Macron se rend en Nouvelle-Calédonie alors que de nouveaux incendies ont été déclarés dans la nuit

Le président se rend ce mercredi en Nouvelle-Calédonie pour tenter de renouer le dialogue et ramener l'ordre. Cette nuit encore, des bâtiments publics et privés ont été incendiés, après plus d'une semaine d'émeutes.
Emmanuel Macron est en route ce mercredi pour la Nouvelle-Calédonie (photo d'illustration).
Emmanuel Macron est en route ce mercredi pour la Nouvelle-Calédonie (photo d'illustration). (Crédits : Delphine Mayeur / Hans Lucas via Reuters Connect)

Après plus d'une semaine d'émeutes, Emmanuel Macron est en route ce mercredi pour la Nouvelle-Calédonie avec l'objectif d'y renouer le fil du dialogue et d'accélérer le retour à l'ordre à Nouméa, où deux écoles et un concessionnaire automobile ont été incendiés pendant la nuit.  Le président de la République, dont l'avion a décollé en début de soirée mardi selon l'Elysée, doit arriver mercredi soir ou jeudi matin (heure locale) dans l'archipel français du Pacifique Sud.

La visite surprise du chef de l'Etat a été annoncée mardi en Conseil des ministres, alors que se multiplient les demandes de report du projet de loi constitutionnelle sur le corps électoral, rejeté par les indépendantistes.

Il s'agira de « renouer le fil du dialogue » politique et « anticiper la reconstruction » économique, a résumé le Premier ministre Gabriel Attal devant l'Assemblée nationale. Trois ministres l'accompagneront : Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer).

Une situation « en voie de se normaliser » ?

Le chef de l'Etat ira aussi « soutenir les Calédoniens et les forces de sécurité intérieure qui sont mobilisées pour rétablir l'ordre républicain », selon son entourage. Raisonnablement optimiste, une source haut placée au sein de l'exécutif pense que « les choses peuvent se débloquer très vite » avec la venue du président, à condition d'adopter sur place « un rythme qui soit respectueux de toutes les paroles ».

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Le retour à l'ordre reste la priorité affichée par l'exécutif, qui assure, par la voix de Prisca Thevenot, que la situation « est en voie de se normaliser ». Selon son entourage, le président « apportera à l'issue de son déplacement les réponses aux nombreuses questions légitimes que se posent les Calédoniens, tant sur le volet de la reconstruction que sur le volet politique ». C'est à ce moment-là qu'il doit annoncer cette « mission », qui devrait être confiée à des hauts fonctionnaires plutôt qu'à des personnalités politiques de premier plan.

Emmanuel Macron avait déjà tenté de débloquer ce dialogue au point mort entre indépendantistes et non indépendantistes, par une visioconférence initialement prévue jeudi dernier. Mais l'échange avait dû être annulé. Et l'invitation que Gabriel Attal devait adresser aux élus calédoniens pour qu'ils viennent à Paris ne s'est pas matérialisée.

Cyberattaque

Dans l'archipel, la nuit de mardi à mercredi « a été plus calme que la précédente malgré deux incendies dans l'agglomération de Nouméa », a signalé dans un communiqué le Haut-Commissariat de la République. Selon la municipalité de Nouméa, interrogée par l'AFP, deux écoles et 300 véhicules d'un concessionnaire sont notamment partis en fumée.

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« Très peu de temps après l'annonce » de sa venue, la Nouvelle-Calédonie a par ailleurs été visée par une cyberattaque « d'une force inédite » visant à « saturer le réseau calédonien », a indiqué lors d'une conférence de presse Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien. L'attaque, consistant en l'envoi simultané de « millions d'emails », a été stoppée « avant qu'il y ait des dégâts importants », a-t-il dit.

Touristes évacués

Neuf jours après le début des plus graves violences touchant l'archipel depuis près de 40 ans, la situation, bien que plus calme, reste précaire et des quartiers entiers toujours difficilement accessibles. Mercredi matin, des incendies étaient visibles en plusieurs secteurs de l'agglomération de Nouméa, dont la zone industrielle de Ducos, a constaté une journaliste de l'AFP.

Il est « beaucoup trop tôt » pour faire un bilan global des dégâts, car il y a encore des quartiers où les agents ne vont pas, a expliqué à l'AFP l'administration de la ville de Nouméa, tandis que le Haut-Commissariat a indiqué dans son communiqué que « plus de 90 barrages ont déjà été neutralisés et sont progressivement nettoyés ».

Depuis le début des violences, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles. Quelque 84 policiers et gendarmes ont aussi été blessés, a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devant les députés, qui ont observé mardi une minute de silence en hommage aux morts. Un millier de policiers et de gendarmes ont été envoyés en renfort dans le territoire d'outre-mer.

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Les forces de l'ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 menant à des gardes à vue, a précisé Darmanin, qui sera en Nouvelle-Calédonie avec le président Macron. Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, est aussi du déplacement. Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l'aéroport international de l'archipel restera fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi matin.

L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont pu commencer mardi à évacuer leurs ressortissants piégés par les violences. « Une centaine de touristes ont déjà regagné leurs territoires grâce à des vols affrétés par leurs autorités », a dénombré mercredi le Haut-commissaire de la République Louis Le Franc dans un communiqué. « Ces opérations se prolongeront jusqu'à la réouverture de l'aéroport international de La Tontouta », fermé au moins jusqu'à samedi, a-t-il précisé dans son communiqué.

Reporter ou non la réforme

Les mesures exceptionnelles de l'état d'urgence sont maintenues : couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d'armes, de la vente d'alcool et de l'application TikTok. Concernant cette dernière, le Conseil d'Etat, saisi par des défenseurs des libertés, a accordé mardi 24 heures supplémentaires au gouvernement pour motiver le blocage du réseau social et apporter des preuves du rôle que lui attribuent les autorités dans les émeutes.

Sur le front politique, les principales figures non-indépendantistes de l'archipel ont appelé à poursuivre l'examen de la réforme constitutionnelle contestée, qui doit être adoptée avant fin juin par le Congrès à Versailles. Son retrait serait « une erreur gravissime » qui donnerait « raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers », a jugé mardi le député (Renaissance) de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf.

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Mais plusieurs élus non-indépendantistes ont appelé à mettre le projet sur pause, le temps de renouer le dialogue. C'est le cas de Sonia Lagarde, maire de Nouméa, ou du parti Calédonie Ensemble dont le président, Philippe Gomes, estime que « la révision constitutionnelle devra être reportée ».

Les appels se sont multipliés, de la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, pour réclamer un report de cette réforme qui aurait pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanak, selon les indépendantistes.

De son côté, l'ex-Premier ministre Edouard Philippe, très impliqué dans le dossier calédonien durant son passage à Matignon (2017-2020), a dit espérer du chef de l'Etat des annonces « à la hauteur ».

« La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c'est plus difficile qu'il y a trois mois », a-t-il ajouté lors d'une réunion publique à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

« Il faut garder en tête que l'aspiration à l'indépendance et à l'autodétermination du peuple kanak ne disparaîtra jamais. Il faut trouver un accord entre la stabilité dans le temps et cette aspiration qui, si on la nie, sera toujours l'objet de résurgences violentes », a insisté l'ancien chef du gouvernement.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 22/05/2024 à 19:00
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Entre les personnes qui veulent la nationalité française, mais qu'on ne souhaite pas leur donner, et ceux dont on veut qu'il soit français, et qui ne le veulent pas, bienvenue dans le monde merveilleux de JUPITER. Il faut au moins être le Dieu des Di...

à écrit le 22/05/2024 à 14:10
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bonjour, ces mouvements risquent de se reproduire sur les autres dom Tom , sauf l'île de la réunion, pour l'instant, car très fort métissage, mais si une population métropolitaine au comportement raciste (logements à part, faible métissage. 'ne parl...

à écrit le 22/05/2024 à 12:41
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Il est où le porte-avions Charles de Gaulle? Où sont de frappes aeriennes?

à écrit le 22/05/2024 à 10:38
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Il s'y rend en bombardier d'eau avec des cocktails Molotov dans ses valises?🤦‍♂️

à écrit le 22/05/2024 à 9:57
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Macron, le pompier pyromane.

à écrit le 22/05/2024 à 9:53
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Ah ce sont pas les syndicats de la fnsea, cgt et autres bons toutous aux services des financiers là avec qui il faut discuter. Il est pas habitué notre président à des vrais gens en face de lui, c'est dangereux.

à écrit le 22/05/2024 à 9:02
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Comme d'hab' ! Il veut saturer les médias de sa présence, comme s'il pouvait agir sur place ! A moins de vouloir mettre de l'huile sur le feu pour suivre les directives de Bruxelles !

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