Le FMI débloque une enveloppe de près de 800 millions de dollars en faveur de l'Argentine

Le conseil d'administration du FMI a approuvé jeudi le déblocage d'une enveloppe de près de 800 millions de dollars destinée à l'Argentine, dans le cadre d'un accord portant sur un montant total de 44 milliards.
Le président argentin, Javier Milei, a revendiqué avoir réalisé « l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité » depuis son entrée en fonction, le 10 décembre 2023.
Le président argentin, Javier Milei, a revendiqué avoir réalisé « l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité » depuis son entrée en fonction, le 10 décembre 2023. (Crédits : Reuters)

Les planètes semblent s'aligner pour Javier Milei, le président argentin ultralibéral. « Les bonnes nouvelles continuent », s'est-il félicité sur le réseau social X (ex-Twitter) en partageant le communiqué du FMI qui a estimé que le programme était « bien sur les rails, avec tous les critères de performance quantitative jusqu'à fin mars 2024 qui ont été atteints avec de la marge ».

Cette décision d'approuver la huitième revue du programme d'aide en cours avec Buenos Aires va porter le versement total déjà effectué dans le cadre de cet accord à plus de 41 milliards de dollars.

« Le conseil a insisté sur le fait que consolider les progrès solides nécessitait d'améliorer la qualité de l'assainissement budgétaire, d'engager les démarches pour établir une feuille de route en vue de l'amélioration de la situation monétaire et des changes, et de mettre en œuvre un programme structurel », a poursuivi l'institution internationale.

Le pays reste confronté à une inflation record

Le FMI a souligné la nécessité de « poursuivre les efforts pour soutenir les personnes vulnérables, élargir le soutien politique, et assurer une prise de décision souple ». Javier Milei a revendiqué avoir réalisé « l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité » depuis son entrée en fonction, le 10 décembre 2023.

Mais le pays reste confronté à une inflation record, même si elle a continué de décélérer en mai, à 4,2% sur un mois, soit la plus basse en deux ans et demi. Elle reste en revanche écrasante sur un an, à 276,4%. Elle avait accéléré après la dévaluation du peso fin 2023. Cette année, l'économie argentine devrait se contracter de 2,8%, selon les données du Fonds, après une récession de 1,6% enregistrée en 2023.

Avant cette annonce du FMI, le Sénat argentin avait approuvé, jeudi matin, en totalité, les réformes dérégulatrices voulues par le président qui a obtenu ainsi pour la première fois depuis six mois au pouvoir un soutien du Parlement. La loi avait été rejetée dans sa forme originale de 600 articles et adoptée après des modifications majeures en 238 articles par la Chambre des députés en avril.

Parmi les concessions d'un exécutif devenu plus pragmatique au fil des mois : le nombre des privatisations, passées d'une quarantaine dans la version initiale à moins de 10, dont celle toujours sur la table de la compagnie aérienne publique Aerolineas Argentinas.

« Une loi qui nous ramènera 100 ans en arrière »

La loi prévoit aussi, entre autres, une flexibilisation du marché du travail, des réformes qui « nous ramènent au siècle dernier lorsque l'employé n'avait aucun droit », a estimé le sénateur d'opposition Mariano Recalde. Elle comporte aussi des incitations controversées aux investissements étrangers supérieurs à 200 millions de dollars avec des avantages fiscaux et douaniers durant trente ans. « Nous donnons un chèque en blanc pour trente ans dont nous ne connaissons pas le coût », a déclaré le sénateur Martin Lousteau.

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« Pour les Argentins qui souffrent, qui attendent, qui ne veulent pas voir leurs enfants quitter le pays (...), mon vote est affirmatif », a déclaré Victoria Villarruel, présidente du Sénat et vice-présidente du pays, dont la voix a été déterminante. Après leur vote, les sénateurs ont entamé l'examen d'une réforme fiscale, initialement partie de la loi omnibus et dissociée pour être discutée à part dans la même session.

Des affrontements à Buenos Aires

Mercredi, en parallèle des discussions au Sénat, des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants anti-Milei ont éclaté à Buenos Aires. « Nous ne pouvons pas croire qu'en Argentine, nous discutons d'une loi qui nous ramènera 100 ans en arrière », avait résumé parmi les manifestants, Fabio Nunez, un avocat âgé de 55 ans. Selon le ministère de la Santé, sept personnes, dont cinq députés d'opposition, ont été soignées à l'hôpital après avoir été aspergées de gaz lacrymogènes. Des dizaines de personnes ont été prises en charge sur place.

Des voitures ont été incendiées et la police a riposté à des jets de projectiles avec des tirs tendus de balles en caoutchouc et des lances à eau. Au moins dix personnes ont été arrêtées et neuf policiers blessés, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Sécurité. A la tombée de la nuit, les forces de l'ordre ont repris le contrôle des rues. La présidence argentine a dénoncé « les groupes terroristes qui, à l'aide de bâtons, de pierres et même de grenades, ont tenté de perpétrer un coup d'Etat ».

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 15/06/2024 à 12:32
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Bonjour, malheureusement le pays est en ruines économique complet.... Donc seul le travail de tous les argentins devrait créé une croissance économique... Maintenant, d'impôts et la taxe doivent être correctement réparti sur toute la population.......

à écrit le 14/06/2024 à 23:14
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« l'ajustement le plus grand de l'histoire de l'humanité » Il serait pas Marseillais cet Argentin ?

à écrit le 14/06/2024 à 11:16
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Le problème de Millei, c'est que c'est un véritable danger en termes de libertés publiques et de droits sociaux. Un Trump qui fera particulièrement régresser les droits des femmes. Néanmoins sur le plan économique, force est de reconnaître qu'il a r...

à écrit le 14/06/2024 à 9:34
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Le système donne 800 millions au candidat "anti-systeme" LOL ! ^^

à écrit le 14/06/2024 à 8:57
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Plus de six décennies depuis Arturo Frondizi à recevoir des aides du FMI, malgré les refus de cette dernière d'accepter une répudiation des dettes odieuses contractées au prisme des bouleversements de son histoire mouvementée - tantôt gouvernée par l...

le 14/06/2024 à 9:56
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Oui, et la paupérisation va s'auto-alimenter car les jeunes Argentins ayant fait des études et prenant de plein fouet la politique de Milei ont généralement un passeport espagnol et l'Espagne va les accueillir à bras ouverts pour contrebalancer son d...

le 14/06/2024 à 13:59
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@o. Évidemment, logique, les plus diplômés auront toujours des débouchés que les classes populaires ne peuvent prétendre. Ce vaut aussi bien pour l'Argentine et la France. Comme tout autre pays sur le déclin!

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