Refroidi par l'instabilité politique, le CAC 40 signe sa pire semaine depuis deux ans

La Bourse de Paris a clôturé en forte baisse de 2,66% vendredi et chute de 6,23% sur la semaine, signant son pire bilan hebdomadaire depuis mars 2022, au moment de l'invasion russe en Ukraine.
La Bourse de Paris s'inquiète, vendredi 14 juin, des conséquences de l'instabilité politique en France à l'approche des élections législatives (image d'illustration).
La Bourse de Paris s'inquiète, vendredi 14 juin, des conséquences de l'instabilité politique en France à l'approche des élections législatives (image d'illustration). (Crédits : TIMM REICHERT)

[Article publié le vendredi 14 juin 2024 à 12h55 et mis à jour à 17h53] L'inquiétude est manifeste sur les marchés financiers. La Bourse de Paris s'enfonce dans le rouge, ce vendredi 14 juin, et a chuté de plus de 3% dans un contexte d'instabilité politique en France, et d'une éventuelle arrivée au gouvernement de l'extrême droite à l'issue des élections législatives. Elle signe ainsi sa pire semaine depuis mars 2022 (-6,23%).

A la clôture, l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, lâchait 2,66%, s'établissant à 7.492 points, signant sa pire baisse hebdomadaire depuis mars 2022, juste après l'invasion russe de l'Ukraine.

Parmi les principales Bourses européennes, toutes dans le rouge vendredi, le CAC 40 est le seul indice à avoir effacé ses gains depuis le début de l'année. En comparaison, depuis le début de l'année, les Bourses de Milan et de Francfort ont gagné plus de 7% et Londres plus de 5%.

Des programmes politiques qui ne plaisent pas aux marchés

L'issue des législatives anticipées en France, qui découlent de la dissolution surprise de l'Assemblée nationale après la poussée de l'extrême droite française aux élections européennes, inquiètent les investisseurs qui préfèrent délaisser les actions de la zone euro en attendant d'y voir plus clair.

Or pour le moment, entre baisse des taxes à l'extrême droite et abrogation de la réforme des retraite à gauche, les programmes économiques et financiers du Rassemblement national et du Nouveau front populaire ne sont pas de nature à plaire aux marchés.

A Paris, « la présentation du programme du Nouveau Front populaire a accentué la chute du marché d'actions et a mis sous tension le marché obligataire », a commenté Alexandre Baradez, responsable des analyses de marchés chez IG France. «Le volet fiscal fait surtout réagir les actions et l'aspect budgétaire fait réagir le marché obligataire souverain », a détaillé l'analyste.

« On voit que le bloc de gauche qui s'est mis en place, plus rapidement qu'on ne l'attendait, a désagréablement surpris les marchés parce que dans les premières lignes du programme un volet fiscal semble assez important, incluant par exemple le rétablissement de l'ISF » (impôt de solidarité sur la fortune), a expliqué Alexandre Baradez.

Une certitude cependant : la décision du président français, Emmanuel Macron, « augmente les incertitudes quant à la trajectoire future des finances publiques », souligne Tullia Bucco, économiste chez Unicredit. Ces inquiétudes grandissent « à un moment où le déficit est élevé et où le taux d'emprunt de l'Etat a déjà augmenté », rappelle Sylvain Bersinger, analyste chez Asterès.

Le « spread » avec l'Allemagne se creuse

Sur le marché obligataire, le taux d'intérêt des OAT françaises à dix ans s'établit à 3,12% vers 14H00 GMT (16 heures à Paris), mais son équivalent allemand, « valeurs refuges par excellence au sein de la zone euro », souligne Alexandre Baradez, analyste d'IG France, reculait plus fortement (2,35%), creusant encore plus l'écart entre les deux.

Cet écart entre les deux taux - ou « spread » - est un indicateur de mesure de la confiance des investisseurs dans la France et ses perspectives économiques de long terme. Il se situe vers 14H10 GMT à 0,76 point de pourcentage. Selon Bloomberg, son amplification sur la semaine est à ce stade la plus importante depuis 2011, au moment de la crise des dettes des Etats de la zone euro.

« Cet écart nous montre le degré de défiance vis-à-vis de la dette française par rapport à la dette allemande », or « plus cet écart s'agrandit et plus le marché d'actions baisse », a souligné Alexandre Baradez.

Lire aussiDissolution : la France est attaquée sur les marchés financiers

Bonne santé du marché américain

Outre-Atlantique, la Bourse de New York a ouvert en baisse, vendredi, opérant un mouvement de consolidation après une série de records, dans l'attente d'en savoir plus sur la trajectoire de l'économie américaine.

Vers 13H50 GMT (15h50 à Paris), le Dow Jones perdait 0,48%, l'indice Nasdaq rendait 0,08% et l'indice élargi S&P 500 se défaisait de 0,24%. Nasdaq et S&P 500 viennent d'enchaîner quatre records en clôture cette semaine.

Pétrole et euro en baisse

Les prix du pétrole remontaient la pente vers 14h05 GMT (16h05 à Paris). Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août gagnait 0,63%, à 83,27 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, à échéance en juillet, prenait 0,52% à 79,03 dollars.

Sur le marché des changes, l'euro reculait de 0,60% par rapport au dollar à 1,0672 dollar pour un euro. Depuis le début de la semaine, l'euro a perdu 1,19% de sa valeur face au dollar.

L'inflation repart légèrement à la hausse en mai dans l'Hexagone

L'inflation ne fléchit plus, elle repart même légèrement à la hausse en France. L'augmentation des prix s'est établie à 2,3% en mai, en hausse de 0,1 point par rapport à avril, selon un communiqué publié par l'Insee, ce vendredi.

« Cette légère hausse de l'inflation résulte d'une nouvelle accélération sur un an des prix de l'énergie » et des prix de l'alimentation, alors que les prix des services ralentissent, précise l'institut.

 (Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 15/06/2024 à 11:44
Signaler
- 6%? Toujours pas de quoi "fouetter un chat"!

à écrit le 15/06/2024 à 10:49
Signaler
La main mise des lobbys sur les politiciens européistes leur donnait beaucoup trop d'enthousiasme aux marchés financiers générant des bulles spéculatives démentes tandis que l'économie s'écroule, le litre d'essence au plus haut tandis qu'ils sont en ...

à écrit le 14/06/2024 à 19:24
Signaler
Bonjour, bon les marchés s'inquiète... Mais avant toute chose le parlement français était instable depuis la dernière élection... D'ici 15 jours, nous aurons trois situation possible... Majorité de la gauche. Majorité de l'extrême droite. Aucune...

à écrit le 14/06/2024 à 18:26
Signaler
- 3%? Toujours pas de quoi "fouetter un chat" et de toute manière le marché français est largement surévalué.

le 15/06/2024 à 20:02
Signaler
Plus de 6% en une semaine, le CAC est revenu au niveau où il était en janvier. Et ce n'est pas fini !

à écrit le 14/06/2024 à 17:48
Signaler
C'est le moment d'investir ! De belles plus value en perspective d'ici quelques mois.

le 14/06/2024 à 18:31
Signaler
Il faut investir s'il y a un crack et si les perspectives d'avenir sont bonnes. Là çà peut baisser bien d'avantage et on ne sait pas si ce ne sera pas pire après.

à écrit le 14/06/2024 à 17:37
Signaler
"La Bourse de Paris plonge de plus de 3% en proie à l'instabilité politique" Y a rien! Le CAC 40 n'est qu'à -7,26 % de son plus haut historique. Les soldes c'est à partir de -20 % pour la 1ère démarque.

à écrit le 14/06/2024 à 13:37
Signaler
"Bonne santé du marché américain, super"!🤔 Lorsqu'on souhaite doper ses bonus, mieux vaut relativiser les risques du marché auxquels sont confrontés les pigeonneaux. Ceci étant précisé, tout irait bien, alors dormons tranquille, à moins que (avec cha...

à écrit le 14/06/2024 à 13:08
Signaler
Thierry Breton nous dit que cela ne changera pas grand chose pourtant. Je pense qu'ils sont surtout inquiets d'être inquiets.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.