réforme électorale contestée par les indépendantistes doit être validée « avant la fin juin » selon Emmanuel Macron, par le Congrès réunissant sénateurs et députés. Mais « l'exécutif poursuit (...) la construction de la solution politique pour le territoire », a-t-elle précisé.

Des vols de rapatriement organisés

La prorogation de l'état d'urgence, décrété mercredi dernier, « n'a pas été abordée » lors de ce Conseil des ministres, a encore indiqué la porte-parole du gouvernement. « Si la situation doit être encore améliorée, elle est en voie de se normaliser », a-t-elle justifié. Cette situation exceptionnelle ne peut être prolongée au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement. Une éventuelle prorogation nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai. Signe de la difficulté pour les forces de l'ordre à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel français a annoncé qu'il resterait fermé aux vols commerciaux jusqu'à jeudi.

Le gouvernement néo-zélandais a néanmoins pu affréter un vol en direction de Nouméa parti en fin de matinée pour rapatrier 50 de ses ressortissants, l'Australie ayant annoncé de son côté l'envoi dans la journée de deux avions qui évacueront « des touristes australiens et d'autres ». L'un d'eux a atterri vers 15h30 heure locale (6h30 à Paris) sur le tarmac de l'aéroport de Magenta, normalement dédié aux vols intérieurs.

Le premier avion évacuant des touristes australiens, piégés dans les émeutes en Nouvelle-Calédonie pendant une semaine, a quant à lui atterri mardi à Brisbane. L'appareil, un C130 Hercules de la Royal Australian Air Force, est le premier à avoir quitté le territoire français d'outremer depuis le début des troubles le 13 mai.

Les autorités australiennes ont annoncé avoir enregistré 300 demandes d'évacuation de la part de leurs citoyens. Le nombre exact de passagers en partance mardi n'a pas été précisé dans l'immédiat. L'avion des forces de défense néo-zélandaises doit lui transporter « 50 passagers avec des besoins pressants », selon le ministre des affaires étrangères, Winston Peters. « En coopération avec la France et l'Australie, nous travaillons sur de prochains vols dans les jours à venir », a-t-il affirmé.

La chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie a appelé quant à elle mardi à « préserver le peu qu'il reste » de l'économie calédonienne, évoquant des « conséquences » économiques et sociales « déjà catastrophiques ». Les dégâts des trois premières nuits atteignent 200 millions d'euros, a-t-elle déjà pu indiquer, avec 80% à 90% du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa notamment « anéantis ». Environ 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations dans Nouméa et les villes limitrophes depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie il y a une semaine, a annoncé mardi le procureur de la République de Nouméa, Yves Duâs.

« D'importantes dégradations, notamment par incendie, ont été constatées dans la ville de Nouméa et des communes limitrophes concernant d'une part des bâtiments ou équipements publics et d'autre part des structures économiques », a précisé le procureur  dans un communiqué.

Dans son communiqué, Yves Dupas a également fait état de « 216 mesures de garde à vue, dont 144 pour des atteintes aux biens, 25 pour violences à personne dépositaire de l'autorité publique et 46 pour des atteintes aux personnes », ayant donné lieu à 31 comparutions devant la justice, dont 11 incarcérations.

La situation reste « précaire »

Malgré de « nets progrès » en matière de sécurité vantés samedi par Emmanuel Macron, l'Elysée a annoncé la mobilisation « pour un temps » de militaires afin de « protéger les bâtiments publics » de l'archipel du Pacifique Sud et de soulager policiers et gendarmes. « Le retour au calme se poursuit sur l'ensemble du territoire » calédonien, a écrit le représentant de l'Etat sur place, Louis Le Franc, dans un communiqué publié mardi matin. Alors que le spectre d'une pénurie de nourriture et de médicament plane sur l'agglomération de Nouméa, le haut-commissaire a assuré que 21 grandes surfaces ont rouvert « et sont progressivement réapprovisionnées ».

Louis Le Franc a toutefois également annoncé l'envoi d'effectifs supplémentaires « dans les heures à venir » pour juguler les violences qui secouent l'archipel depuis huit jours. Car Nouméa et son agglomération continuent d'être le théâtre d'affrontements et les barrages se sont même étoffés par endroits dans la nuit, a constaté un journaliste de l'AFP, auquel plusieurs témoins ont fait état d'importantes détonations dans le quartier de Tuband. Six personnes ont été tuées depuis le début des violences, d'une ampleur inédite en près de 40 ans dans l'archipel océanien. Parmi les morts figurent deux gendarmes mobiles dont les dépouilles ont été ramenées lundi par avion militaire dans l'Hexagone.

Malgré le déploiement massif de forces de sécurité intérieure, qui dépassent les 2.700 effectifs désormais en Nouvelle-Calédonie, la situation reste « précaire », de l'aveu même des autorités. Depuis le début des émeutes le 13 mai, 84 policiers et gendarmes ont été blessés, a indiqué mardi Gérald Darmanin lors de la séance des questions au gouvernement des députés. Les forces de l'ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 ont conduit à des gardes à vue, a précisé un peu plus tard le ministre de l'Intérieur lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

Les députés ont observé ce mardi une minute de silence en hommage aux morts. « Tous les groupes politiques se joignent à moi pour appeler à l'apaisement », a déclaré la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

Lire aussiLa Nouvelle-Calédonie toujours bloquée avant un nouveau Conseil de défense à Paris

Les mesures exceptionnelles maintenues sur l'île

Pour l'instant, les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues, à savoir le couvre-feu nocturne, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool et l'interdiction de l'application TikTok. L'interdiction de l'application Tik Tok a été contestée en justice ce mardi par la Ligue des droits de l'Homme (LDH), l'association La Quadrature du Net et plusieurs habitants de Nouvelle-Calédonie devant le Conseil d'Etat. Ce dernier a finalement accordé  24 heures supplémentaires au gouvernement pour motiver l'interdiction de TikTok sur l'île, et apporter des preuves du rôle supposément joué par le réseau social dans les violences qui touchent l'archipel depuis huit jours.

Les loyalistes appellent à poursuivre la réforme

Alors que la crise menace de s'enkyster, les appels se sont multipliés, de la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité et jusqu'à la maire loyaliste de Nouméa, pour réclamer un report de la réforme constitutionnelle. Si elle est adoptée, elle aurait, dénoncent les indépendantistes, pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanak.

« Il ne faut pas que le président de la République convoque le Congrès à Versailles. Pas maintenant. Je pense que le président l'a compris », a affirmé hier Sonia Lagarde, maire de Nouméa, au Monde. « Je crois qu'il faut de la sagesse et de la raison, et ces deux mots nous imposent aujourd'hui de faire une pause. »

Les principales figures loyalistes de l'archipel, réunies en conférence de presse à Nouméa, ont toutefois appelé à poursuivre l'examen de la réforme constitutionnelle, qui doit être adoptée avant fin juin. Son retrait serait « une erreur gravissime » qui donnerait « raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers », a asséné le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf.

« Ce texte doit continuer, ce texte doit poursuivre sa route parlementaire. Le Congrès de Versailles (qui doit encore se réunir avant fin juin, ndlr) ne doit être ni suspendu, ni annulé », a exhorté le député loyaliste, lors d'une conférence de presse rassemblant le camp loyaliste à Nouméa.

(Avec AFP)

Commentaires 19
à écrit le 21/05/2024 à 22:02
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M. MACRON avait fait appel à un logiciel d'intelligence artificielle qui lui avait affirmé que son changement constitutionnel n'avait strictement aucune chance de provoquer le moindre remous... En plus, ce logiciel lui avait conseillé de faire ses a...

à écrit le 21/05/2024 à 21:08
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[ Le gouvernement a néanmoins réaffirmé que "le retour à l'ordre était le préalable à tout dialogue" ]. Les répistes au pouvoir qui nous expliquent tranquillement que pour avoir un rapport il suffit de se servir sans consentement puis de consol...

à écrit le 21/05/2024 à 19:39
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Dans un premier temps presque tous les députés de la majorité du camp présidentiel votent un texte qui, c’est une certitude, va créer des troubles et dans un deuxième temps, une fois les troubles survenus, Emmanuel Macron se rend sur place pour créer...

à écrit le 21/05/2024 à 19:36
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"Nouvelle-Calédonie : près de 400 entreprises et commerces ont subi des dégradations, Emmanuel Macron se rend sur place" Sans surprise l'empereur du chaos vient remettre de l'essence sur l'incendie qu'il a initié afin de stigmatiser le peuple ka...

à écrit le 21/05/2024 à 19:17
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Je pense que la métropole doit faire un geste fort et donner notre président Macron à la Nouvelle-Calédonie , cela pousserait les kanaks à garder la nationalité française pour pouvoir fuir en métropole.

le 21/05/2024 à 20:46
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@Johnmckagan "Je pense que la métropole doit faire un geste fort et donner notre président Macron à la Nouvelle-Calédonie , cela pousserait les kanaks à garder la nationalité française pour pouvoir fuir en métropole." Et qui remplira les rang...

à écrit le 21/05/2024 à 15:27
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Il va leur faire un grand débat comme avec les gilets jaunes pour autant de résultats.

à écrit le 21/05/2024 à 13:17
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Manquait plus que lui... Les calédoniens vont en avoir gros, sachant que c'est le responsable direct des problèmes depuis 3 ans... Dommage

le 21/05/2024 à 19:02
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Pouvez vous nous expliquer ?

à écrit le 21/05/2024 à 13:14
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Notre Rocky Balboa va boxer la superpuissance azérie qui déstabilise la région

à écrit le 21/05/2024 à 12:13
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Le McKron en chef a décidé de s'envoler pour y apporter l'huile et l'essence ! :-)

à écrit le 21/05/2024 à 11:37
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Cela me fait penser aux premiers évènements d'indépendance qui ont secoué nos anciennes colonies que ce soit en indo où en Afrique .... même si l'Histoire ne repasse pas le plat .....

le 21/05/2024 à 17:33
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Dans les colonies, les personnes qui voulaient l independence etaient majoritaires, saud un pays je crois. La ce n est pas du tout le cas, et les habitants de l ile ont droit de voter comme partout en France. Donc les azeris, russes et autres RN peuv...

à écrit le 21/05/2024 à 11:35
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Si après 36 ans de processus de "pacification" et "décolonisation" nous en sommes là, on devrait accepter le fait que nous sommes incapables de gérer ce territoire et qu'il devrait se gouverner seul sans notre ingérence et sans notre argent. Un peu d...

à écrit le 21/05/2024 à 11:09
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Les émeutiers verront bien si les chinois les laissent tout casser, piller, voler...

à écrit le 21/05/2024 à 11:00
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Qui va payer la casse , qui sera traduit devant la justice pour avoir détruit les infrastructures ? A la première question , ça sera les contribuables. Pour la deuxième , comme d'habitude , laxisme total , il ne se passera rien. Nous avons des dirige...

à écrit le 21/05/2024 à 9:24
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Les Kanaks au tout début de ces débats entre eux et le gouvernement avaient demandé que ce soit quelqu’un d'autre que Darmanin parce que qu'ils n'arrivaient pas à le comprendre tout simplement car incapable de discuter. Nous sommes en France là et no...

à écrit le 21/05/2024 à 9:10
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c 'est gens qui detruisent leur propre pays et en plus français savent tres bien que les contribuables vont payer la facture car en general ceux ne sont pas les casseurs qui payent!

le 21/05/2024 à 9:22
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Oui voilà c'est exactement ça qu'ils se disent ! Cela parait évidnet, ils cassent parce que c'est remboursé par l'argent public ! LOL ! Ne va pas chercher trop loin surtout hein d('ici que tu te perdes... ^^

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