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Macronie : un hiver en été

À l’issue des législatives, la Macronie va basculer dans un monde qu’elle n’a jamais connu : celui de l’opposition.
Sylvain Maillard, l’actuel président du groupe Renaissance.
Sylvain Maillard, l’actuel président du groupe Renaissance. (Crédits : DR)

Rendez-vous était pris. Présidé par Jean-Yves Le Drian, le comité de soutien de Valérie Hayer, la tête de liste macroniste lors des élections européennes, qui comprenait Élisabeth Borne, Jean-Pierre Raffarin, Richard Ferrand, Renaud Muselier, Arnaud Robinet, le maire de Reims, au nom d'Horizons, le député Jean-Louis Bourlanges pour représenter le MoDem..., avait prévu de se revoir au lendemain de ce scrutin pour réfléchir à un nouveau fonctionnement de la majorité présidentielle. La dissolution décidée par le chef de l'État ne leur en a pas donné l'occasion. Ce choix d'Emmanuel Macron va même faire connaître à son camp un nouveau monde aux conditions bien plus hostiles que précédemment : celui de l'opposition.

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Pour la Macronie, née dans la foulée de l'élection de son héraut à l'Élysée en 2017, cela va être une révolution. Jusqu'à présent, elle a profité de la puissance et des attributs qu'octroie le statut de majorité dans le système de la Ve République. Les postes, les honneurs, les temps de parole sur les antennes étaient d'abord pour elle. Même si depuis 2022 elle ne détenait plus qu'une majorité relative, ces avantages demeuraient malgré tout très confortables. Désormais, elle va découvrir le côté plus obscur et sans force de la minorité. « Il n'y aura plus beaucoup de foin à se partager ; ça va être pain sec et eau froide », anticipe pour celle-ci Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat. L'hiver dès cet été.

Règlements de comptes

Combien y aura-t-il de députés Renaissance qui siégeront à l'Assemblée (ils étaient 169 dans l'Assemblée sortante) ? Combien parmi les 24 ministres en lice pour ces législatives anticipées s'en sortiront ? Au Palais-Bourbon, les postes à se répartir seront dans tous les cas de figure peu nombreux. « À peine réélu, Sylvain Maillard [l'actuel président du groupe Renaissance] trouvera un carton avec ses affaires devant la porte de son bureau », sourit un parlementaire du bloc central. D'ores et déjà, beaucoup imaginent Gabriel Attal préempter la fonction. Que restera-t-il d'autre à se mettre sous la dent ? Une ou deux vice-présidences de l'Assemblée, quelques présidences de groupe d'amitié... Du côté du parti, le train de vie ne sera plus non plus ce qu'il était. Puisque le financement des formations politiques est calculé en fonction de leurs résultats aux législatives, les ressources de Renaissance vont drastiquement fondre.

Immanquablement à l'issue d'une telle dégradation, les règlements de comptes seront de toutes parts légion. À l'automne, un congrès est prévu pour désigner le secrétaire général de la formation présidentielle, le mandat de l'actuel titulaire du poste, Stéphane Séjourné arrivant à son terme. Ce proche du chef de l'État avait initialement l'intention de rempiler, afin de geler au maximum les choses jusqu'à la présidentielle. Mais Emmanuel Macron aura-t-il encore l'autorité suffisante pour influer sur les choses alors que Renaissance va désormais compter un trop-plein de personnalités qui estimeront ne plus rien lui devoir ? Que feront Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Yaël Braun-Pivet... ? Désormais affranchi du chef de l'État, Gabriel Attal réfléchit déjà à la prise du parti.

« Au lendemain du second tour, l'enjeu, ce sera l'unité ou la scission », résume un rouage de la majorité. Qui peut imaginer que l'hécatombe annoncée ne favorisera pas un réflexe de chacun pour soi ? En 2022, il existait un accord de non-agression entre les groupes Renaissance, MoDem et Horizons afin qu'ils ne se ravissent pas de députés entre eux au cours de la législature. Cette fois, il n'y a pas eu de tel engagement pris à l'occasion des négociations rugueuses pour la répartition des candidats aux législatives.

Indépendance pour Horizons

Dans ces conditions, Édouard Philippe espère bien engranger l'arrivée de quelques députés Renaissance, limitant ainsi au minimum la fonte de ses effectifs (il recensait 31 députés). Dès l'annonce de la dissolution, Horizons, sa formation, a repris son indépendance, exigeant plus de candidats qu'en 2022 (elle en a 82, contre 58 il y a deux ans) et reprenant son autonomie financière. Certains proches d'Édouard Philippe auraient même souhaité aller plus loin. Lors d'une réunion interne organisée au soir de l'annonce de la dissolution, Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l'Assemblée, avait plaidé pour que son parti présente des candidats partout, puisqu'il n'avait pas du tout été associé à la décision présidentielle. Cette déclaration de guerre n'a pas été retenue.

Au sein de la majorité, Édouard Philippe, quand il était encarté chez LR, a connu, entre 2012 et 2017, les conséquences pour un parti de son appartenance à l'opposition. C'est aussi le cas de François Bayrou, qui a tout vécu au long de ses plus de quarante ans de carrière. Le MoDem avait 50 députés. À la veille du vote, l'hypothèse qu'a calculée le leader centriste pour sa famille lui a donné froid dans le dos : un maximum de 17 élus.

Macron-Sarkozy : un covoiturage pour s'expliquer

Emmanuel Macron a invité Nicolas Sarkozy à monter dans sa voiture afin de regagner le cœur de la capitale, lundi, à l'issue de la cérémonie d'inauguration du prolongement de la ligne 14 du métro, organisée à Saint-Ouen. Le temps de ce trajet commun a été l'occasion d'une nouvelle explication entre eux. L'ancien chef de l'État reste très remonté contre la décision prise le 9 juin, au soir des élections européennes, par son successeur de dissoudre l'Assemblée nationale. Pour lui, elle va affaiblir le pays, tout autant que son président, institutionnellement et politiquement.

Les deux hommes avaient déjà eu une vive discussion à ce sujet le 12 juin, quand Emmanuel Macron avait appelé Nicolas Sarkozy pour lui exposer les raisons de son choix. Avant d'acter ces législatives anticipées, l'actuel locataire de l'Élysée n'avait pas consulté son prédécesseur, contrairement à l'habitude qu'il avait prise avant chaque arbitrage politique important. Depuis cet automne, ils échangent en effet moins. Lors de ce coup de fil, jamais avare de conseils, Nicolas Sarkozy lui avait néanmoins suggéré de réexpliquer aux Français sa décision et sa déception après les 14,6% de son camp aux européennes. Le lendemain, en marge du G7 dans les Pouilles, Emmanuel Macron avait assuré, devant micros et caméras, avoir « été touché ». « Ça ne m'a pas fait plaisir dimanche, ça fait sept ans que je travaille comme un fou pour que le pays aille mieux [...], donc je l'ai pris pour moi », avait-il déclaré.

Ces trois dernières semaines, Nicolas Sarkozy a souhaité rester en dehors de la campagne, refusant de soutenir publiquement le moindre candidat. Il n'a fait qu'une exception. Il a réalisé une vidéo de soutien en faveur de Nicolas Metzdorf, candidat dans la 1ʳᵉ circonscription de Nouvelle-Calédonie. L.V

Commentaires 5
à écrit le 01/07/2024 à 13:52
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Une des plus grosses fautes de EM, c'est de, non seulement de rencontrer NS, mais de le faire savoir. Car l'état de la France actuelle est en grande partie liée à des délires de NS. Pourquoi (hormis une copie des américains) avoir limité à 2 mandats ...

à écrit le 30/06/2024 à 15:24
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Beaucoup de measures mal venues et comprises, hausse des taxes que les carburants, discours incoherent de la part de le Maire qui soutient que les taxes n'ont aucune consequence sur les prix délirants que nous payions , edf en hausse vertigineuse, c...

à écrit le 30/06/2024 à 7:39
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Ah vous avez vu une différence entre le RN et Macron !? Vous pouvez nous la montrer svp ? Merci.

le 30/06/2024 à 14:22
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Laisser le temps que la sauce se lie et vius allez voir la difference entre un freluquet et un jeune qui en veut. Le RN est en coulisse depuis quarante annees. Son createur age mais toujours bien lucide doit etre rasserene. Sa fille a force de steate...

le 01/07/2024 à 8:39
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Tu es parti depuis trop longtemps de notre pays si tu recommences à croire une alternative électorale, franchement c'est pas raisonnable.

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