Dépôts des candidatures, désistements... La campagne des législatives entre dans sa dernière ligne droite

Par latribune.fr  |   |  879  mots
Un peu plus de 1.100 candidats sont encore en course pour rejoindre les 76 députés élus au premier tour. (Crédits : Reuters)
Après le dépôt des candidatures mardi et le feuilleton des désistements face au Rassemblement national, il reste trois jours avant la clôture de la campagne officielle pour le second tour des législatives, tandis qu'Emmanuel Macron réunit le Conseil des ministres à l'Élysée.

L'épilogue de la campagne législative, qui est loin d'avoir livré son verdict après le premier tour, touche à sa fin. Il reste trois jours avant la clôture de la campagne officielle pour le second tour des législatives. Ils étaient 4.000 candidats sur la ligne de départ, ils ne sont désormais qu'un peu plus de 1.100 à ferrailler pour rejoindre les 76 députés élus dès dimanche dernier.

Dans le camp présidentiel comme dans celui du Nouveau Front populaire, les 48 dernières heures ont été consacrées à l'épineuse question des désistements, les deux camps ayant promis de retirer leurs candidats dans les circonscriptions où le Rassemblement national avait une chance sérieuse de l'emporter. Une démarche qui a drastiquement fait chuter le nombre de triangulaires : environ une centaine, contre 311 possibles à la sortie des urnes dimanche dernier.

Plus de 200 désistements

La gauche a retiré plus de 130 candidats et le camp présidentiel, 82. Le dernier en date : Dominique Despras du MoDem qui s'est retiré peu après avoir déposé sa candidature. Distancée dimanche dernier, la coalition présidentielle a salué « l'esprit de responsabilité »  du Nouveau Front populaire. Néanmoins, quelques candidats de la majorité ont cependant maintenu leur candidature, comme Anne-Laure Petel, arrivée 3e derrière le RN et la gauche dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône.

Sur France 2 mardi soir, l'ancien président François Hollande, qui affronte le RN et la droite en Corrèze, a salué la « reformation du front républicain ». Tout en promettant que la gauche sera « rééquilibrée » à l'issue du scrutin, au détriment des Insoumis. Une gauche qui doit « changer de comportement » pour « apparaître comme la solution, et non comme un barrage ».

Dans le camp présidentiel, cinq membres du gouvernement ont déjà dû se désister pour faire barrage au Rassemblement national (RN) : Fadila Khattabi, Marie Guévenoux, Sabrina Agresti-Roubache, Dominique Faure et Patricia Mirallès.

Plusieurs ministres sont bien partis pour sauver leur siège grâce aux désistements de la gauche. C'est le cas de Gérald Darmanin dans le Nord, même si le ministre de l'Intérieur ne compte qu'un peu moins de deux points d'avance sur son concurrent RN après le premier tour. Premier ministre en sursis, Gabriel Attal n'a rien à craindre, a priori, dans sa circonscription des Hauts-de-Seine où il affronte une candidate du Nouveau Front populaire.

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Bardella appelle les Républicains « au courage et à l'intérêt national »

Dans un entretien au Figaro, le président du RN Jordan Bardella a vu dans ces désistements une « coalition Macron-Mélenchon pour paralyser le pays ». Il appelle les Républicains « au courage et à l'intérêt national », se disant « prêt à la main tendue » pour « élargir sa majorité ». Marine Le Pen a aussi indiqué mardi qu'une majorité relative de « 270 députés », complétée avec des soutiens, suffirait pour que Jordan Bardella accepte de diriger un gouvernement de cohabitation.

« Les Républicains sont ambigus », a estimé Pierre Jouvet, le secrétaire général du PS sur BFMTV, en évoquant les candidats LR qui ont fait le choix de ne pas se désister en cas de triangulaires dans lesquelles le candidat du Nouveau Front populaire est « devant eux et pouvait battre le RN ».

Invitée aussi sur BFMTV mardi soir, la première secrétaire déléguée du PS Johanna Rolland a également mis en garde contre le « risque » que le RN aille « chercher des députés de la droite dite républicaine » pour constituer une majorité à l'issue du deuxième tour.

La tentation d'une « grande coalition » en cas d'échec du RN

Si le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR pourraient essayer de former une « grande coalition », courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions politiques françaises. Sur TF1 mardi soir, la patronne des Écologistes Marine Tondelier n'a pas fermé la porte à ce scénario, excluant cependant un nouveau « Premier ministre macroniste ».

Mercredi soir, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier s'exprimeront tour à tour sur BFMTV, qui a dû acter « l'impossibilité de monter un débat » le RN demandant en vain que le Nouveau Front populaire soit représenté par Jean-Luc Mélenchon.

De son côté, à l'Élysée, Emmanuel Macron réunira à 10h00 le Conseil des ministres. Le précédent, mercredi dernier, avait été « crépusculaire », aux dires d'un participant.

Les nominations relevant de la compétence du Conseil des ministres, traditionnellement annoncées chaque semaine, seront particulièrement scrutées. Marine Le Pen a dénoncé mardi un « coup d'État administratif » du camp macroniste qui envisagerait, selon elle, de procéder à une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation à des postes sensibles, police et gendarmerie nationale notamment. Le tout pour « empêcher Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite », a assuré la députée réélue au premier tour dans sa circonscription du Nord. « Être en responsabilité suppose du sang-froid et de la mesure », a répliqué l'Élysée dans une mise au point.

(Avec AFP)