Duralex : soulagement pour la verrerie française, la justice accorde un délai supplémentaire aux potentiels repreneurs

Le tribunal de commerce d'Orléans a annoncé mercredi qu'il accordait un délai supplémentaire de trois semaines aux potentiels repreneurs de Duralex. Mardi, la verrerie a étudié quatre lettres d'intention reçues en vue de la reprise de l'entreprise.
L'entreprise a d'abord subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022.
L'entreprise a d'abord subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022. (Crédits : Reuters)

Voilà de quoi respirer... du moins pour quelques semaines. Mercredi, le tribunal de commerce d'Orléans a accordé un délai supplémentaire de trois semaines aux potentiels repreneurs de Duralex, a annoncé le secrétaire du CSE de l'entreprise de verrerie française en redressement judiciaire.

La décision du tribunal, au terme d'une audience à huis clos dans l'après-midi, fait suite à une demande des syndicats de l'entreprise après l'étude - mardi lors d'une réunion extraordinaire du comité social d'entreprise (CSE) - de quatre lettres d'intention reçues par la société.

« On a obtenu un report du dépôt d'offres au 28 juin à 18h00 ainsi qu'une prochaine audience au tribunal de commerce le 17 juillet », a indiqué aux médias à l'issue de l'audience le secrétaire du CSE de Duralex, Vasco Da Silva.

Jusqu'à la date butoir fixée par le tribunal, de nouvelles offres peuvent ainsi être déposées auprès de l'entreprise.

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Quatre propositions de rachat

Parmi les quatre propositions étudiées mardi lors de la réunion extraordinaire du CSE au siège de Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), figurent deux banques, un fonds d'investissement ainsi qu'une société coopérative et participative (Scop), dans laquelle près de 130 salariés se sont déclarés prêts à mettre 500 euros.

Mais « pour l'instant, aucune des offres n'est complète, sérieuse ou aboutie », a indiqué mardi une source syndicale auprès de l'AFP, estimant que seule la Scop permettrait, pour l'heure, de « reprendre tous les actifs sociaux et maintenir l'ensemble des 227 emplois » de l'entreprise.

« Tout ce qu'on souhaite, c'est une reprise avec tous les salariés et dans les meilleures conditions possibles », a souligné Vasco Da Silva, avant de préciser que les syndicats n'ont, à l'heure actuelle, aucune information sur l'identité des repreneurs potentiels. Si la CFDT et le secrétaire du CSE de Duralex ont affirmé soutenir le projet de Scop porté par une partie des salariés de la verrerie, seule une offre industrielle permettrait une continuité de la production de l'entreprise.

Deux options s'offrent désormais à la verrerie pour son avenir : soit Duralex a les moyens de poursuivre son activité et celle-ci se dirige vers une cession, soit il faudra envisager une liquidation. « On espère avoir le moins de casse sociale possible », a déclaré un représentant syndical, soulignant que les salariés « commençaient à avoir l'habitude de ce type de situation ».

De son côté, le gouvernement a assuré « être prêt à accompagner Duralex (si) une offre de reprise solide émerge ».

Victime de la crise de l'énergie

Fin avril, la mythique verrerie avait pris de court salariés, organisations syndicales et responsables publics en demandant une nouvelle fois à être placée en redressement judiciaire, trois ans après une précédente procédure. Le tribunal, qui avait accepté la demande, avait alors nommé un mandataire judiciaire et deux administrateurs judiciaires pour une période d'observation de six mois.

Mais les difficultés que rencontre l'entreprise de verrerie ne sont pas nouvelles. « Duralex est en difficulté depuis pas mal d'années », concédait ainsi la nouvelle PDG de l'entreprise, Géraldine Fiacre, dans un entretien au quotidien régional La République du Centre fin avril. « En 2021, nous avions un beau projet verrier, mais la crise énergétique a été le plus gros frein qui a entraîné la mise en veille du four », expliquait-elle, ajoutant qu'en 2023, l'entreprise a « subi une forte chute de la consommation ».

L'entreprise a, en effet, subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022. Elle avait été sauvée temporairement la même année par un prêt de 15 millions d'euros de l'État, qui lui avait permis de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture. Mais dès 2023, de nouvelles difficultés ont émergé, que la direction attribue à l'inflation, à un environnement de consommation « en fort retrait » et à une « concurrence exacerbée ». En outre, Duralex a été condamnée à payer les droits à polluer de son ancien exploitant. Ce jugement « rendu mi-mars », contre lequel la société a annoncé son intention de faire appel, « compromet sérieusement la santé financière de NDI et sa capacité à maintenir ses activités de manière durable », avait-elle indiqué.

Atouts significatifs

Affaibli, Duralex dispose néanmoins d'atouts significatifs : à commencer par un savoir-faire reconnu et unique. Fondée en 1945 par Saint-Gobain, la marque fait partie intégrante du patrimoine industriel français et devrait ainsi ne pas manquer de postulants, d'après un expert du secteur de la verrerie.

Elle dispose aussi d'une notoriété nationale et internationale. Verres des restaurants scolaires, mais aussi objets design de la boutique du MoMA de New York, contenants à whisky pour James Bond dans Skyfall, ses créations sont connues dans le monde entier.

Commentaire 1
à écrit le 06/06/2024 à 20:49
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Duralex est la filiale d'un groupe étranger.

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